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La date/heure actuelle est Mar 7 Mai - 23:46

48 résultats trouvés pour culpabilité

Valerio Varesi

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 51z-dq11

Ca y est, je l'ai lu, ce fleuve des brumes.

Deux frères disparus à quelques jours d'intervalle, l'un volatilisé tandis que sa péniche naviguait toute seule sur le fleuve, l'autre défenestré, voilà qui a de quoi intriguer le commissaire Soneri...
Le Pô est en crue, la vie semble s'arrêter, et le commissaire navigue à vue dans les plaines brumeuses, à la recherche d'il ne sait trop quoi... Il rôde dans les parages d'un cercle nautique dont les membres semblent en savoir long sur les secrets de la région. Mais ce sont des taiseux, et ils sont coriaces... Alors le commissaire traîne son spleen, se régale dans les auberges, évite ou étreint sa volcanique compagne, et attend, encore et encore, qu'enfin les langues se délient.

Comme l'a justement dit Silou, Les brumes du fleuves est un roman d'atmosphère et non un thriller. Mais c'est ce que j'aime, quand les choses prennent leur temps, que le décor se construit peu à peu, et qu'il y a de la place pour la subtilité. Cette fois, ce sont les plaies non cicatrisées du fascisme qui sont au coeur du récit, avec leur cortège de douleurs, de haine, et de remords aussi, parfois.

J'ai vraiment bien aimé l'ambiance de ce polar, que j'ai lu avec plaisir, même si j'avoue avoir été un chouilla déçue par la fin, qu'on sentait venir depuis très longtemps. Sans demander de spectaculaires révélations (encore une fois, on n'est pas dans un thriller), j'aurais aimé un petit quelque chose en plus, une nouvelle clé de compréhension, un peu d'inattendu. Cela dit, cette légère déconvenue n'a en rien entamé mon envie de poursuivre plus avant la découverte de l'auteur, d'autant plus que son petit dernier est à la médiathèque...

Merci Silou !


mots-clés : #culpabilité #lieu #polar
par Armor
le Jeu 6 Sep - 21:51
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Valerio Varesi
Réponses: 55
Vues: 5831

Robert Penn Warren

Tous les hommes du roi

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 Proxy_31

Après tant de mois, j'y étais enfin. Car rien ne se perd, rien ne se perd jamais. Il y a toujours un indice, une facture, une marque de rouge à lèvres, une empreinte de pied dans la plantation, un préservatif sur le sentier du parc, une vieille blessure qui lance, un souvenir d'enfance, une infection dans le sang. Et le passé, le présent et le futur ne sont qu'un seul et même temps, et les morts n'ont jamais vécu avant que nous leur donnions vie, et leurs yeux, au-delà des ténèbres, nous implorent.


Que voilà un roman majestueux, virtuose, prolifique! Un roman noir qui emprunte au meilleur du genre, ses politiques véreux mais pathétiques, suant dans leurs costumes  élégants, ses petits malfrat obéissant dans la chaleur humide du Sud, où il ferait si bon boire et fumer sur les vérandas, si seulement la vie décidait d'être douce et simple, si seulement ces personnages crapuleux n'étaient pas aussi des hommes souffrants... Mais non, l'homme est par nature tourmenté, ballotté par la douloureuse splendeur du ballet de ses sentiments, désespéré de trouver un sens à la vie, une réponse aux aspirations de l'enfant qu'il était, de se définir en tant qu'individu cohérent, de dénouer l’inextricable nœud des responsabilités.

Racontée depuis les temps tardifs de l'apaisement, cette tragédie digne des Atrides nourrit un grand roman des illusions perdues, disserte sur le bien et le mal, la pureté impossible et la rédemption interdite.

C'est jack Burden qui raconte, Jack qui est celui qui ne se salit pas les mains, ou y croit, en tout cas.

il a dit que si le monde était  un tas d'ordures, l'homme, pour sa part, n'avait pas à l'être.


Tout à la fois journaliste et historien il  va comprendre que la quête de la Vérité ne suffit à sauver le monde :  "L'ignorance, c’est le bonheur".

Mais le monde est une gigantesque boule de neige qui dévale une montagne, et jamais on ne la voit remonter la pente pour revenir à l'état de flocons, à l'état de rien.


Car oui,  aussi : "La connaissance c'est le pouvoir", c'est ce qu'a compris Willy Stark, dont il est le bras droit, un "grand couillon naïf" parti de rien et devenu  Gouverneur "intense, inquisiteur, exigeant",  un populiste adulé par les petits, qui sait corrompre, asservir, terroriser.

