Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Dim 28 Avr - 2:01

169 résultats trouvés pour essai

Toni Morrison

L'origine des autres

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 97822610

"l’auteur se replonge dans ses propres souvenirs mais également dans l’histoire, la politique, et surtout la littérature qui joue un rôle important – notamment la littérature de William Faulkner, Flannery O’Connor et Joseph Conrad – dans la notion de « race » aux États-Unis, que ce soit de manière positive ou négative. L’auteur s’intéresse à ce que signifie être noir, à la notion de pureté des « races » et à la façon dont la littérature utilise la couleur de peau pour décrire un personnage ou faire avancer un récit. Élargissant la portée de son discours, Toni Morrison étudie également la mondialisation et le déplacement des populations à notre époque. " Babelio
« Toni Morrison retrace, à travers la littérature américaine, les modes de pensée et de comportement qui désignent, de manière subtile, qui trouve sa place et qui ne la trouve pas… L’Origine des autres associe l’éloquence caractéristique de Toni Morrison à la signification que revêt, de nos jours, l’expression citoyen de monde. " The New Republic


Je copie les commentaires ci-dessus parce qu'ils synthétisent bien l'objet de cet essai.
Morrisson décortique les mouvements culturels et les postures identitaires, et c'est passionnant. Sa langue reste très accessible, i vous êtes intéressés par l'auteur et son engagement, à travers son écriture, mais que vous hésiteriez pourtant à lire un texte plus directement analytique, essayez tout de même, ce n'est pas du blabla, Morrisson donne beaucoup d'éléments d'analyse, des extraits littéraires, elle explique et met à jour des traits fondamentaux, son analyse historique et sociologique sont très pertinentes, neuves sans doute, mais surtout elle transmet cela d'une manière très intéressante et accessible, je le redis.

Elle n'hésite pas non plus à parler de son propre travail d'écriture, et cet aspect est aussi passionnant : comment choisir l'énonciation , la faire politique.

En somme, un très court mais très dense livre qui nous donne des clefs fondamentales pour mettre en question nos postures face à nos identités construites, et qui nous invite à devenir créateurs d'un monde meilleur. J'ai été très impressionnée notamment par l'analyse qu'elle fait de la société américaine, difficile à appréhender pour un occidental avec une réelle pertinence, pertinence qu'elle nous offre, nous descillant sur de subtils oublis de fondamentaux.

"La romancière montre aussi  comment l'obsession de la couleur n'a cessé de s'exprimer en littérature, par exemple chez Faulkner et Hemingway, participant à la perpétuation de tropes racistes. Elle revient sur les raisons qui l'ont poussée, pour sa part, à "effacer les indices raciaux" dans plusieurs romans et nouvelles, notamment Beloved et Paradise. Laissant longuement parler la littérature, elle invite à une transformation des regards, par l'éthique et par les livres. La langue comme champ de bataille, et comme lieu de résistance. " Lenartowicz pour l'Express

mots-clés : #creationartistique #esclavage #essai #historique #identite #mondialisation #politique #racisme
par Nadine
le Mar 2 Oct - 11:02
 
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Sujet: Toni Morrison
Réponses: 20
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Claude Lévi-Strauss

La Pensée sauvage

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 La_pen10

Claude Lévi-Strauss développe dans cet ouvrage le fruit de ses études sur
« …] cette "pensée sauvage" qui n’est pas, pour nous, la pensée des sauvages, ni celle d’une humanité primitive ou archaïque, mais la pensée à l’état sauvage, distincte de la pensée cultivée ou domestiquée en vue d’obtenir un rendement. »

Partant de
« …] ce contact intime entre l’homme et le milieu, que l’indigène impose perpétuellement à l’ethnologue »

il en ressort que l’homme a toujours et partout développé ses capacités d’observation puis s’est efforcé d’organiser les informations recueillies, soit mettre du sens et de la cohérence (structurale) dans le désordre en classifiant les éléments du monde. C’est la même démarche de la mythologie comme de la science, qui d’ailleurs coexistent dans le même temps (un peu comme pour le singe qui nous est contemporain, et pas un ancêtre).
« Jamais et nulle part, le "sauvage" n’a sans doute été cet être à peine sorti de la condition animale, encore livré à l’empire de ses besoins et de ses instincts, qu’on s’est trop souvent plu à imaginer, et, pas davantage, cette conscience dominée par l’affectivité et noyée dans la confusion et la participation. »

Il se dégage une constante "universelle" des transformations par symétrie inverse dans la différenciation nature/ culture, que je ne commenterai pas par incapacité caractérisée. On se repose de ces réflexions de haut vol au cours de fréquents exemples de mythologie primitive avec leur éclairage, qui bien souvent m’enchantent par leur description comme par l'explication qui en est extraite.
Le regard de l’ethnologue ouvre décidément des perspectives nouvelles sur l’humain et la société ; il suscite aussi beaucoup d’interrogations (par exemple, j’ai été frappé par l’équivalence femmes-nourriture qu’on retrouve en tous lieux).
Confrontation finale avec la dialectique historique sartrienne :
« …] dans le système de Sartre, l’histoire joue très précisément le rôle d’un mythe. »

A noter qu'à l'Histoire dans le temps correspond l'ethnographie dans l'espace.

@Topocl :
« …] l’art s’insère à mi-chemin entre la connaissance scientifique et la pensée mythique ou magique ; car tout le monde sait que l’artiste tient à la fois du savant et du bricoleur : avec des moyens artisanaux, il confectionne un objet matériel qui est en même temps objet de connaissance. »


@ArenSor et @Arturo :
« "Pour André Siegfried, il y a deux attitudes politiques fondamentales de la France. Notre pays est tantôt bonapartiste et tantôt orléaniste. Bonapartiste, c'est-à-dire acceptant le pouvoir personnel et le souhaitant même. Orléaniste, c'est-à-dire s’en remettant aux députés du soin de gérer les affaires publiques. Devant chaque crise […] la France change d’attitude […]
"Personnellement, au contraire, je pense que le changement actuel, sans être totalement indépendant de ces constantes du tempérament politique français, est lié aux bouleversements que l’industrialisation apporte dans la société. […]"
Il est probable qu’aux Osage ces deux types d’opposition (l’une synchronique, l'autre diachronique) auraient servi de point de départ [… »

Cela m’a fait penser à notre propension nationale à traiter de "roi" nos dirigeants ‒ ou à leur tendance à se conformer périodiquement à ce profil !...

@Colimasson :
« Ces observations nous semblent faire justice de toutes les théories qui invoquent des "archétypes" ou un "inconscient collectif" ; seules les formes peuvent être communes, mais non les contenus. »


Deux dernières citations, qui donnent à comprendre comment l'auteur remet les choses en place :
« L’explication scientifique ne consiste pas dans le passage de la complexité à la simplicité, mais dans la substitution d’une complexité mieux intelligible à une autre qui l’était moins. »

« Nous n’entendons nullement insinuer que des transformations idéologiques engendrent des transformations sociales. L’ordre inverse est seul vrai : la conception que les hommes se font des rapports entre nature et culture est fonction de la manière dont se modifient leurs propres rapports sociaux. »

Evidemment, j’aurais dû lire Descola après ce livre ; ces notions ont été amendées et dépassées, mais une voie fut grande ouverte par Lévi-Strauss… qui demeure un des plus brillants esprits que j’ai lu (tout particulièrement synthétique) : il y a une idée ouvrant de nouvelles perspectives à pratiquement chaque phrase, et dans différents domaines transverses.
Une lecture passionnante, même si elle demande un effort !

