Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Avr - 12:42

7 résultats trouvés pour jalousie

Honoré de Balzac

Albert Savarus
Mai 1842, figure parmi les Scènes de la vie privée, études de mœurs de La Comédie Humaine.

Tag jalousie sur Des Choses à lire Guide-10
Vue de Besançon, 1838.


Besançon, la Restauration, sa citadelle, sa porte noire, sa vieille ville en fer à cheval sur un méandre du Doubs.
Balzac en fait férocement la capitale de l'anti-Progrès, mais aussi de la non-légèreté, de la non-frivolité, avec en guise du haut du pavé une bourgeoisie et une noblesse qui se détestent, s'évitent, et un seul terrain d'accord: le fait de repousser les étrangers, traduisez: les non-bisontins.

Justement arrive par la malle-poste un de ceux-ci, un avocat trentenaire et inconnu, Albert Savaron, qui, sans se mêler le moins du monde à la société locale, va vite se faire, professionnellement parlant, un nom.
Pendant ce temps-là, dans le salon huppé des de Rupt de Wasterville, un certain Amédée de Souyas tente de se placer et d'épouser Philomène de Wasterville, héritière de la fortune, du nom et du titre, notamment en brillant auprès de la mère.
Or Philomène est en guerre contre sa mère, dévote et, donc, pro-de Souyas, tandis qu'elle cultive une proximité avec son père, inoccupé, falot.
Mais Philomène s'éprend en secret du mystérieux avocat, découvre que celui-ci est lié par serment amoureux à une duchesse italienne, laquelle a épousé un prince âgé, plutôt en fin de vie...

Le mystérieux avocat devient l'ambitieux avocat, la jeune oie blanche devient une intrigante destructrice...

Un Balzac mineur ?
Oui, je crois que je peux entendre ça - uniquement d'ailleurs parce que c'est parfois proféré; néanmoins de ces cent pages émane un je-ne-sais-quoi de croquignolet, qui fait que tout à l'opposé ce Balzac somme toute assez ramassé, presque condensé, fait partie de ceux qu'on peut vraiment recommander, peut-être surtout au lecteur pressé, ou à celui qui a parcouru à vives enjambées les points culminants de La comédie humaine, négligeant les antécimes et pointes secondaires.

La technique narrative, avec ses insertions d'une nouvelle signée d'un personnage (Albert), quelques lettres et correspondances d'Albert, et -pour une fois !- un nombre raisonnable de caractères est très digeste, le suspense, l'issue, assez difficile à prévoir jusqu'au terme de l'ouvrage, lequel est assez prenant, vivement mené à plume preste, en tous cas.

Mais ce n'est pas tout: Il y a du Balzac qui saigne authentiquement dans ces pages.
Elles sont écrites en sublimant une douleur, celle du violent trouble semé par la célèbre lettre de Madame Hanska reçue le 22 février 1842, qui lui annonçait à la fois la mort de son mari, le comte Hanski et aussi le terme mis à leur liaison, laquelle durait depuis 9 ans.
Balzac en fut terrassé, sombrait unilatéralement son grand amour mais aussi, de façon plus terre-à-terre, la perspective d'un mariage, disons, tombant à pic pour ses affaires (il était fort endetté), les Hanski disposant d'une fortune de premier ordre: il y a tellement de Balzac dans Albert et tellement de Madame Hanska dans la duchesse italienne que je ne crois vraiment pas que ce soit un roman de second plan...

L’abbé de Grancey quitta Savarus en lui lançant un regard fin par lequel il semblait se rire de la politique compacte du jeune athlète, tout en admirant sa résolution.

– Ah ! j’aurai jeté mon père dans un procès ! ah ! j’aurai tant fait pour l’introduire ici ! se disait Philomène du haut du kiosque en regardant l’avocat dans son cabinet, le lendemain de la conférence entre Albert et l’abbé de Grancey, dont le résultat lui fut dit par son père. J’aurai commis des péchés mortels, et tu ne viendrais pas dans le salon de l’hôtel de Rupt, et je n’entendrais pas ta voix si riche ? Tu mets des conditions à ton concours quand les Watteville et les Rupt le demandent !… Eh ! bien, Dieu le sait, je me contentais de ces petits bonheurs : te voir, t’entendre, aller aux Rouxey avec toi pour me les faire consacrer par ta présence. Je ne voulais pas davantage… Mais maintenant je serai ta femme !… Oui, oui, regarde ses portraits, examine ses salons, sa chambre, les quatre faces de sa villa, les points de vue de ses jardins. Tu attends sa statue ! je la rendrai de marbre elle-même pour toi !… Cette femme n’aime pas d’ailleurs. Les arts, les sciences, les lettres, le chant, la musique, lui ont pris la moitié de ses sens et de son intelligence. Elle est vieille d’ailleurs, elle a plus de trente ans, et mon Albert serait malheureux !