-Tu as cru que tu pouvais me rouler...faire en sorte que je l'achète. Eh bien je ne vais pas l'acheter! Je vais l'écraser! J'ai déjà acheté trop de fils de pute. Si tu les écrases, au moins ils ne mouftent plus, mais quand tu les achètes, impossible de savoir combien de temps ils vont rester à ta botte.


Ces deux hommes pleins d'estime l'un pour l'autre dans leurs différences,versions pile et face de l'espèce humaine, se répondent en fait comme deux miroirs face à face, et ces miroirs mettent en lumière leurs ambiguïtés. Racontant Willy Stark, Jack Burden se dévoile, solitaire crâneur, homme d'amour et d'amitié, fils orphelin, il  pêche à la fontaine du souvenir , car tout se tient,  "c'est uniquement avec le passé que se forge le futur"

Il y a ce récit tragique aux accents déchirants, ces héros haïssables et qu'on aime pourtant, fasciné, charmé. Il y a aussi l'inventivité, l'acuité, le lyrisme de l'écriture de Robert Penn Warren, tout à la fois sensuelle et vigoureuse, patiente, attentionnée, liquide.  Il y a les pièces du puzzle patiemment accolées, les allers et retours, les chemins transversaux. Il y a les leitmotivs, les réminiscences obsédantes,. il y a les métaphores, leur pertinence, leur sensualité, leur poésie.

Le monde entier, les troncs nus des autres arbres, qui avaient perdu leurs feuilles désormais, le toit des maisons et même le ciel lui-même avaient un air pâle, lavé, soulagé, similaire à celui que peut avoir un homme souffrant d'une longue maladie qui se sent mieux et pense qu'il va peut-être guérir.


Il y a une lectrice comblée.




Ton Ami de Jeunesse est le seul ami que tu auras vraiment, car il ne te voit pas tel que tu es. Dans son esprit, il voit un visage qui n'existe plus, prononce un nom - Spike, Bud, Snip, Red, Rutsky, Jack, Dave - qui appartient à ce visage sans existence, mais qui, par quelque confusion absurde et sénile de l'univers, se rattache maintenant à un étranger ennuyeux qu'on regrette d'avoir rencontré. Mais il se plie à cette confusion sénile, incontinente, de l'univers et continue d'appeler ce pénible étranger par le nom qui n'appartient vraiment qu'à ce jeune visage d'autrefois, à l'époque où sa jeune voix appelait faiblement par-dessus le fruit des flots en fin d'après-midi, murmurait la nuit près d'un feu de camp, ou disait au milieu d'une rue bondée : « Oh, écoute un peu ça : « Aux confins du Welnlok, anxieuse est la forêt... Le Wrekin a gonflé  sa haute toison d'arbres » » Ton Ami de Jeunesse ne reste un ami que parce qu'il ne te voit plus.


Mots-clés : #amitié #amour #corruption #culpabilité #identite #relationenfantparent #trahison
par topocl
le Lun 9 Juil - 21:36
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Robert Penn Warren
Réponses: 24
Vues: 2269

Arthur Schnitzler

Vienne au crépuscule

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 Proxy_21

Nous sommes dans les salons viennois de la fin du XIXème siècle, les salons où l'on cause, où l'on brille. Toute cette superficialité pare "agréablement" l'écrasante victoire d'une caste arrogante (je m'y suis beaucoup perdue, dans les 150 premières pages, impossible de savoir qui est qui dans cet entrecroisement mondain d'Ehrenberg, de Nurnberger, d'Oberger).

Les juifs, sourire crispé ou rictus effrayé, aveugles ou clairvoyants, mais humiliés toujours, croient encore (pour certains) pouvoir échapper à leur sort par l'assimilation ou le sionisme. Les femmes papillonnent, les jeunes filles attendent le mari, les jeunes hommes, libérés des soucis matériels, écrivent ou composent, voyagent (ah ! Le voyage en Italie !), prennent les femmes comme d'aimables êtres jetables : les utilisent, les échanges, les négligent, les abandonnent…

Bien des façons de se livrer à ce petit jeu : avec la distinction forcenée du jeune Georges von Wergenthin , Monsieur le Baron, avec l'ironie mordante et désespérée  de Nurnberger, avec le désespoir défaitiste et égocentré de Bermann. Tous se cachent derrière leur bons mots, leur haute opinion d'eux-mêmes, leurs hautes aspirations. Quel égoïsme, quelle autosatisfaction (mon dieu, que la vie leur est compliquée!). Ce sont d'infâmes mâles imbus d'eux-mêmes, persuadés de leur bon droit et de leur raffinement.