Mots-clés : #contemythe #essai
par Tristram
le Sam 25 Aoû - 21:55
 
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Sujet: Claude Lévi-Strauss
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Patrice Huerre

Lieux de vie: ce qu'ils disant de nous. la révolution des intérieurs.
avec François Robine

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Index12

J'imagine l'histoire comme ça : un jour, François Robine, « expert immobilier reconnu et  chevronné", dit le quatrième de couverture, a dîné chez des amis communs avec Patrice Huerre, "psychiatre, psychothérapeute et psychanalyste", auteur d'une bonne dizaine de publications « grand public", sur l'adolescence. II lui a fait part de quelques réflexions sur l'évolution qu'il a constatée au fil des décennies au sein des logements de ses concitoyens, et  lui  demande en quoi cela correspond à  sa propre pratique.
La discussion est  charmante, passionnante, et, au final, pourquoi ne pas en faire un livre ? Oui, mais pas un livre scientifique avec des références, une bibliographie, des recherches. Plutôt un livre facile à lire (et aussi à écrire), qui expose simplement les points de vue de ces deux Messieurs si pleins de savoirs.

On a donc un ouvrage très touche-à-tout , qui en appelle, excusez du peu, sur 200 pages écrites gros,  à la mythologie, la psychanalyse, la psychologie sociale, la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, le tout saupoudré d'un peu d'architecture et d'urbanisme. Tellement touche-à-tout que c'est d'une superficialité irritante : je ne lis pas la rubrique psycho/socio de Marie-Claire (et pas Marie Claire non plus en général), ce n'est pas pour la retrouver dans un livre.

Pour parler des intérieurs, il faut parler de ceux qui les habitent, et on commence  par  un état des lieux des modes de vie de nos contemporains, avec d'extraordinaires révélations :  la mobilité, l'usage sans limites des outils numériques, la généralisation des familles recomposées, l'individualisme, le rejet des vieux, la perte du lien familial et du sens religieux au profit d'un consumérisme incontrôlé, l'explosion des prix de l'immobilier... Tout cela sur un ton de généralité universelle, faisant croire qu'on parle d'une population entière alors qu'on se limite à celle des  bobos trentenaires/quarantenaires.

Donc, les hommes ne sont plus ce qu'ils étaient et on en conclut que les intérieurs ne sont plus ce qu'ils étaient, non plus.

Au passage, cela donne lieu à pas mal de platitudes, beaucoup de vérités assénées du genre:

"Remarquons cependant que les familles sans maison de référence n'ont généralement pas d'histoire."


ou celle-ci vaguement contradictoire:

"pour les autres, les incrédules ou les incroyants, que le décès survienne à la maison ou à l'hôpital n'a qu'une importance secondaire sans qu'il puisse pourtant être nié que le désir de mourir chez soi est très partagé."


C'est gênant aussi parce que cela parle de maisons, et encore de maisons, comme si toute la population vivait en maison, non pas en appartements, studios, etc...

La conclusion, c'est que le logement n'est plus un marqueur social, mais un marqueur de génération. Les nouvelles générations ne s'ancrent pas dans un lieu de vie permanent,

"Leur maison n'est plus un but dans l'existence. Elle ne sert qu'à abriter certains moments de cette dernière".


Elles sont en recherche de lieux de rencontre qui ne soient pas au sein du logement. Les outils numériques remplacent les bibliothèques.  D'un côté le numérique ouvre l'espace quotidien vers l'infini, mais il permet aussi n'importe quelle intrusion (par exemple professionnelle) dans l'espace du logement.

Ah, bon? ben dis donc! Tout ça pour ça!

mots-clés : #essai #lieu
par topocl
le Jeu 9 Aoû - 21:06
 
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Sujet: Patrice Huerre
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Nicolas Gauvrit

Les surdoués ordinaires

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 41bqup10

Livre qui s'emploie à déconstruire ce que le développement personnel a établi comme vérités universelles non prouvés scientifiquement afin de ramener les hypothèses à l'exigence de preuves sur le sujet de la précocité intellectuelle ou douance.
Ouvrage qui remet donc en cause les Siaud-Facchin (qui se fait du fric sur des tests de QI hors de prix) et ses zèbres, les Bost et l'intelligence invisible etc...
y sont questions la différence de comportement avec les personnes dites normales, les liens avec d'autres pathologies ou handicap (autisme, TDAH, Dys...), les traits dominants qu'engendreraient une intelligence plus développée, les causes probables etc.
Y est rappelé que le'intelligence est un potentiel et qu'un chiffre même s'il est indicatif du potentiel n'est pas un acquis.
Y est rappelé le débat nécessaire entre l'acquis et l'inné, et l'unicité de chaque individu.

Un livre qui fait du bien par son sérieux, par sa pédagogie et surtout par sa rigueur à étayer chaque propos par des études scientifiques acceptées et reconnues.
A mettre dans les mains de tout parent, de toute personne curieuse afin d'être armé d'un outil critique sur toute les "incongruités" balancées ça et là.


mots-clés : #essai
par Hanta
le Dim 29 Avr - 10:27
 
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Sujet: Nicolas Gauvrit
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Darian Leader

À quoi penses-tu ? Les incertitudes de l’amour
Titre original : Why Do Women Write More Letters Than they Post?

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Ye_quo10

La psychanalyse me paraît ici comme de fabuleux jeux de l’esprit : on échafaude dans le vide d’épreuves expérimentales (quelques commentaires d’œuvres littéraires et cas cliniques, rien de représentatif). Au passage, il semble que beaucoup de ce qui a été énoncé par Freud soit dorénavant jugé caduc (ce qui me rassure au passage, n’ayant jamais été terrifié par la terrifiante vagina dentata) au profit de nouvelles interprétations fort conjecturales ; la psychanalyse, comme les mythes, se réactualise (et je ne parle pas de la référence préférentielle de Darian Leader à Lacan). Mais cela ne laisse pas d’être brillant par moments. Je me demande quand même quel peut être le regard porté par tous les nouveaux genres actuels sur ces décryptages de notre psyché qui n’ont pas même vingt ans, basés qu’ils sont sur la masculinité (la féminité n’étant qu’une béance…)

« Chez Freud en effet, on aperçoit difficilement la possibilité de rapports harmonieux entre un homme et une femme. L’homme sera attiré par deux femmes (au moins) [l’idéal digne d’amour, et l’objet sexuel] et les femmes par des rapports hors mariage ou le concubinage. […]
En effet, les femmes sont tout aussi possessives, mais pour un objet différent ‒ l’amour de l’homme ‒ de celui des hommes ‒ le corps de la femme. »


Qui ne s’y reconnaît pas serait-il mal formaté ?
Pour ce qui est de la psychanalyse ici déployée, il ne s’agit en dernier ressort que de réflexions sans méthode, de cheminements de pensée contingents, d’hypothèses heuristiques, de théorisations conjecturales, de rapprochements hasardeux, de fulgurations inspirées qui n’ont pas plus ou moins de valeur intrinsèque que celles de l’art, des rêves… Ces dernières productions, le psychanalyste les rationalise a posteriori, en retirant ce qui convient sur le moment, avec virtuosité… Sur le fond, tout ça coïncide autant qu’un quelconque horoscope.
Sans s’étendre sur les biais de (re)présentation, on aura au moins compris les règles du jeu. Une variante du jeu d’échecs (ou de dames) qui épuise toutes les combinaisons possibles (ici, dans un couple "étendu", au moins aux parents). A moins d’être troublé à l’idée de ne pas avoir songé à prêter son amante à son meilleur ami, on appréciera à son juste prix l’inventivité, la verve de cette littérature (cependant, lorsqu’on lit un roman, on peut s’intéresser à la psychologie qu’il analyse éventuellement, sans pour autant se présenter comme patenté).