– Qu’avez-vous donc à rester là, Philomène ? lui dit sa mère en venant troubler les réflexions de sa fille. Monsieur de Soulas est au salon, et il remarquait votre attitude qui, certes, annonçait plus de pensées qu’on ne doit en avoir à votre âge.

– Monsieur de Soulas est ennemi de la pensée ? demanda-t-elle.

– Vous pensiez donc ? dit madame de Watteville.

– Mais oui, maman.


\Mots-clés : #amour #jalousie #xixesiecle
par Aventin
le Dim 18 Avr - 0:35
 
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Sujet: Honoré de Balzac
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Honoré de Balzac

Ursule Mirouët

Tag jalousie sur Des Choses à lire Nemour10
Vue de Nemours

Roman, écrit en 1841, paru en 1842, dans les Études de mœurs, section des Scènes de vie de province de La Comédie humaine.

Une première partie dense, très habituelle chez Balzac, dans laquelle le lecteur sait qu'il ne faut pas lâcher, toute pétrie d'un fourniment de personnages, de caractères, de lieux campés, de multiples débuts de fils noués qui pourraient faire pelote plus tard.
Balzac vous l'a déjà faite, vous avez tenu ?

Bon, alors allons-y.

Le sujet:
Le roman commence en 1829, à Nemours.
Ursule a quinze ans et son parrain, le Docteur Minoret, plus de quatre-vingts. Elle est la fille légitime du demi-frère bâtard de la femme du Docteur Minoret (vous suivez ?).
Ursule est elevée entre trois vieillards de statuaire, qui se chargent de son éducation, autant de muses, autant d'exemples: le Docteur Minoret (la Raison, la Science), un ami de celui-ci, militaire à la retraite (la Droiture, l'Engagement), et l'abbé de la ville (la Foi, la Spiritualité). Les trois hommes sont, en outre, partenaires de trictrac.
L'enseignement dispensé par un professeur de musique vient compléter cette belle éducation.

Mais Ursule, au regard des lois de l’époque, n’est pour le Docteur Minoret ni une parente ni une étrangère, et tout testament en sa faveur un peu trop exclusive pourrait déboucher sur une action en justice de la part des héritiers plus directs: or le Docteur Minoret, bien que vivant simplement, est supposé être à la tête d'une jolie petite fortune.
Déjà, tous ces ayants-droits se méfient de la foi retrouvée du Docteur Minoret, en ignorant la cause, et craignent qu'il ne lègue à l'Église une part importante de ses avoirs...
Il s'inquiètent aussi pour le voisinage, tout en pensant que la noblesse de la maison d'en face est la meilleure protection face à une union qui serait mésalliance, avec la roturière Ursule Mirouët.
Ce qu'ils ne savent c'est que, parade à tout, le Docteur Minoret cache des titres au porteur d’une valeur considérable dans un livre de sa bibliothèque, à l'insu de tous...

Les portraits des ayants-droits héritiers du Docteur Minoret sont particulièrement gratinés, dans ce roman-là, Balzac fait dans le féroce, la caricature à gros traits.

Puis, histoire d'emmêler un peu le lecteur et de donner une petite dimension supplémentaire à l'opus, Balzac nous emmène, sans grande conviction pour ma part, sur les voies du Magnétisme, la transmission de pensée, les rêves prémonitoires, les visions, y voyant là une alliance Foi et Raison, lesquelles campaient au temps de Balzac plutôt dans des camps opposés, nous donnant au passage la clef de la métamorphose du Docteur Minoret.