C'est assez bavard et souvent ennuyeux, et ma lecture fut laborieuse, mais il y aussi de bons moments, et peu à peu s'est dévoilée une réflexion sur la destinée au sein de cette  société infatuée qu'on voudrait agonisante.  Le décorticage méticuleux  de la nature humaine et notamment masculine finit par déclencher un certain dégoût. Ces homme sont des porcs croisés de paons : parés,  artistes et intellectuels, c'est à dire soi-disant pensants et pleins de sensibilité, ils  se délectent dans une perpétuelle introspection déculpabilisante, qu'ils croient raffinée, mais qui est  en fait bornée, condescendante  et  auto-satisfaite.


Mots-clés : #antisémitisme #conditionfeminine #culpabilité #historique #initiatique #lieu #psychologique #xixesiecle
par topocl
le Sam 30 Juin - 16:30
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Arthur Schnitzler
Réponses: 5
Vues: 1681

Philippe Claudel

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 Cvt_la10

L’Archipel du Chien


Originale: Français, 2018

CONTENU :
Une île assez éloigné dans l’Archipel du Chien, une petite société vivant de la pêche, les vignes, les plantations d’olives et des câpres. Et la vie tranquille est chamboulée un jour quand trois cadavres échouent sur la plage. D’un coup un noyau de gens, représentant la communauté insulaire, est confronté avec des choix qui vont revéler leur nature. Quoi faire avec ces corps, qui vont, sinon, mettre en question un projet d’installation d’un centre thermal et salir la réputation de l’île ? Des opinions divergent, des scrupules et l’absence de celles-ci se confrontent. Comment cela va continuer ?

REMARQUES :
Dans un sens strict on n’arriverait pas à localiser géographiquemment les lieux. L’auteur se sert d’éléments de la réalité et d’un monde de fable. Néanmoins certaines caractérisations pourraient s’appliquer sur les îles Canaries (tirant son nom de Canes = chien). Aussi, c’est là que dans un certain sens ont débuté les premiers signes d’une fuite massives de réfugiés et où ont échoué des cadavres de naufragés...

Mais dans des premières pages d’une fureur splendide, le narrateur mystérieux ; témoin, ni homme, ni femme (mais rappelant un ange ? Ou un coeur grecque de tragédie?) s’adressent à tous, car « tout cela aurait pu se passer n’importe où, hier, il y a un an ou aujourd’hui ». Et alors c’est à nous qu’on devrait appliquer « la morale de l’histoire, ayant une sorte de valeur universelle.

La communauté insulaire, vivant dans une sorte de tranquillité isolée (ou un isolement tranquille?!) est bouleversé par l’apparition de ces trois cadavres. Mise en question de nos projets, de notre tranquillité ? Est-ce que cela va mettre la puce à l’oreille aux investisseurs qu’il faudra pour financer le projet d’une station thérmale ? Et voilà que les sept témoins sans noms (appelé par leur fonction ou un trait de caractère) forment une communauté unie par un but ?! Mené par le maire ils décident quoi faire. Juste le jeune instituteur, étant arrivé récemment lui-même aussi de l’extérieur, reste sceptique, s’oppose un peu. Est-il bien le seul à vouloir savoir « la vérité » ?

Devant certains événements les personnes dans les romans de Claudel sont souvent mis devant leur vérité, une d’obscurité, de petitesse. Parfois il semble que ce livre est traversé par une sorte de pessimisme, surtout dans le comportement face à l’étranger, à l’Autre, pas seulement réprésenté par les trois réfugiés échoués mais aussi par l’instit d’ailleurs. Et on peut se demander si l’Autre est forcemùent plus sensible pour pour l’injustice ? Quelle institution : la foi, la raison, le pouvoir, discerne le bien et agit ? Comment foctionne des mécanismes d’auto-défense, de constitution de groupe qui refusent la part de responsabilité mais cherchent à culbabiliser l’autre ? Mais aussi : est-ce que le refus de l’Autre est finalement refus de moi-même et mène vers l’autodestrcution ???

Peut-être certains mécanismes seront typés, comme aussi les personnes sans noms. Parfois peut-être trop évident ce que l’auteur suggère ?