Pour ce que j’en peux juger, il y a des assertions étonnantes sur la sexualité, manifestement basées sur un panel d’observation trop réduit et peu représentatif, voire fort lacunaire (ainsi, « les femmes demandent souvent à l’homme de leur parler en faisant l’amour »). Dans le même registre, les exemples pris sont parfois d’un particularisme si anglo-saxon qu’ils frôlent l’absurde : la femme a plus d’imagination que l’homme, parce ce dernier joue aux machines à sous, « …] forme de jouissance concrète, bruyante (liée, sans doute, à son pénis) […] L’imagination des hommes se réduit au souci de savoir pourquoi les choses montent et descendent. »
Ces approches psychologiques sont cependant dérangeantes : elles nous menacent sourdement d’un inconscient tout-puissant, par définition hors de notre contrôle, presque plus transcendant qu’immanent, une sorte de divinité "indiscutable" ‒ alors qu’il n’est tout bonnement que ce qui reste sous la conscience. Pour l’explorer, je privilégierais plutôt le comportementalisme ; les démonstrations du structuralisme, par exemple, sont d’une rigueur incomparablement plus soutenue, et nettement plus étayées d’observations vérifiables (tout en étant au moins aussi absconses).
L’emploi d’artifices logiques comme le paradoxe (l’homme est aimé pour ce qu’il a, sinon pour ce qu’il n’a pas ‒ impuissance, castration et toute la lyre) pourrait rappeler la philosophie ‒ mais celle-ci ne promet pas de miracle, ni autant le rétablissement mental (à part "la grande santé" nietzschéenne, notamment) ‒, elle ne se réclame pas de la science médicale.
Autre aspect douteux : il semblerait, à écouter Leader, que nous soyons tous formatés au même moule ; les généralités énoncées ne s’adaptent pourtant pas à tous, tant s’en faut.
Mais ne boudons pas : il y a des éclairages, par exemple des pièces de Shakespeare, qui renouvellent la vision du lecteur, attirent son attention sur certains aspects de ce qu’il lit (moins cependant que dans Ce que l'art nous empêche de voir). D’autre part, le propos affiché de l’auteur est de soulever des questions matière à discussion ; soit, mais il ne faut surtout pas chercher là le moindre enseignement pratique.

En fait, il demeure des règles en psychanalyse : tout vient d’un manque (généralement de pénis), la culpabilité est primordiale, tout a un prix (le grand credo !) ‒ et il semble que ces fondements subsistent, sans remise en question, de la sphère limitée du religieux judéo-chrétien. L’empreinte est réelle, mais il n’est pas interdit de soupçonner que notre univers mental puisse fonctionner autrement que selon ce canon :

« Je ne suis pas du tout convaincu comme Platon ou Lacan que le désir implique un manque. Au contraire, moins il y a de possibles, plus il y a de réel. Et plus il y a de réel, plus le désir peut s’exercer de manière concrète et permettre un accès au plaisir. Il est extraordinaire que cette évidence soit niée par la plupart des philosophes. L’idée selon laquelle on ne pourrait désirer que des objets inexistants ne peut venir que de gens que la difficulté de vivre a fini par rendre fous. Quand Levinas dit que la vraie caresse ne touche rien, je me demande s’il ne devrait pas consulter ! Non seulement on peut désirer ce qui est, mais surtout on ne peut désirer que ce qui est. Associer le désir au manque est le reflet d’une souffrance, d’un grave déséquilibre. »
Clément Rosset, entretien avec Louisa Yousfi, décembre 2012, Sciences humaines

De toute façon, tout cela est dépassé : aujourd’hui, on se confie à Facebook, pas à un psy.

« Moins une civilisation offre de cadre symbolique à l’initiation, plus elle retourne à une forme réelle, folle. »

Bizarre quand même... La folie du réel... Et faut-il, dans le doute (et pour cause de "perte des valeurs") réhabiliter le bizutage ?

J’ai fait cette lecture suite à la LC psychanalyse axée sur Leader ici.

La vraie question demeure : est-ce que les hommes écrivent moins de lettres qu’ils n’en postent ?


mots-clés : #essai #psychologique
par Tristram
le Mer 11 Avr - 17:07
 
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Sujet: Darian Leader
Réponses: 46
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Pacôme Thiellement

Je suis en train de lire Cinema Hermetica et je suis transportée. J'ai voulu ouvrir aussitôt ce fil pour vous faire connaître cet auteur qui mérite le détour.

Je commence avec du lourd. Ci-dessous, vous trouverez un lien vous conduisant vers un extrait de ce livre. Il s'agit du premier chapitre, "Le cinéma est un fantôme de la nuit", consacré principalement au Nosferatu de Murnau et à celui de Herzog :

https://www.larevuedesressources.org/le-cinema-est-un-fantome-de-la-nuit-extrait,2895.html#ext

Dans cet essai, Thiellement nous parle aussi de Freaks, du Gallio (et notamment d'Argento), de Mr. Arkadin, de Cassavetes, de Lars von Trier, de Chinatown, du Locataire... revient à des références récurrentes à Artaud, à Daumal, à Topor, à Twin Peaks, mêle ses considérations de renvois aux philosophies orientales, ésotériques, kabbalistiques... nous touche au plus profond de notre coeur, faisant de nous non plus des spectateurs passifs mais des acteurs, des chercheurs fous, des hallucinés qui veulent atteindre le sur-sens de l'existence.

Quelques citations :

« Inferno est un film « alchimique » dans le sens où il raconte comment on transforme la matière pour faire un film ou plutôt comment on détruit la narration d’un film pour atteindre sa matière propre ; Suspiria raconte comment le film se raconte une fois cette matière transformée. Des deux, on pourrait dire qu’Inferno gît encore dans le puits indifférencié des images produites par le rêve ou la matière ; Suspiria est tout entière la flamme qui vient donner vie à ces images ; elle est l’assomption de cette matière. »


« L’alliance de l’enfance et de la magie, c’est la véritable arme pour le véritable combat – ce combat contre un monde qui se nourrit du caractère apparemment irrémédiable de notre solitude. »


« La culture académique est une culture artificielle, datant de quelques dizaines de siècles au mieux, construite par les oppresseurs d’hier pour séparer les hommes de toujours de leur véritable culture. La culture populaire est notre véritable culture. La « pop », c’est le folklore, et c’est la relation la plus réelle que nous puissions avoir avec l’authentique spiritualité traditionnelle : le Carnaval. »


« Qu’on fasse partie des capitalistes prédateurs ou des révolutionnaires qui s’y opposent, qu’on fasse partie des « mauvais » ou des « bons », ce qui nous manque chaque fois, c’est la pratique du non-agir qui évite les confrontations violentes débouchant sur de plus  grands drames. Que la vie soit déjà écrite ou que notre existence dépende d’actes libres, ce qui nous manque encore, c’est le non-agir nous permettant d’en découvrir la signification. Que nous soyons appelés à un grand destin ou à une aventure ordinaire, ce qui nous manque toujours, c’est le non-agir qui permet à cette vie individuelle de ne pas se transformer en drame pour les autres. »


« Si une œuvre d’art vous rend heureux à partir de mensonges, elle ne vaut rien. Mais si elle vous fait désespérer de la vie, elle ne vaut rien non plus. C’est toute la difficulté. C’est tout l’art. »


« Parce que toutes ces images, tous ces sons, tous ces poèmes sont des citadelles en suspens, qui nous mènent, station après station, vers une après-vie magnifique ou merdique.
Alors la question se pose de la forme audiovisuelle qui nous foutrait le plus en l’air. »


Je n'ai encore jamais vu de film de Cassavetes mais le moins que l'on puisse dire, c'est que Thiellement donne de furieuses envies de découvertes :