Le jeu du préjugé face à la vérité, les dessous inattendus, les dons d'Ursule, on pressent Balzac en pleine prise de risque alors qu'il pouvait se cantonner à une sombre histoire d'héritiers avides dans une petite ville de province, comme on disait alors, et faire ronronner son roman, juste une brique de plus dans La comédie humaine: cela aurait pu être "et pour quelques pages de plus...", en somme.

Mais ça ne l'est pas. Et le final, avec l'issue de la belle histoire d'amour -un peu à l'eau de rose, juste ce qu'il faut- entre Ursule et son prince charmant, peut désarçonner bien des lecteurs balzaciens: ce n'est pas à quoi ils sont rompus !
Pourtant, l'avant-propos de l'auteur aurait pu mettre la puce aux plus aiguisées d'entre leurs oreilles...   


Tag jalousie sur Des Choses à lire H-300010
Un exemplaire de l'édition originale

Mots-clés : #amour #famille #jalousie #trahison #vieillesse #xixesiecle
par Aventin
le Mar 3 Nov - 18:27
 
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Sujet: Honoré de Balzac
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Rutebeuf

Le premier béguinage du royaume fut institué à Paris par et sous la protection de Saint-Louis en 1264,  là nous avons une indication historique, le poème ci-dessous est à plutôt dater de la fin de la vie de Rutebeuf.

Tag jalousie sur Des Choses à lire Bzogui10

Le Dit des Béguines

Spoiler:




Allez, assez bavassé, en avant pour un joli morceau satirique et drôle !

Li Diz des Béguines a écrit:

Des Béguines,


ou ci encoumence


LI DIZ DES BÉGUINES





En riens que Béguine die
N’entendeiz tuit se bien non ;
Tot est de religion
Quanque hon trueve en sa vie :

Sa parole est prophécie ;
S’ele rit, c’est compaignie ;
S’el’ pleure, dévocion ;
S’ele dort, ele est ravie ;
S’el’ songe, c’est vision ;
S’ele ment, non créeiz mie.

Se Béguine se marie,
S’est sa conversacions :
Ces veulz, sa prophécions
N’est pas à toute sa vie.
Cest an pleure et cest an prie,
Et cest an panrra baron.
Or est Marthe, or est Marie ;
Or se garde, or se marie,
Mais n’en dites se bien non :
Li Rois no sofferroit mie.


Explicit des Béguines.


Proposition de transcription:

Le dit des Béguines

En chaque chose qu'une Béguine dit
N'entendez rien sauf du bien:
Tout est conforme à la religion
Quoi qu'on puisse trouver dans sa vie.

Sa parole est prophétie;
Si elle rit, c'est convivial;
Si elle pleure, dévotion;
Si elle dort, elle est en extase;
Si elle songe, c'est vision;
Si elle ment, n'en croyez rien.

Si elle se marie,
C'est sa nouvelle conversion:
Ses vœux, sa profession de Foi
N'est pas édictée pour la vie.
Cette année elle pleure et cette année elle prie,
Et cette année elle prendra baron pour mari:
Elle est Marthe, elle est Marie,
Elle est chaste, elle se marie,
Mais n'en dites que du bien sinon:
Le Roi ne le souffrirait point.


En somme Rutebeuf reproche que les Béguines aient l'avantage d'une vie ecclésiale, et l'approbation des puissants, sans en connaître les inconvénients: j'ai failli cocher #Jalousie parmi les mots-clefs suggérés.
Il préfigure la décision d'interdiction qui les frappera au siècle suivant.

Lui qui ne connaît que la paille, la misère, les expédients doit trouver que le béguinage, c'est le comble du bien-être, du nantissement en sus d'une vie orans et laborans, qui est le nec plus ultra rêvé du temps...
D'où ce ton persiffleur, cette charge, ce coup de griffe destiné à écorcher.

On est loin du raffinement, de l'aboutissement formel extraordinaire de La griesche d'yver.
Cette prosodie est rendue acérée via le balancement très incisif des S..., quasiment sur les douze vers qui précèdent les deux Or...  proches des vers finaux.
Ces deux vers "Or..." marquent un ralentissement préparatif à la touche terminale du dernier vers, osée, et qui constituerait peut-être une indication de datation à mettre au conditionnel:
Ce serait sous le règne de Philippe III Le hardi et non de Saint-Louis que ce Dit des Béguines fut composé.