Le lecteur de Claudel retrouvera certains sujets. Je me sentais fortement rappelé au « Rapport de Brodeck ». Aussi, dans un certain sens, on pourrait parler d’une prolongation de la trilogie sur les génocides, car ici, le génocide des temps modernes, c’est bien à la face du monde et à notre grande connaissance, celui envers des réfugiés qu’on laisse tranquillement mourir dans la Méditerranée et ailleurs… Et notre façon de faire sera un jugement de nous-mêmes et de notre avenir...

Remarquable !

mots-clés : #contemporain #culpabilité #immigration #polar
par tom léo
le Mar 19 Juin - 16:00
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Philippe Claudel
Réponses: 75
Vues: 5149

Carsten Jensen

La première pierre

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 Cvt_la10

Dans la Zone Noire, la panique vous envahira, et quand la plupart d'entre vous crieront qu'ils n'en peuvent plus, ils n'auront encore rien vu. Vous serez  sur le point de vous écrouler. C'est comme ça, c'est dur. Et quand vous aurez le goût du sang dans la bouche et que votre coeur cognera dans vos oreilles -, ce sera le signe que, maintenant, tout est sur le point de commencer.


Cela commence comme un classique (bon) roman de guerre, . Basés à à Camp Price, dans le désert d'Afghanistan, paysage aussi splendide qu'inhospitalier, les soldats danois de la troisième section sont gonflés à bloc, sûrs de leur probité. Ils traînent les histoires personnelles qui les ont amenés ici. ils s'ennuient souvent, sont envoyés en patrouille, se livrent à des attaques protégées par la force  aérienne. Il croient fraterniser avec la population. Ils sont convaincus de leur mission, même si parfois des loupés et des "dommages collatéraux"  génèrent des états d'âme.

Maintenant, c'est pour de vrai, pensent-t-ils. Et, plein d'espoir, ils cils comptent les battements de leur cœur.


Et puis, il y a l'ignoble trahison, et la troisième section pète un câble, se soustrait à l'autorité, est prête à tout pour livrer sa vengeance. Et là, il s'avère que la guerre, c'est beaucoup plus compliqué. Les ennemis sont complexes : ces humains qui ont vécu toute leur existence entière dans un pays en guerre, cruel et imprévisible. Ils défient toute compréhension avec leurs croyances, leurs divergences et leurs fidélités; les relations des populations locales avec les talibans, le rôle des chefs de guerre sont insaisissables pour l'observateur occidental naïf. Et s'en mêlent l'armée américaine, les soldats britanniques, les milices, les sociétés mercenaires, les renseignements danois, les technologies de pointe … Cela devient une sacrée débandade, une marche forcée obsessionnelle où il faut sauver sa peau coûte que coûte.

Et justement, cela coûte très cher. Il n'y a plus aucun repère, plus de bien ni de mal, plus de vrai ni de faux, plus de civilisation ni de barbarie, plus d'amis ou d'ennemis reconnaissables. Ils n'ont plus aucune certitude, le monde n'est plus que questions et danger.Ils n'ont d'autre option que d'avancer dans cette vertigineuse descente aux enfers, guidés par le radar de la survie, ballottés dans une cascade de choix de Sophie. On assiste à une effroyable escalade de la violence (Jensen ne lésine pas, il faut bien le savoir), de non-sens, une absolue perte de contrôle. La guerre n'est plus une stratégie sérieuse qui répond à des lois, c'est  une immense manipulation, un jeu vidéo géant,   dont nul ne connaît plus les limites.

- Tu as vu tous ces murs en Afghanistan ? - ce n'est pas une question, il continue : ils tiennent depuis deux mille ans et ils seront toujours debout dans deux mille ans. Nous nous vantons d'avoir inventé les armes avec lesquelles ils nous tirent dessus. Les mines, les mortiers, tout cela vient de chez nous. Les télécommandes qui permettent de déclencher les bombes à distance. Leurs communications par radio. Oui, nous sommes supérieurs par notre technologie et notre savoir. Nous le pensons, en tout cas. Mais ne serait-ce pas l'inverse ? Notre science ne serait-elle pas une preuve de notre bêtise ? Quel est le résultat de tous nos efforts, de toutes nos actions ? Un bouleversement climatique qui va nous emporter tous. Mais pas les Afghans. Ils survivent depuis 2deux mille ans. Ils survivront deux mille ans de plus. Le désert partout, des températures astronomiques, pas de pluie. Depuis longtemps ils ont appris à vivre avec. Dans le futur ils n'auront pas besoin de nos armes, de nos roquettes  ou de nos mines. Nous  nous trainerons comme des lépreux au pied de leurs murs et nous jetterons sur leur poubelle comme des chacals. À la fin, les Afghans seront vainqueurs.