« Le cinéma de Cassavetes, avec sa recherche éperdue de la « prise » haletante de vie, avec les états émotionnels dans lesquels les acteurs sont plongés, les improvisations (vraies ou fausses), les détournements de récit (programmés ou non), le cinéma de Cassavetes, avec ses faux raccords, ses effets de « cinéma vérité, ses gros plans, ses images tournées à l’épaule, ses flous, ses « captations », son montage toujours incroyablement raffiné et brutal, sa musique originale mêlant souvent lyrisme grandiose et improvisation jazzy et surtout sa dimension intime, amoureuse, familiale, passionnelle, parentale, sexuelle, alcoolisée, tabagique, le cinéma de Cassavetes est un combat permanent contre la « conspiration de la mort » à l’œuvre dans le cinéma. »


Et sur Lars von Trier (qu'il me donne pour le coup envie de re-re-re-revoir sans fin) :

« […] leur objectif [aux films de Lars von Trier] a toujours été de rendre votre vie plus difficile, vos blessures plus douloureuses, vos opinions moins évidentes, vos sentiments moins purs qu’ils n’en ont l’air. Mais aussi votre cœur plus profond, votre état mental plus friable, votre empathie plus développée, votre esprit plus obsédé par la découverte de vérités. »




mots-clés : #creationartistique #essai
par colimasson
le Jeu 5 Avr - 14:27
 
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Sujet: Pacôme Thiellement
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Patrick Chamoiseau

Écrire en pays dominé

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Ecrire10

Quatrième de couverture :
Écrire en pays dominé c'est l'histoire d'une vie, la trajectoire d'une conscience, l'intime saga d'une écriture qui doit trouver sa voix entre langues dominantes et langues dominées, entre les paysages soumis d'une terre natale et les horizons ouverts du monde, entre toutes les ombres et toutes les lumières. Écrivain, Marqueur de Paroles, et finalement Guerrier, Patrick Chamoiseau interroge les exigences contemporaines des littératures désormais confrontées aux nouvelles formes de domination et à la présence du Total-monde dans nos imaginaires.


Essai (1997) très structuré (égard de plus en plus rare, l’ouvrage bénéficie d’une utile table des matières).

Il se compose de trois « cadences », entrelardées de paroles du vieux guerrier sur la colonisation (« Inventaire d’une mélancolie ») et de brefs commentaires sur des lectures-phares (« Sentimenthèque »).

D’abord I, « Anagogie par les livres endormis » : les réflexions de Chamoiseau sur le comment écrire dominé par une autre culture, puis la révélation de la découverte des livres-objet (reprise des souvenirs de son autobiographie À bout d’enfance), puis lecture « agoulique », puis, à l’adolescence, découverte de Césaire, de la poésie lyrico-épique, du militantisme, du racisme ordinaire et de l’identité dans la négritude opposée à l’impérialo-capitalisme (qui tente d’imposer ses valeurs « universelles »), domination silencieuse du Centre avec passage pour ce dernier de la contrainte à la subjugation, l’ « autodécomposition » dans le « développement », le mimétisme, la consommation, l’assistanat et la folklorisation, enfin rôles de Glissant et Frankétienne dans son évolution du lire-écrire (Chamoiseau est alors éducateur dans les prisons métropolitaines).

II, « Anabase en digenèses selon Glissant » : après dix ans passés en métropole à rêver du pays, en anabase (expédition vers l’intérieur, voyage intérieur, cf. Saint-John Perse), en admiration libératrice du déprécié, il s’identifie successivement au premier colon (« carrelage » de l’ordre et de la mesure, de la rationalité sur leurs contraires), aux Caraïbes (Amérindiens), aux Africains puis à tous les autres apports ethniques. Marronnage et mer geôlière, danse, tambour, quimboiseurs, mentôs puis conteurs et autres « résistances et mutations ». « Ultimes résistances et défaites urbaines » : après le conteur des habitations-plantations dont l’oralité créatrice se réfugie dans les chansons et proverbes, le driveur errant en déveine et déroute folle se concentre dans l’En-ville, devenant djobeurs et majors, jusqu’au « Moi-créole », le Divers dans la mosaïque créole, sans origine ni unité : le « chaos identitaire » ; Lieu versus territoire.

III, « Anabiose sur la Pierre-Monde » : identité d’assimilation, départementalisation stérilisante, assistanat, modernisation aveugle, développement factice, consommation irresponsable, fatalité touristique (toujours au profit des békés). Domination furtive d’un Centre diffus, du rhizome-des-réseaux, « Empire technotronique où l’empereur serait le brouillard de valeurs dominantes, à coloration occidentale, tendant à une concentration appauvrissante qui les rend plus hostiles à l’autonomie créatrice de nos imaginaires [color=#2181b5]ains et artistes neutralisés « dans la dilution d'une ouverture au monde". Insularité vécue comme isolement versus la (notion de la) mer ouverte. Choix entre les deux langues, la reptilienne et résistante, et le français, par celui qui devient le Guerrier dans le Monde-Relié. Davantage épanouissement que développement de l’Unité se faisant en Divers : la Diversalité.

C’est donc l’historique du ressenti douloureux des (ex-)colonisés du « magma anthropologique », simultanément avec l’éveil par les livres (lus, relus, écrits) du Marqueur de paroles, pour relever le défi du Web.


mots-clés : #creationartistique #essai #identite #independance #insularite #mondialisation
par Tristram
le Sam 10 Mar - 0:23
 
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Sujet: Patrick Chamoiseau
Réponses: 39
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Richard Thaller - Cass Sunstein

Nudge, comment inspirer la bonne décision.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Image101

Il y a 10 jours,  je ne connaissais pas ce mot, nudge, je suis tombée dessus lors de mes pérégrinations sur Internet, j'ai cherché un peu et je suis tombée sur cette page
J'ai voulu aller voir un peu plus loin, le bouquin était  disponible chez mon  libraire. Parfois, la vie est simple.

Nudge, ça veut dire« coup de pouce » ; c'est une méthode douce pratiquée pour orienter discrètement nos choix, sans tapage,  sans obligation ni interdiction. C'est de l'économie comportementale.

L'idée, c'est une procédure qui coûte peu, qui peut avoir des effets puissants, menée par des architectes du choix, pour aider les "simples mortels" dans leurs prises de décision, a priori pour leur bien. C'est ce que les auteurs appellent le « paternalisme libertaire". Paternalisme parce qu'on guide, libertaire parce que tous les choix restent possibles, pour ceux qui ne seraient pas convaincus. Cela peut être l'installation des plats à la cantine, l'ergonomie d'un appareil ménager, la rédaction d'un formulaire, l'introduction d'un smiley encourageant dans un texte....Les applications sont infinies et quotidiennes,même si le sauteurs parlent de problématiques à plus grande échelle, sociétales, je dirais..

Cela s'appuie sur une fine connaissance de la psychologie humaine. Un choix se structure par un équilibre entre un comportement instinctif et un comportement réflectif. Cet équilibre est modulé par des connaissances, des émotions, une certaine tendance à l'inertie, une tendance à la grégarité (la pression sociale), une détestation de la perte, une facile intoxication par les événements présents plutôt que par une vue à long terme.

La première partie, "théorique", est épatante, très claire, pleine d'humour. On y comprend qu'on a tous pratiqué et subi le nudge sans le savoir, et comprendre, bien sûr, c'est toujours mieux, ça permet de mieux pratiquer et de mieux se protéger.