Mots-clés : #conditionfeminine #humour #moyenage #poésie
par Aventin
le Lun 11 Nov - 10:10
 
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Sujet: Rutebeuf
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Almudena Grandes

Tag jalousie sur Des Choses à lire Castil10

Castillos de cartón

J'ai terminé Castillos de cartón avec de grosses réserves. L'histoire n'est pas sans qualités et se lit assez agréablement, mais le style est plein de tics d'écrivain milieu de gamme, nourri d'images convenues, abusant d'hyperboles et d'anaphores insipides (dieu sait pourtant si j'aime ces dorures, lorsqu'elles sont réussies), qui d'un même mouvement dévoilent les intentions de l'autrice et en amoindrissent la portée. Les dialogues, fabriqués, s'enchâssent grossièrement au récit; la narration (à la première personne) est vaine par ses outrances plaintives, désincarnée malgré la meilleure volonté du monde, ce qui donne à soupçonner que l'autrice ne croit pas tout à fait en ce qu'elle écrit. Ce n'est pas une catastrophe, mais ce n'est pas un roman très original ni très bon.

Malgré tout, j'y ai pris un plaisir réel, qui résidait presque entièrement dans le fait de lire en espagnol. Je le recommande donc bien franchement à qui voudrait se remettre à lire dans le texte, car la langue est très claire, le vocabulaire assez riche pour qu'un débutant y trouve de quoi s'alimenter, et assez restreint pour que l'on puisse assez tôt s'émanciper du dictionnaire.

[précision : il n'est pas traduit en français, mais j'ai le sentiment que mes reproches pourraient s'appliquer à ses autres livres]


Mots-clés : #amour #creationartistique #culpabilité #identite #initiatique #jalousie #peinture #sexualité
par Quasimodo
le Ven 5 Juil - 15:33
 
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André Hardellet

Le parc des archers
Suivi de Lady Long Solo

Tag jalousie sur Des Choses à lire Parc_d10

- Le parc des archers: roman, 1962, 215 pages environ.
- Lady Long Solo: nouvelle, 1971, 35 pages environ.
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Le parc des archers













Roman écrit au "je", et ce "je" se prénomme André et est écrivain de profession, donc le héros-narrateur n'est pas même masqué !
Idem, au reste, en ce qui concerne les noms propres utilisés (Vincerennes pour Vincennes, Saint-Macloud pour Saint-Cloud, etc...- seul Cortezzo, sur la riviera italienne à ce qu'il semble, m'échappe et semble une contraction de Cortina d'Ampezzo, qui n'a...rien à voir).


Au retour "d'un long voyage à l'étranger" André Miller, écrivain, se fait alpaguer dans le bois de Vincerennes par des membres des forces de l'ordre au bord d'un étang où il souhaitait retrouver un moment de son enfance. S'ensuit une plongée critique dans un monde en devenir ("La Gale") à la fois déshumanisé, policier, et attentant au moindre petit plaisir de l'existence.

Une soirée mondaine permet la rencontre avec deux personnages principaux, Frank Blake et Florence van Acker; caractères très fouillés qu'Hardellet dévoile peu à peu au fur et à mesure du déroulement du livre.  

Le peintre "Stève" Masson, personnage qui semble un peu fil-rouge chez Hardellet (il est le héros principal du Seuil du jardin, et c'est sous ce pseudo qu'Hardellet fit paraître Lourdes, lentes), fait quelques apparitions dans ce roman (il est devenu aliéné, sous camisole chimique et traitements).


Du mélange couple - insurrection - amitié - combats de rue - monde totalitaire sortent bien des péripéties, qu'on évitera de narrer ici. Roman attrayant, fort bien mené, même si c'est presque dans les séquences un peu digressives que je trouve que le bonheur de lire Hardellet atteint son summum.

Je regrette, certes avec mon regard d'occidental de 2019, le traitement de l'homosexualité - même si bien sûr les propos tenus par André Miller doivent être ramenés à l'époque d'écriture, etc... Et puis cela permet de se remémorer le chemin parcouru depuis ce temps-là, quand même pas si éloigné.