Ce roman est terrible car il est parfaitement maîtrisé, contrôlé, s'appuyant sur  quarante ans d'expérience de l'auteur en Afghanistan. C'est un triller parfait sans relâche, sans temps mort, sans concession au politiquement correct, avec une écriture, dense, implacable, chirurgicale (âmes sensibles s'abstenir). Chaque personnage se déploie, dans l'enchevêtrement de ses contradictions, et je me suis curieusement  totalement  identifiée à ces personnages pourtant si différents de moi, aux aspirations et à la vie si étrangères à  la mienne qui voient s'écrouler leur monde fantasmatique au profit de la réalité de la guerre dans cette espèce de tourbillon de folie et de violence où les circonstances les entraînent. Ils sont médusés, annihilés. Ils n’abandonnent pas leurs illusions , ce sont leurs illusions qui les abandonnent. Il est ridicule de dire qu'ils ne rentreront pas indemnes : en fait ils ne rentreront pas, ils abandonneront derrière eux leur peau originelle. Ce monde est si terrible qu'il n'existe que peu de mots pour le décrire - cependant Carsten Jensen a réussi  à en faire ce roman  impitoyable dont on sort un peu dévasté par sa propre ignorance, son impuissance et le caractère dérisoire de ses propres petits problèmes.

(et on ajoute trahison  Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 1384701150 ?)

mots-clés : #aventure #culpabilité #guerre #psychologique #vengeance #violence
par topocl
le Ven 11 Mai - 19:51
 
Rechercher dans: Écrivains de Scandinavie
Sujet: Carsten Jensen
Réponses: 5
Vues: 984

Vasil Bykaŭ (Vassil Bykov)

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 Image10

La traque

Originale : Аблава (Biélorusse, 1986) ; Облава (Russe, 1986)

CONTENU :
Un homme retourne dans son pays natal, son village de naissance. C'est l'automne, on se trouve au milieu des années 30 dans l'Ouest de la République biélorusse, pas très loin de la frontière polonaise. Après cinq années dans un camp, d'abord en compagnie avec sa femme et leur fille, il réussi maintenant à la troisième tentative la fuite et retourne à pied et en cachette les mille kilomètres vers sa maison. Peu de jours se déroulent dans la narration chronologique : il est irrésistiblement attiré par les environs de ses origines tout en sachant qu'il ne pourra pas se montrer.

Tandisqu'il se cache et cherche quelque chose à manger, les souvenirs reviennent avec force : sa vie autrefois dans le village, l'amélioration des circonstances matérielles grâce à la terre qui lui fut assignée lors de la redistribution des terrains, sa femme, leurs enfants, puis le reproche d'être « Koulak » (parce qu'il était plus travailleur?), la trahison par des proches, des voisins et enfin le bannissement : cinq années dans un camp avec, au bout, la perte de sa femme et de leur enfant avant de ne s'échapper lui-même.

Et maintenant, de retour, il est attiré et paralysé à la fois. Comment cela va finir ?

REMARQUES :
Le titre du livre en diverses langues est emprunté du titre du cinquième et dernier chapitre ; ce titre pourrait créer des malentendus, même si l'histoire va mener vers cette fin... Les premiers chapitres sont sous le signe du retour du fugitif dans son village natale et à une vie cachée, secrète en marge de ce village. Au même moment avec la description de cette vie en fuite, Fédor est sousmergé par les souvenirs de tout ce qui a mené vers cette situation. Il est vrai qu'il y a déjà un espèce d'avant-goût dramatique sur ces premiers pages, mais l'auteur raconte d'une façon calme, très humain de la vie du protagoniste. Il semble qu'il avait connu seulement des échecs, des deceptions. Néanmoins il lui manque la dernière toute grande amertume, haine, et il trouve même des fois des justifications pour ce qui n'est pas justifiable (besoin tout humain de raisons plus ou moins objectives pour l'injustice subie?). Ainsi le « présent » et les souvenirs et descriptions du passé s'alternent.