La suite est moins lumineuse, parfois redondante, avec des exemples empruntés à la vie sociale parfois un peu compliqués (gestion de l'argent : crédit, épargne-retraite, investissement ; assurance-maladie dans le système États-Unien ; don d'organes, mariage)

Enfin, la dernière partie est  consacrée à réfuter les critiques qui pourraient  être émises (et le sont réellement), proposant soit une attitude  plus conservatrice (non pas orienter les choix mais les limiter), soit une attitude plus  libertaire refusant cette ingérence, même légère, dans les affaires d'autrui, dénonçant la manipulation. Thaller et Sunstein ne me réfutent d'ailleurs l'idée, qui m'a tenue tout au long de ces  pages, que le nudge pouvait aussi tomber dans de mauvaises mains : que le « bien d'autrui" n'est pas forcément ce que les autres imaginent, et que par ailleurs la même méthode peut être appliquée  altruisme, et se limiter au seul profit de l'architecte du choix.




mots-clés : #economie #essai #psychologique
par topocl
le Sam 3 Mar - 9:54
 
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Sujet: Richard Thaller - Cass Sunstein
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Albert Camus

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Le_myt10

Le mythe de Sisyphe (1942) :

Bon, je sors de ma paresse pour venir dire quelques mots, suite à l'incitation de Tristram.
C'est pour une relecture de cet essai. Je l'avais lu assez jeune, j'étais sans doute passé à côté de beaucoup de choses à l'époque. Je peux désormais saisir davantage la portée du texte, et comprendre les références (Kierkegaard, Dosto, le mythe de Don Juan, les références antiques ...). king
Il y a des très bonnes choses à tirer de cet essai, de quoi alimenter le fil citations en effet.

Néanmoins ... Eh oui ... Je reste un peu dubitatif sur la conclusion de notre cher Camus.
"Il faut imaginer Sisyphe heureux" ... Je veux bien, mais ce n'est pas facile !
Peut-on imaginer Sisyphe heureux ? Peut-on imaginer, même Tantale heureux ?
Peut-on se satisfaire de l'absurde ? De l'absence de sens, de la souffrance perpétuelle ?
Le tout sans la délivrance du Paradis, de la vie éternelle, ou de ce que vous voulez, qui ait l'air tout à fait délicieux.
C'est très positif comme conclusion, mais j'ai du mal à adhérer.

J'en retire toutefois une thèse non négligeable. Qui est, selon moi, centrale dans cet essai.
Le fait qu'il faille accepter la contradiction. Accepter l'absence de sens, tout en acceptant qu'il puisse y en avoir à l'intérieur.

mots-clés : {#}essai{/#} {#}philosophique{/#}
par Invité
le Lun 19 Fév - 17:07
 
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Sujet: Albert Camus
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Jérôme Ferrari

A fendre le cœur le plus dur
avec Oliver Rohe
Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Fendre10

Ce texte est paru, initialement aux Editons Inculte dont Olivier Rohe est l'un des créateurs,   dans le cadre de l'exposition éponyme qui exploite des archives mêlant  photographies et textes d'un écrivain-reporter de guerre, Gaston Chérau, envoyé en Libye lors de la guerre italo-turque en 1911. Quelques photos reproduites donnent un reflet de ce terrible corpus de plus de 200 clichés.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Chyrau10

Passée la sidération de la découverte de clichés reproduisant la pendaison de 14 rebelles dans une mise en scène soigneusement organisée, les auteurs les mettent en perspective avec le reste du corpus, et  réfléchissent  à la propagande photographique en temps de guerre, et au sens à décrypter à travers ces cliches, à la question de la représentation de la  violence dont l'obscénité même justifie, ici, la nécessité.

Ce texte est constitué de petits chapitres qui lui donnent un côté un peu disparate. Il laisse un petit goût de superficialité cachée derrière une rhétorique pompeuse, qui le mène parfois à la limite de l'obscur. On regrette que la seule réflexion soit mise en avant, au détriment d'une connaissance du photographe, Gaston Chérau, dont la position face à ces clichés n'est que vaguement ébauchée (à tel point qu'on ne peut savoir si elle s'appuie sur l'analyse des documents écrits, ou s'il s'agit d'une interprétation des auteurs). Il n'en demeure pas moins qu'il pose de bonnes questions, fait émerger des documents jusque là oubliés quoique primordiaux, et qu'on y trouve quelques idées à glaner. L'exposition devait être passionnante!

mots-clés : #colonisation #essai #guerre #violence
par topocl
le Jeu 15 Fév - 13:33
 
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Sujet: Jérôme Ferrari
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Oliver Rohe

A fendre le cœur le plus dur
avec  Jérôme Ferrari
Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Fendre10

Ce texte est paru, initialement aux Editons Inculte dont Olivier Rohe est l'un des créateurs,   dans le cadre de l'exposition éponyme qui exploite des archives mêlant  photographies et textes d'un écrivain-reporter de guerre, Gaston Chérau, envoyé en Libye lors de la guerre italo-turque en 1911. Quelques photos reproduites donnent un reflet de ce terrible corpus de plus de 200 clichés.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Chyrau10

Passée la sidération de la découverte de clichés reproduisant la pendaison de 14 rebelles dans une mise en scène soigneusement organisée, les auteurs les mettent en perspective avec le reste du corpus, et  réfléchissent  à la propagande photographique en temps de guerre, et au sens à décrypter à travers ces cliches, à la question de la représentation de la  violence dont l'obscénité même justifie, ici, la nécessité.

Ce texte est constitué de petits chapitres qui lui donnent un côté un peu disparate. Il laisse un petit goût de superficialité cachée derrière une rhétorique pompeuse, qui le mène parfois à la limite de l'obscur. On regrette que la seule réflexion soit mise en avant, au détriment d'une connaissance du photographe, Gaston Chérau, dont la position face à ces clichés n'est que vaguement ébauchée (à tel point qu'on ne peut savoir si elle s'appuie sur l'analyse des documents écrits, ou s'il s'agit d'une interprétation des auteurs). Il n'en demeure pas moins qu'il pose de bonnes questions, fait émerger des documents jusque là oubliés quoique primordiaux, et qu'on y trouve quelques idées à glaner. L'exposition devait être passionnante!

mots-clés : #colonisation #essai #guerre #violence
par topocl
le Jeu 15 Fév - 13:32
 
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Stefan Zweig

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 512kcf10

Trois Maîtres : Balzac, Dickens, Dostoievski

Originale: Drei Meister. Balzac, Dickens, Dostojewski (Allemand, paru en complet en 1920)
séparé le Balzac 1908, le Dickens 1910 et le Dostoievski en travail sur plusieurs années (sept?!) jusqu’à une première parution en 1919

En ces trois romanciers du XIXème siècle Zweig voyait un peu des génies encyclopédiques, le summum des possibilités, en ce qui concerne le premier pour aller le plus loin dans une analyse d’une société, le deuxième dans les rapports familiaux, et le troisième, visiblement choyé par Zweig, comme celui qui a le plus exploré le lien entre l’individu et les questions existentiels.

Les deux premiers „maîtres“ trouvent des essais plus courts que je n’ai pas lu pour l’instant, étant concentré sur Dostoïevski.

Il ne s’agit PAS de biographies qui ne nécessitent pas un certain savoir de l’œuvre littéraire de ces auteurs. Au contraire: même s’il présente certaines lignes fondamentales de la vie de Dosto, les références fusent, et on comprend aisément que Zweig a du travailler l’œuvre de Dostoïevski du début jusqu’à la fin, inclus le Journal de l’écrivain, et des œuvres secondaires. Sa capacité d’en former une vision de l’œuvre, d’analyser des lignes essentielles m’a vraiment époustouflé, et j’aimerais conseiller ces essais d’un total d’environ 120 pages pour tous les amateurs de l’auteur russe. Sensiblement il y a de l’admiration chez Zweig pour l’auteur russe. Il arrive si bien de montrer celui-ci dans ces tiraillement entre les différents pôles des questionnements existentiels: oui, il parle volontiers d’un certain dualisme. Vouloir réduire ce Russe à un pôle, à un coté de la balance, cela serait déjà enlever quelque chose de la complexité de ce personnage et de son œuvre, entre réalisme et rêve, entre doute et foi, extase et souffrance etc.