Jeter un coup d'œil aux actualités de 1962 et années précédentes pour essayer de trouver des correspondances entre cette fiction et ce temps-là n'a rien donné (peut-être n'ai-je pas bien cherché ?) - je pense qu'il est impossible de voir dans ces lignes-là une évocation ou une allégorie des guerres d'Indochine et d'Algérie, par exemple. De même une référence à l'occupation nazie ne fonctionne pas: je pense qu'Hardellet a vraiment tenté de signifier un avertissement au générations futures, dont la nôtre.

Chapitre XII La Section psychologique a écrit:"Vous êtes un petit joueur de banlieue, et c'est pour vous le démontrer que nous vous avons prié de venir faire un tour à la D.S. Vos amis politiques, eux, ont un programme et des buts définis, une organisation qui les soutient, vous, vous enfourchez des nuages. Ils vous utilisent provisoirement à cause de votre talent. Le romantisme est mort depuis pas mal d'années, monsieur Miller.
- Est-ce pour m'en faire part que vous m'avez prié de vous rendre visite ?"
Il haussa les épaules; il suait un mépris écrasant dans toute sa personne.  
"Vous ne vous nommez pas André Miller mais Durand et vous exercez l'emploi de comptable dans une compagnie d'assurances. Vous sortez d'une clinique psychiatrique où l'on vous a traité pendant six mois pour troubles mentaux. Votre état civil, votre profession, votre passé, c'est nous qui en disposons, qui vous les attribuons comme il nous plaît. Des témoignages, nous en produirons autant qu'il le faudra. [...]"  
 


La séquence du Parc des Archers proprement dite (c'est le titre de l'un des chapitres en plus d'être le titre de l'ouvrage), très chargée en onirisme, en symbolique, est un pur régal "hors tout". En prime, un érotisme léger, suggéré, flotte sur l'ensemble du livre.

  

Mots-clés : #erotisme #insurrection #intimiste #jalousie #politique

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Lady Long Solo







En voici l'entame:
Je revenais d'une banlieue spongieuse où Fulcanelli m'avait donné rendez-vous.
À la station, j'attendis en vain le car qui devait me ramener à Paris et que j'avais pris plusieurs fois auparavant; je voulus me renseigner dans un café distant de quelques centaines de mètres, mais il était fermé.
Plus d'une heure s'écoula ainsi, puis survint un très vieux taxi, semblable à ceux de la Marne, et je fis signe au chauffeur dont l'aspect s'accordait à l'antique guimbarde "À Paris, lui dis-je, Place de la Concorde. - Je sais", me répondit-il.  


Nouvelle un peu fantastique, un peu libidineuse, assez onirique. Hardellet semble y reprendre le pseudonyme de "Stève" (Masson). Il y a un autre rappel aux thématiques du Seuil du jardin (voir plus haut): les images emmagasinées, donnant la possibilité à des scènes de se revivre, ou de se vivre fictivement. Et qui se couple à la fuite du temps...



Fats Waller, avec, évoqué comme "titre préféré" I've got to write myself a letter - bon, c'est I'm gonna sit right down and write myself a letter le vrai titre, on ne va pas chipoter !




Mots-clés : #contemythe #erotisme #intimiste #reve
par Aventin
le Mer 3 Juil - 15:29
 
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Sujet: André Hardellet
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Milan Fust

Tag jalousie sur Des Choses à lire L_hist10

L'HISTOIRE DE MA FEMME

Ce livre est préoccupant. Une sorte de bloc irréductible à l'analyse.
L'histoire est simple pourtant. Un homme, capitaine de la marine marchande épouse, sans trop savoir pourquoi, une jeune française.
Ils vivent quelques années ensemble , mais sans être vraiment heureux. Ils finissent par se séparer et il apprend sa mort huit ans plus tard.
La seule chose qui s'est passée bien avant d'en arriver là, c'est qu'il tombe éperdument amoureux d' elle...

Qui est le capitaine Storr, le narrateur de cette histoire?
Derrière son apparence d'homme fort et d' ours très mal léché, se cache un homme tissé de contradictions.
Persuadé que la femme qu'il a épousé le trompe depuis le début, il s'invente en plus, des histoires et s'enferme dans un piège qu'il a plus ou moins construit lui-même. Il voyage, travaille, esquisse des intrigues amoureuses, et vit en même temps avec elle des moments tumultueux, pervers, destructeurs.
Derrière ces épisodes plutôt sordides, sa passion demeure, inouïe, morbide et inassouvissable.
Le seul moment de bonheur sans mélange, il le connaît alors qu'il est gravement malade, entre la vie et la mort, et qu'elle reste jour et nuit à le veiller.