En lui il y a comme un soif de voir « une âme vivante » dans cette région qui pourrait fatalement lui presque seulement apporter du malheur. Cherchant presque le danger il est attiré comme par un aimant par ce village et les alentours : il n'y a pas d'endroit où aller. Face à l'injustice subie, comment ne pas se poser les vieilles, grandes questions humaines : D'où nous vient cela ? Pourquoi moi ? Est-ce que primairement je me suis rendu coupable moi-même ? Ou est-ce qu'il y a injustice, une innocence ?

Il semble que dans la plupart des livres de l'auteur il s'agit du destins d'individus dans la Grande Guerre qu'il avait vécu lui-même comme partisan et soldat activement. Ici par contre il suit de très près la vie de quelqu'un qui fut visiblement une victime de la politique de Staline, de l'opération de la « dékoulakisation » (voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9koulakisation ). Est-ce que notre Fédor était tout simplement un paysan bon travailleur qui fut victime de jalousie et envie ? Cette politique a mené apparemment vers la méfiance, une solidarité manquante et une culture profonde de peur. Toujours est-il qu'il était avec sa famille envoyé au camp.

L'homme est victime de la mechanceté de l'homme, de la guerre, de la dictature – et Bykau trouve des mots très précis et clairs (vus les circonstances dans lesquelles il écrivit) pour dénoncer et décrire les erreurs du système. Il s'est demandé apparement, comme un commentaire le disait, « si la bonté a encore une place dans le monde ». Ainsi à coté d'une dénonciation (politique) il y a quand même un profond humanisme qui trouve une expression chez lui.

Pour moi une belle découverte. Un auteur qui n'est peut-être plus au premier plan (comme par exemple en Allemagne un Heinrich Böll), mais qui valait la peine d'être lu.

mots-clés : #captivite #culpabilité #regimeautoritaire
par tom léo
le Ven 27 Avr - 22:35
 
Rechercher dans: Écrivains d'Europe centrale et orientale
Sujet: Vasil Bykaŭ (Vassil Bykov)
Réponses: 7
Vues: 1095

Sorj Chalandon

Le jour d'avant

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 Cvt_le11

Quarante ans après la catastrophe minière se Saint-Amé, Michel revient dans son village natal pour venger son frère qui y a trouvé la mort. On ne peut pas en dire plus de l'intrigue, qui tient surtout aux coups de théâtre, révélations et changements de cap qui vont apparaître au cours de l'enquête et du procès.

C'est du vrai Chalandon, celui qui traine toute la misère du monde sur ses épaules, logé à l'Auberge de la Fraternité Trahie et du Prolétariat Humilié. Chalandon qui creuse son sillon, tout à la fois appliqué et inspiré, n'hésitant pas à y revenir pour enfoncer son clou. Chalandon fidèle à son message, à ses phrases brèves qui pèsent 100 tonnes, qui ne lésine pas avec le souffle romanesque. Et arrive, ainsi à vous embarquer malgré vos réticences.

Car l'Impression globale est finalement plutôt bonne pour ce montage, parlant et astucieux, trouvant son apothéose dans deux splendides  plaidoiries contradictoires, pour dénoncer  brillamment la responsabilité des Houillères du Nord dans cette catastrophe qui a fait 42 morts. Il n'en demeure pas moins que  pendant les 2 premiers tiers de la lecture, je me suis sentie patauger dans une certaine déception, face à un récit assez convenu (auquel  les fameuses révélations vont donner son originalité), un peu malsain dans ses incohérences, (lesquelles vont également s'éclairer), parsemé de coïncidences très coïncidentes et de hasard  peu hasardeux (était-il bien utile que l'avocate ait les traits de la merveilleuse femme décédée  de Michel ?).

Livre refermé, je me suis dit que l'erreur était peut-être de faire raconter l'histoire par Michel lui-même, que le récit aurait pu gagner en finesse, moins outrageusement piéger le lecteur, s'il avait été fait par un tiers extérieur.

Ces réserves faites, et une fois accepté que Chalandon est un pur, un dur, pas vraiment drôle, il y a ici de quoi trouver quelque bonheur , dans un livre qui n'est pas dans les meilleurs, mais pas dans les pires non plus de son auteur.
Bien qu'il soit parfaitement écrit, la place faite aux dialogues, à la mise en place de la procédure d'incarcération, et à la machine judiciaire, laisse présager la possibilité d'un film assez prochain, qui pourrait peut-être, une fois n'est pas coutume, être meilleur que le livre.