On retrouve – en ce qui concerne les amateurs de Zweig lui-même, son langage magnifique et riche, des fois légèrement pathétique (?). C’est bien de se rappeler que ce grand romancier a alors travaillé sur beaucoup de biographies sur les „génies“ de l’humanité.

Entreprise réussie!

mots-clés : #biographie #creationartistique #essai
par tom léo
le Lun 12 Fév - 16:59
 
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Sujet: Stefan Zweig
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Todd Rose

La tyrannie de la norme

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Images80


Cette notion de norme repose sur la théorie moyenniste (Quetelet), apparue au XIXe siècle postulant qu'à partir d'un échantillon d'individus, on pouvait établir une moyenne,  représentative de l' individu moyen. A cela s'est ajouté l'idée (Galton) que quand on était bon quelque part, on l'était à peu près partout. Le taylorisme s'appuie sur ce mode de raisonnement, ne demandant à l'individu que de se conformer à la norme, de la réaliser ou d'être meilleur, sous l'ordre de managers, sans révéler ses talents cachés. Le travail est défini d'après cette norme, à l'individu de s'y conformer.

De nouvelles théories sont venues bouleverser cette conception du monde, montrant que l"individu moyen", n’est en fait le reflet d'aucun individu réel. Elles s'appuient sur le principe de discontinuité (on peut être bon quelque part et  mauvais ailleurs), le principe de contexte (on peut être bon dans une situation et mauvais dans l'autre) et le principe des parcours,  ( le fait qu'on soit rapide où l'on n'implique pas qu'on soit plus ou moins performant au final). D'où  l'idée du livre qu'il faut considérer l'individualité et non le système.

Après ces éléments théoriques, Todd Rose raconte quelques  expériences d'entreprises qui ont basé leur mode de recrutement et de progression professionnelle sur cette négation de la moyenne, cette recherche des talents ignorés dans une conception du  capitalisme comme  gagnant gagnant. Il donne des pistes qui permettraient d'introduire ces principes à l'université, pour le plus grand bénéfice de l'étudiant, futur professionnel, mais aussi des entreprises dans lesquelles il va s'insérer.

Une bonne synthèse, quelques idées nouvelles mais aussi quelques portes ouvertes enfoncées, au total une piste de réflexion qui n'est pas inintéressante.


mots-clés : #education #essai #mondedutravail #psychologique
par topocl
le Lun 15 Jan - 10:22
 
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Sujet: Todd Rose
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Géraldine Schwartz

Les Amnésiques

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 97820810

Géraldine Schwartz, journaliste franco-allemande écrit ce livre sur le travail de mémoire effectué en Allemagne et en France (et dans une moindre mesure dans d' autres pays européens) après la deuxième guerre mondiale, en rapport avec les faits de guerre et surtout  la discrimination des juifs , leur spoliation et leur assassinat. Elle sépare l'attitude de la RFA et celle de la RDA qui a attendu la destruction du mur, et avait alors aussi les enjeux de la dictature soviétique à gérer.  Elle en étudie les freins et les mécanismes d’accélération au fil des décennies et de trois génération successives, et les conséquences sur l'histoire des différents pays, jusqu'à aujourd'hui..
Il s'agissait de comprendre, de reconnaître,  de punir ou amnistier.  Cela s'adressait aux acteurs des fautes , mais aussi à l'ensemble des populations, ceux qui ont simplement suivi, enchaîné le pas, pas fait de vagues, les mittlaufer.

La partie objective de son étude  se nourrit de l'histoire de sa famille (son grand-père qui a racheté une entreprise juive  à bas prix, sa grand-mère qui adorait Hitler, son père qui dans le silence ambiant a fait partie de la génération qui a demandé des comptes et a épousé une française; et sa mère fille d'un gendarme français dont nul ne sait s'il a participé à des rafles ou fermé les yeux sur des personnes passant clandestinement la frontière entre zone occupée et zone libre ). Elle trouve un très judicieux équilibre entre cette histoire familiale et l'histoire des peuples.

Au final, elle questionne notre attitude vis-à-vis des réfugiés et constate que le travail de mémoire plus performant en Allemagne n’est sans doute pas étranger à l’attitude d'ouverture d'Angela Merkel.

C'est très intéressant et instructif, et en outre facile à lire.


mots-clés : #deuxiemeguerre #devoirdememoire #essai #genocide
par topocl
le Mar 2 Jan - 11:29
 
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Sujet: Géraldine Schwartz
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Georges Perec

« Penser/Classer »

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Penser10
Ça y est, je l'ai trouvé... et lu !
Les quatre « champs » de son œuvre, écriture (et énumérations), rangements de bibliothèque, réflexions sur la lecture, sur le souvenir, son analyse psychanalytique, 81 variations de recettes culinaires, de très pertinentes vues toujours d’actualité sur la mode (le diktat de cette manière de paraître), ces treize textes qui gravitent plus ou moins autour de notre façon d’ordonner notre pensée n’ont pas déçu mes attentes. Ils permettent d’approcher mieux l’auteur et ses recherches, et d’aborder des questions (pas toutes sociologiques ou littéraires) qu’en bon lecteur on se pose… Et en plus, c’est plein d’humour.
« Le monde comme puzzle » ‒ ou mosaïque ?

« Comme les bibliothécaires borgésiens de Babel qui cherchent le livre qui leur donnera la clé de tous les autres, nous oscillons entre l’illusion de l’achevé et le vertige de l’insaisissable. Au nom de l’achevé, nous voulons croire qu’un ordre unique existe qui nous permettrait d’accéder d’emblée au savoir ; au nom de l’insaisissable, nous voulons penser que l’ordre et le désordre sont les deux mêmes mots désignant le hasard.
Il se peut aussi que les deux soient des leurres, des trompe-l’œil destinés à dissimuler l’usure des livres et des systèmes.
Entre les deux en tout cas il n’est pas mauvais que nos bibliothèques servent aussi de temps à autre de pense-bête, de repose-chat et de fourre-tout »
« Notes brèves sur l’art et la manière de ranger ses livres »

« …] la mode est entièrement du côté de la violence : violence de la conformité, de l’adhérence aux modèles, violence du consensus social et des mépris qu’il dissimule. »
« La mode accentue l'instable, l'insaisissable, l'oubli : dérision du vécu ramené à des signes dérisoires, aux artifices de la patine et du skaï, à la grossièreté de ses faux-semblants. Dérision d’un vrai lui-même dérisoire, réduit à son squelette frauduleusement authentifié : le petit air vieillot pimpant neuf, la pseudo-imitation du simili-faux strass. Connivence factice, absence de dialogue : on partage la misère d’un code sans substance : le dernier cri.
Le contraire de la mode, ce n’est évidemment pas le démodé ; ce ne peut être que le présent : ce qui est là, ce qui est ancré, permanent, résistant, habité : l’objet et son souvenir, l’être et son histoire. »
« Douze regards obliques »


mots-clés : #essai
par Tristram
le Sam 2 Déc - 22:51
 
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Sujet: Georges Perec
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Ralph Waldo Emerson

Je récupérerai ceci de l'autre forum...