De cette histoire nous ne saurons jamais que ce que nous en dit le capitaine Storr, le narrateur de cette histoire.

Mais quelle histoire ?
Sa femme est elle infidèle comme il le croit ou bien n'est-il un homme torturé par la jalousie, incapable d'aimer ?
Imagine-t-il qu'il peut se tromper et qu'il détruit ce qu'il aime le plus au monde ?
Pourquoi l'aime t'il vraiment quand elle est absente, séparée ou morte ?
Parce que seule la distance peut permettre d'inventer une passion ?

Telle est cette histoire d'obsessions, de destruction.. De questions sans réponses. De solitude extrême.
Un abîme, comme les Possédés de Dostoievski.

Ma femme serait-elle un etre angélique ? oui ? Non ?
Je demanderai plus rien, ni sur son passé, ni sur ses secrets. Car qu'y a-t-il au fond du coeur humain ? Dans le for intérieur de l'homme ? Ne nous berçons pas de mensonges. Seuls les lents monstres qui rampent au fond des mers reflètent l'image valable de cette obscurité.

P. 291

Ne plus jamais la revoir ! Ne plus jamais penser même à cette posssibilité ! C'était une chose déjà décidée d' ailleurs ; mais à ce moment, je le décidai plus fermement encore... Et pourtant, jusqu'alors, en moi, il n'y avait pas eu autre chose qu'un "plus jamais" ; et cependant l' espoir aussi était en moi, inextinguible ; l'espoir que tout cela n' était que provisoire et qu' un beau jour, elle et moi nous parlerions.
Et si ce n'était en ce monde, alors ce serait un autre. J'en avais le sentiment très doux, un sentiment qui me promettait une merveilleuse
tranquillité, une tranquillité définitive.

P. 381

Je n'avais qu'un seul désir : rentrer à la maison et me remettre à ces notes. Car j' avais le sentiment qu'en elles résidait toute la sérénité de mon âme et que consigner ici le récit de tous mes égarements resterait ma seule chance de pardon sur cette terre.
... J'avais essayé de vivre, j'avais échoué... Que faire ?
Mais cela, ces notes, je ne les lâcherai plus. Et je comprends maintenant ce qu'est la force qui pousse certains d'entre nous à écrire.
Comment réussir à tourner à son profit la malédiction de sa vie autrement qu'en la recréant, en la remodelant, en l'examinant de plus près...

P. 421

Et voilà. Cette même nuit, je finis par trouver la lettre d'Espagne. Ecrite d' une main étrangère ; elle ne comportait ni plus ni moins que cette nouvelle. Qu'elle était morte. Avant de mourir, elle avait dû demander à quelqu'un de me prévenir....
J'aurai cinquante trois ans à l'automne... Et bien que je tienne cette lettre à la main, je ne crois toujours pas qu'il en soit ainsi.
Mais je suis fermement convaincu qu'un beau jour, un jour de soleil radieux, elle me réapparaitra quelque part, au coin d'une rue, dans un quartier désert, et que même si alors elle n'est plus jeune, elle trottinera tout aussi gentiment qu'autrefois de son pas qui m'est familier.
Sur mon âme ce sera ainsi.

P. 430

Récupéré


Mots-clés : #amour #relationdecouple #jalousie
par bix_229
le Mer 8 Mai - 15:01
 
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Sujet: Milan Fust
Réponses: 8
Vues: 876

Ivan Alekseïevitch Bounine

L’amour de Mitia

Tag jalousie sur Des Choses à lire L_amou10


Je n'ai pas grand chose à ajouter aux propos de mon éminent confrère dont je partage en tous points l'analyse. Ce qui m'a surtout intéressé dans ce livre ce sont les correspondances entre le tragique de l'histoire : amour fou, jalousie, trahison et les descriptions d'une nature en fête au printemps et au cœur de l'été. C'est très russe avec une pointe de nostalgie tchekhovienne Very Happy
Je recommande.

Mots-clés : #jalousie #mort #nature #psychologique
par ArenSor
le Mar 19 Déc - 19:06
 
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Sujet: Ivan Alekseïevitch Bounine
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