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mots-clés : #culpabilité #justice #lieu #mondedutravail #psychologique #vengeance
par topocl
le Dim 18 Mar - 10:33
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Sorj Chalandon
Réponses: 6
Vues: 1248

Jaume Cabré

Tag culpabilité sur Des Choses à lire - Page 3 51qlyx10

Confiteor

Avec quelle habileté l'auteur lie les évènements du passé et du présent, interférant dans la lettre testament du narrateur(Adrià) à son fils.

Dans ce récit le destin des personnages est dévoilé grâce à l'âme des objets, textes anciens, dont la rareté les rend unique,   arrachés, pas toujours honnêtement par les protagonistes, et récupérés par Félix Averdol le père d'Adria.

Deux phrases illustrent la situation de l'enfant Adrià : " Ce n'est que hier soir, alors que je marchais dans les rues trempées de Vallcarca, que j'ai compris que naître dans cette famille avait été une erreur impardonnable. "

"Ce qui me pesait chez papa c'est qu'il savait seulement que j'étais son fils. Il n'avait pas encore compris que j'étais un enfant."

Pas étonnant que cet enfant, aussi doué fut-il et il l' était, ait choisi pour soutiens et  confidents deux jouets : le chef indien Aigle-Noir et le Shériff Carson (bravoure et sagesse)

En exergue de ce premier chapitre, ce pourrait-être le sentiment de l'enfant : "Je sera rien" Carles Camps Mundo

C'est le père d'Adria qui choisit l'éducation qui convient à son fils (lequel doit faire mieux que tous parce qu'il le peut et que son père le veut) effacement de la mère qui doit s'incliner.

Au fil des études d'Adria, de ses sentiments se révèle une vérité pas toujours comprise par l'enfant mais qui découvre l'homme qu'est Félix Ardèvol, le père. Un homme qui a épousé par intérêt la fille d' un paléographe, qui dans sa jeunesse a été indigne, adulte ignoble et dont la veuve demandera des années durant, la tête de l'homme qui l'a assassiné en le décapitant  (a capite)

Adrià apprend aussi le violon, mais ce n'est qu'à l'adolescence qu'il consentira à jouer devant un public.

j'ai dressé la chronologie de certains faits qui facilitent le suivi des choses et personnages

vers 1400 frère Julia de Sau (ex Fra Miquel moine hérétique  dernier vivant du monastère Sant Pere del Burgal (assassiné) avait en sa possession l'acte fondateur du monastère que récupèrera des siècles plus tard Félix Ardèvol

1690 Jachiam Mureda de Pardac tue Bulchanij Brocia incendiaire de la forêt et s'enfuit emportant le médaillon que lui donne sa petite soeur Bettina (médaillon de leur mère, représentant Santa maria dai Ciüf (médaille de Pardac)

Quelques années après Jachiam retourne à Pardac portant un chargement de bois d'érable et d'un autre bois noble, dans lesquels Lorenzo Storioni confectionnera son premier violon dénommé Vial (c'est une autre histoire d'assassinat) qui sera plusieurs siècles plus tard l'une des pièces de Félix Ardèvol

en 1918 alors qu'il est étudiant à Rome (ecclésiastique) Félix tombe amoureux de Carolina qui lui offre la médaille de Pardac héritée de son oncle (nous saurons certainement plus tard ce qu'il est advenu de Carolina)

à l'âge de 40 ans Félix Ardèvol se marie avec Carme Bosh ils ont un enfant, le narrateur Adria. J'ai aussi relevé dans l'écriture une récurrence ; il fait une description (n'importe le sujet) en tant que spectateur  aussitôt suivie d'une en tant qu'acteur (j'espère que vous me comprendrez avec cet exemple)

"Adrià était très content de connaître le cadre de vie de cette fille qui lui entrait dans la peau........"Et la chambre de Sara était plus grande que la mienne..."

une autre manière de liaison.

Après la disparition du père d'Adrià, une jeune femme (Danièla) se présente au domicile de la famille Averdol, elle revendique une part d'héritage, c'est la fille que Carolina a eu de Félix Averdol alors qu'il étudiait à Rome, et qu'il a lâchement abandonnée.

Adrià à présent âgé de 20 ans ne souhaite pas exercer en tant que violoniste, au grand dam de sa mère, il veut continuer à étudier et devenir "philosophe de la culture" comme il l'avait annoncé à l'un de ses camarades. Son amitié avec Bernat se poursuit, ils ont besoin l'un de l'autre, une amitié orageuse certes, mais quoi de plus beau quand l'un console l'autre en lui jouant un morceau au violon ?