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 41hwdv10

Le scholar américain :

Il est peu d'ouvrages qui nous disent avec force l'esprit qui les anime. Ralph Waldo Emerson a prononcé une conférence en 1837 intitulée «The American Scholar». A posteriori, je devrais faire cette comparaison avec «Le savant et le politique» de Max Weber. Nous disons même que Max Weber fut largement influencé par la branche sociologique états-unienne. Toutefois, il est important d'établir une distinction : Emerson avait un intérêt pour l'histoire états-unienne et était soucieux du patrimoine littéraire. Il est lui-même un poète en prose. Ça transparaît dans sa conférence. Nous pourrions situer ce texte quelque part entre l'essai et la prose poétique. Pierre Monette parle de «scholar» et de l'importance de distinguer ce terme de quelque connotation intellectuelle au sens français du terme.

Le texte est relativement court, comptant trente pages. Nous pouvons aisément le comprendre d'autant plus qu'il s'agit d'une conférence. Dans cette même conférence, Emerson livre un plaidoyer en faveur de la curiosité et de l'importance de savoir dépasser ses propres maîtres. Je retiens un passage fort évocateur qui livre sa philosophie commune :
   
«La littérature du pauvre, les sentiments de l'enfant, la philosophie de la rue, le sens de la vie domestique sont les sujets du jour. C'est un grand pas en avant. N'est-ce pas le signe d'un regain de vigueur lorsque les extrémités se mettent à bouger, lorsque les chauds battements de la vie se font sentir jusqu'au bout des pieds et des mains.»

Ralph Waldo Emerson, Le scholar américain (1837), 2013, Montréal : Triptyque, p. 91.


Nous parlons souvent du transcendantalisme lorsqu'il s'agit d'Emerson. Il nous est permis d'en voir l'expression au cours de cette conférence qui plaide pour l'indépendance intellectuelle de la nation états-unienne par rapport aux contrées étrangères, plus particulièrement en Europe. Nous pouvons sentir une certaine communauté d'esprit avec Les Essais de Montaigne. Emerson prend fait et cause pour le «scholar» qui est détenteur d'un savoir spécialisé. Cette assertion s'oppose à l'intellectuel qui se mêle des choses qui ne le regardent pas à l'instar de la version proposée par Jean-Paul Sartre.

Je le répète ici, Emerson est tellement empreint du sentiment d'appartenir à la littérature américaine. Ça se sent jusqu'au choix de ses termes. Il est si recherché dans sa réflexion que nous flairons les astuces de l'essayiste et du poète qui sommeillent en lui.


mots-clés : #essai #xixesiecle
par Jack-Hubert Bukowski
le Lun 20 Nov - 9:59
 
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Sujet: Ralph Waldo Emerson
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Ralph Waldo Emerson

Relecture de ce que j'écrivais il y a pas loin de quatre ans, pas relecture du texte. Aujourd'hui je me sens toujours fort distant avec ça mais ça m'a aidé à caler ma vision, ma lecture de ces influences américaines.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 51ha9s10

En avant la récup pour une lecture de  Nature, pour le texte (en vo) : clic

lecture curieuse mais rapide parce que fatigue et parce qu'une partie du texte... tout en reconnaissant que c'est le genre de lecture qui bien que courte pose entre autres questions celle de la distance culturelle : un océan, une langue et bientôt 200 ans. Une distance qui va se mesurer pas tant sur des faiblesses démonstratives (on peut en lire de très actuelles) que sur des références (et encore) surtout un cadre de pensée, des images toutes faites auxquelles il est bien difficile d'échapper : visions standards sur la nature versus  une vision standard d'athée sur la religion et sa place dans le monde des idées !

Donc... Nature. ça serait une heureuse manifestation de Dieu. La vision de la nature est positive voire positiviste avec bienfaits matériels et bienfaits pour l'âme de qui sait voir. La nature représente une source innée d'inspiration et d'images pour le langage, une nourriture essentielle. Le langage lui se doit par justice de revenir à la nature, une réalisation active donc qui apparaît sous plusieurs formes dans l'essai. C'est le mélange de retour à un état originel et une réalisation nouvelle... et sans fin à proprement parler. Il reste une place infinie pour l'intuition.

Tout ça se noie petit peu dans le rapport au temps et à l'éternité entre spirituel et matériel, partie la moins convaincante et qui sert aussi à placer le rapport à Dieu et une certaine transcendance. Mais si on y regarde et même en y trouvant quelques bateaux. L'observation du besoin de nature, l'approche faite du langage et un positionnement vis à vis de l'art (révélation d'une vérité dans l'expression de la nature pour simplifier) c'est assez stimulant.

A coté de ça si on imagine que la vision d'un Dieu dépersonnifié et par là plus universel devait être point de litige on trouve une hiérarchie "moralisée" assez robuste avec de façon schématique ; Dieu, l'Homme puis la Nature. On retrouve une morale économique autour de l'exemple des dettes qui semble un peu rapide.

Je ne suis pas sûr de ne pas avoir commis quelques contresens dans ma lecture mais ça semble à sa manière contradictoire. L'ouverture de l'observation est en effet très limitée par le cadre donné qui n'est pas une interprétation mais un présupposé. On est aussi face à un monde dans lequel la volonté individuelle en somme l'emporte sur les circonstances extérieures (ce qui est une bizarre tentation face à la nature), il n'y a d'ailleurs pas encore de sélection naturelle ! La nature grandiose conforte une sorte de vision de  réussite humaine qu'on peut éventuellement trouver éloignée de préoccupation humanistes.... alors même que plus loin l'homme se doit de se découvrir lui même dans la nature.  

Étrange, déroutant. Porté par quelques énumérations et citations et de vibrantes envolées lyriques. Sans casser des briques du moins vu d'aujourd'hui et à travers un épais brouillard l'essai titille finalement assez pour que l'intérêt compense l'incompréhension et aussi le désaccord (presque le dédain). La vision de la nature est sommaire, de même que l'explication de mécanismes liées à la nature, mécanismes du langage et de la perception mais c'est vivant et met en avant bien que tout soit écrit d'avance une expérience et une vision dynamique de la nature.

Quelque chose qui rappelle de grands auteurs, Ramuz pour prendre un exemple qui me tient à cœur (mais qui renverse presque, presque, le sens des rapports), qui met en lumière une aspiration essentielle et son influence l'expression. Mais on ne sent pas franchement une pensée libre, volontaire. Ambitieuse certainement, mais pas libre, assez hiérarchique voire discriminante elle se prend dans son piège de tout expliquer.

On peut quand même tirer moult citations pratiques pour tout dire de façon un peu simple :

The corruption of man is followed by the corruption of language.

But wise men pierce this rotten diction and fasten words again to visible things; so that picturesque language is at once a commanding certificate that he who employs it, is a man in alliance with truth and God.

Parts of speech are metaphors, because the whole of nature is a metaphor of the human mind.

By degrees we may come to know the primitive sense of the permanent objects of nature, so that the world shall be to us an open book, and every form significant of its hidden life and final cause.

Idealism sees the world in God.


Alors pour en revenir à Thoreau, on le sent bien dans ce moule mais Walden ressemblerait à une mise en application du rapport décrit par Emerson dans Nature, c'est à dire qu'il tire de moins grandes conclusions et à travers la recherche d'un contact plus grand gomme le rapport de supériorité de principe de l'individu à son monde... sans le démunir de sa volonté.

Il y a une forme de romantisme barbare dans cette entreprise dont la durabilité culturelle serait à mettre au compte des grands espaces sauvages du continent/pays ?

mots-clés : #essai #nature #xixesiecle
par animal
le Dim 19 Nov - 14:18
 
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Sujet: Ralph Waldo Emerson
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Henry David Thoreau

bix_229 a écrit:
Pourquoi ? parce qu'il refusa à un certain moment de payer ses impôts, parce qu'il détestait les règles et les diktats imposés par la société.
Surtout, il s'opposa à l'esclavagisme et à la guerre de conquête au Mexique du gouvernement américain.



Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 61v64y10
La désobéissance civile

En 1849 est publié "La Désobéissance civile" de HD Thoreau (traduction anonyme), cet ouvrage comme il l'écrit est une réaction à l'esclavagisme et à la Guerre du Mexique, il y développe ses idées sur les réactions à avoir face au "Gouvernement."
Pour lui : "le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout" . Il est contre "une armée permanente", le gouvernement ne serait qu'un simple intermédiaire choisi par le peuple pour exercer ses volontés, il est cependant sujet à abus et perversions. Il relève le fait que le gouvernement américain n'est qu'une tradition récente, il n'aurait ni "vitalité ni énergie", car un seul homme peut le soumettre, cependant Thoreau n'est pas Anarchiste, il le dit lui même : "je ne demande pas d'emblée "point de gouvernement", mais d'emblée un meilleur gouvernement"
"Ne peut il exister de gouvernement où ce ne seraient pas les majorités qui trancheraient du bien ou du mal, mais la conscience?"
Il s'oppose à l'esclavage prôné par le monde du commerce : "en d'autres termes, lorsqu'un sixième de la population d'une nation qui se prétend le havre de la liberté est composé d'esclaves, et que tout un pays est injustement envahi et conquis (..le Mexique..) par une armée étrangère et soumis à la loi martiale, je pense qu'il n'est pas trop tôt pour les honnêtes gens de se soulever et de passer à la révolte".
En 1863 les esclaves étaient émancipés alors que la guerre de Sécession avait commencé deux ans plus tôt et que deux ans plus tard Lincoln sera assassiné (premier Président à être assassiné) en 1848 la Guerre du Mexique fut une des causes de la Guerre de Sécession.

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 111

mots-clés : #essai #politique
par Chamaco
le Sam 18 Nov - 14:19
 
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Sujet: Henry David Thoreau
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W.G. Sebald

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 Sebald10

SEJOURS A LA CAMPAGNE

Sebald a rassemblé dans ce livre quelques écrivains proches de lui, spirituellement et géographiquement -en gros le paysage préalpin-
Il semble penser qu'à travers les ages et les lieux, se tissent d'étranges parentés, des affinités électives.
Et que la même "mélancolie lyrique" les accompagne.
Et Sebald va plus loin, l'écrivain -un certain type d'écrivain- est un être malade, mentalement malade, moins désireux d'écrire qu'incapable de ne pas le faire.
Autrement dit, l'écriture serait une contrainte tyrannique à laquelle l'écrivain ne peut échapper.
En pensant à ce type d'écrivains, Sebald précise :
"Le trouble du comportement pousse à transformer en mots tout ce qu'on éprouve, et avec une sureté surprenante à passer à coté de la vie".

A propos de Jean Jacques Rousseau :
"...on pourrait aussi comprendre l'écriture comme un acte en permanence contraignant prouvant que l'écrivain, de tous les sujets malades, est peut etre le plus incurable".

A propos de Morike :
"... l'écriture, ce vice qui en un sens permet un peu de compenser et bien souvent ne lache plus quiconque a commencé à s'y adonner".

Ce livre pourrait être lu seulement pour ce qu'il écrit sur Robert Walser, dans le texte intitulé "Le promeneur solitaire", tant Sebald manifeste de sympathie, de clairvoyance, de compassion pour le malheureux écrivain suisse.
Il faudrait tout citer...

"Walser et Gogol ont en commun d'être comme des oiseaux sur la branche, en commun aussi cette terrible fragilité, les changements d'humeur, la panique, l'humour merveilleusement fantasque et empreint d'une noire tristesse, la manie des bouts de papier et justement l'invention de tout un peuple de pauvres ames, d'un défilé ininterrompu de masques servant à la mystification autobiographique..."

Parlant des débuts d'écrivain de Walser :
"Il écrit sans arrêt avec de plus en plus de difficulté, il continue d'écrire jour après jour jusqu'à la limite et fréquemment un peu au delà..."

Dans le contexte des années 30 et la montée du nazisme, Sebald explique l'écriture des microgrammes "comme un exercice préparatoire à la vie en clandestinité, les messages secrets de quelqu'un qui se trouve rejeté dans l'illégalité...
Et c'est aussi le moyen de surmonter l'inhibition qui l'empéchait d'écrire et de tenter de se soustraire aux instances de jugement, de se musser sous le langage et de complètement s'effacer..."


Sebald conclut :
"Walser m'a sans cesse ccompagné. Il suffit que je quitte un moment mon travail quotidien pour l'apercevoir quelque part, à l'écart, figure reconnaissable entre toutes du promeneur solitaire qui contemple un instant le paysage qui l'entoure..."

Sebald, à plusieurs reprises insiste sur l'impossibilité de définir ou d'expliquer la singularité radicale de Walser.
Et j'ajouterai pour ma part que cette impossibilité de définir ou d'expliquer vaut tout autant pour Sebald et pour nimporte lequel d'entre nous.
Mais que la tentative de Sebald est belle et inoubliable !

Rapatrié

mots-clés : #biographie #creationartistique #essai
par bix_229
le Jeu 9 Nov - 17:02
 
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Sujet: W.G. Sebald
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George Orwell

Tag essai sur Des Choses à lire - Page 7 51h01m10

Dans le ventre de la baleine et autres essais (1931-1943)

Littérature, parcours personnel, socialisme, engagement, Guerre d'Espagne, fascisme, Angleterre, patriotisme, politique tels sont les sujets abordés dans cette sélection de textes.

Rentre dedans sans se laisser aller au tape à l’œil facile, Orwell a l'air d'un homme en... révolte plutôt qu'en colère, une révolte constante qui ne doit surtout pas exclure le choix et l'engagement, y compris physique, y compris le choix du combat. Ce qui frappe dans son exercice de la critique, car c'est surtout de ça qu'il s'agit, c'est qu'il n'hésite pas plus à relever ce qui lui plait, par exemple chez un écrivain comme Dickens, qu'à nommer ce qui ne luit plait pas. De la même manière sur le versant politique il ne se présente jamais les mains vides, il a des idées et des solutions à essayer.

Avec la touche d'humour et d'ironie qui ne manque pas de faire mouche quand il le faut on tient donc une lecture diversifiée et vivifiante. Je reconnais avoir pataugé un brin dans certaines longues tirades sur l'Angleterre et le patriotisme mais c'est assez emblématique du bonhomme et complexifie sa figure d'homme de gauche contrariant pour tout le monde. Sa défiance envers les grands mouvements politiques ne s'arrête pas à la Guerre d'Espagne et on retombe plus tard sur un jeu de vocabulaire qui laisse penser que des décennies après les occasions ratées sont toujours là.

On peut apprécier qu'il apparaisse plus normal, quoique avec une pensée aussi active... que prophète et goûter ainsi un peu plus pleinement la lucidité qui guide sa démarche. La même lucidité qui motive l'urgence quand le monde s'emballe, abandonne l'Espagne et se précipite à reculons dans notre deuxième conflit mondial.

C'est fort intéressant pour qui est sensible à cet auteur et recoupe ce qu'on apprend de lui au travers de ces romans et récits.

Quelques lignes mal ordonnées (désolé ça mérite tellement mieux) avant de laisser place à des citations/extraits.

Et une pensée pour les lectures communes de Bédou et Shanidar sur la Guerre d'Espagne et les mouvements de pensée du siècle dernier !


Mots-clés : #creationartistique #deuxiemeguerre #essai #guerredespagne #historique #social
par animal
le Jeu 26 Oct - 22:24
 
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Sujet: George Orwell
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