Par sa demi-soeur, Adrià prend connaissance d'une personnalité de son père qui lui était inconnue, toute la part d'ombres. Il s'est aussi rendu compte du poids négatif que son père faisait peser sur sa mère, laquelle se révèle habile, autoritaire, gérant le magasin de façon utile. Mais leur relation restera ce qu'elle était, sans tendresse, dialogue restreint au minimum.

Les  plus belles pièces de la collection privée de Félix Ardevol ont été acquises en spoliant les Juifs pendant la seconde guerre mondiale ; le sang d'une victime signe d'ailleurs l'étui du violon Storioni le Vial. (après l'assassinat du violoniste Leclaire par Vial, le violon était donc en la  possession de cette vieille femme Juive)

Ce livre demande a être écouté pour la musique du rythme et des richesses.
Alors il m'apparait que le narrateur n'écrit pas à son fils, non, je pense à celle qu'il a aimée, Sara et que c'est son autoportrait dont il est question, à plusieurs reprises, et qui se trouve dans le bureau d'Adrià ! D'ailleurs il dit suite à une dispute avec sa mère : "Si un enfant m'avait répondu comme je répondais à maman, je lui aurais donné une claque mais je n'ai pas d'enfant."

Par contre, malgré des hauts et des bas dans leur relation il gardera l'amitié de Bernat  et c'est d'ailleurs à lui qu'il confiera le récit de sa vie alors qu'il se sait malade.

Sara sa bien-aimée s'enfuit à Paris, le laissant abattu devant cet acte incompréhensible pour lui ; il part pour l'Allemagne étudier et sa présence dans ce pays est l'occasion d'en connaître plus sur certains personnages. La mort d'un SS nommé Grübbe Franz atteint par les balles d'un ami étudiant de Félix Ardèvol à la Gregoria et qui pour défendre sa patrie a quitté la soutane, Drago Gradnik.

Adrià lit dans la presse qu'un psychiatre a été assassiné, il s'agit du Dr Voigt, alias Zimmermann, alias Falegnani, à qui Félix Ardèvol a acheté le violon Vial ; souvenons nous que cet ignoble docteur qui faisait des "expériences" sur les prisonnières des camps de concentration, avait lui-même volé ledit violon à une vieille Juive après l'avoir abattue. Adria à ce moment là ignore les faits qui le relient à ce docteur.

On apprend aussi la raison de l'assassinat de Frau Julia de Sau (ex Fra Miquel), il avait refusé de couper la langue à un Juif accusé à tort par l'Inquisiteur Nicolau Eimeric.

A travers les siècles  l'Inquisiteur et  l'Obersturmbannfürher Rudolf Hoss révèlent les mêmes exactions sur des victimes , cette alternance de l'un à l'autre  simule un échange entre ces deux personnages ignobles.


j'ai terminé ce livre  de passions,  de toutes les passions humaines les plus ignobles comme les plus belles, physiques, morales ou spirituelles.

En suivant le destin de ces objets, animés dans ces pages  ;  violons, médaille, tableaux, tissu, manuscrits et incunables le lecteur suit celui de l'humanité, en Europe notamment sur des siècles. Ces objets sont des témoins de l'histoire, du Mal qui a sévit dans ces siècles et jusqu'au dernier jour d'Adria spolié par son ami.

J'ai bien apprécié l' "échange" entre les trois illustres du nouvel essai d'Adria : Lull, Berlin et Vico sur l'attentat de l'immeuble d'Oklahoma city.
Egalement "les gardiens" d'Adria qui dialoguent aussi, Aigle-Noir et le shériff Carson.

La métaphore faite par Adria avec la création du monde quand il emménage son appartement avec Benart.

Ce livre m'a passionnée, avec quelle maîtrise, quelle recherche l'auteur l'a composé, construit pour rendre crédibles tous les évènements, les personnages et que l'ensemble de ces morceaux d'histoire s'imbrique dans un tout harmonieux.

un violon Storioni

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Cloitre de Bebenhausen  
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l'Urgell  
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sant pere del Burgat  

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Mots-clés : #Amitié, #Amour, #Creationartistique, #Culpabilité, #Relationenfantparent, #Romanchoral, #Violence
par Bédoulène
le Lun 5 Déc - 23:33
 
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Sujet: Jaume Cabré
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