Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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113 résultats trouvés pour Relationenfantparent

Daniel Mendelsohn

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Cvt_un10

Une odyssée : un père, un fils, une épopée

Topocl a évoqué avec beaucoup de justesse la beauté rare du récit composé par Daniel Mendelsohn. Le mythe révèle par l'écrit l'intime et interroge l'individu confronté à ses proches choix, à l'angoisse d'une perte, à la fragilité de la vie.

J'ai été particulièrement touché par l'humilité du regard de Daniel Mendelsohn envers son père. De l'entame d'un séminaire sur l"Odyssée" d'Homère aux imprévus d'une croisière méditerranéenne sur les traces de cette épopée, le fils découvre des richesses apparemment enfouies et remet en cause ses propres interprétations et perceptions. Les nuances, les contradictions et les complexités d'un être peuvent alors être perçues et transmises, créant un pont entre les multiples richesses d'un passé et l'édifice d'une histoire personnelle à construire.


mots-clés : #antiquite #autobiographie #contemporain #creationartistique #famille #relationenfantparent
par Avadoro
le Ven 7 Sep - 0:43
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Daniel Mendelsohn
Réponses: 56
Vues: 5239

Alan Pauls

Histoire de l'argent.

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Argen_10

C'est une histoire de famille décomposée, le fils, simplement dénommé par "il" , étrange et inconsistant  pont entre ses parents séparés. Le quatrième membre de la famille et l'argent cet argent qui coule à flot, avec lequel chacun joue à sa façon (au casino, au poker, en placements, en immobilier mais aussi en secrets, cachage, empaquetages divers, passionnant jeu d'amour perverti). L'argent est le lien entre les personnes, le but ultime, qui n'exclue pas cependant le débordement des sentiments, pour  cette mère tout à la fois  abusive et quémandeuse, ce père fantasque et charismatique. L'argent se donne, se prête, se rend somptueusement, s'extorque, se lègue, donne des émotions tendres ou fortes ; l'argent interroge assure, il humilie. L'argent est à la foi une valeur sûre, fondatrice, mais aussi insaisissable dans ces années 70 d'inflation monstrueuse, de corruption, de kidnapping à rançons exorbitantes. Ces gens sont riches à en mourir (comme le premier personnage à aparaître, le "premier mort" du héros adolescent, mort dans un curieux accident d'hélicoptère, et chacun s'interroge sur le devenir de la valise de fric disparue avec lui), ils croient que l'argent est leur rempart, mais découvrent qu'il ne protège de rien, il sont riches, mais dérisoires.

S'il m'a été assez difficile d'éprouver une réelle sympathie pour ces très riches et leur dieu clinquant, Alan Pauls est arrivé par  son ironie mordante à faire plus qu'éveiller mon intérêt pour ce fonctionnement dé-réel, qui donne une réelle jouissance de lecture. Cela tient aussi à sa façon singulière, brillante, de raconter, d'éclater complètement la temporalité dans des allers retours aussi audacieux qu'irrationnels, de partir en digressions, au fil de longues phrases tendues au cordeau, parsemées de parenthèses, qui mettent une pression dans l'écriture.

je me demande comment dans histoire de cheveux , il met les cheveux au centre du récit, j'irai voir ça un de ces jours.
(Merci Bédou Very Happy !)


mots-clés : #relationenfantparent
par topocl
le Mar 21 Aoû - 12:06
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Alan Pauls
Réponses: 23
Vues: 1609

Claire Messud

La fille qui brûle

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 518vwm10

C'est l'histoire du passage à l'adolescence entre deux amies de la toute petite enfance, celle qui  raconte, et s'en sort pas mal, et l'autre moins bien dotée au départ, qui s'éloigne, s'enfonce dans des comportements que plus personne ne comprend, entraînant un rejet qui ne fait qu'aggraver sa détresse.

C'est très finement observé, cette fragilité d'une période où se révèlent les carences de l'enfance jusque-là masquées, où explosent les questionnements, et tout est si difficile si on ne trouve pas les bonnes alliances.

Le récit est tout en nuance, en bonnes trouvailles, c'est parfaitement maîtrisé, presque trop, les sentiments sont pour ainsi dire remplacés par cette acuité. C'est une bonne lecture, d'un roman bien structuré, qui  remue des périodes de trouble que nous avons vécues, mais où, peut-être, justement, il manque un certain trouble.

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Sanato10



mots-clés : #amitié #conditionfeminine #enfance #identite #initiatique #psychologique #relationenfantparent #solitude
par topocl
le Mer 8 Aoû - 9:27
 
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Sujet: Claire Messud
Réponses: 26
Vues: 2426

Robert Olen Butler

L'appel du fleuve.
traduit par jean-Luc Piningre

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 51mbdk10

Cela aurait pu s'appeler aussi l'Appel de la guerre. Sur 5 générations, c'est une histoire du genre "Tu seras un homme mon fils!", mais ça ne marche pas.

Robert 70 ans est marié à Darna dans une relation toute de silences, de non dits, de  respect, de partage intellectuel, de courtes phrase qui se suffisent à elles-même. Pendant les quelques jours qui entourent la mort de son père, les vieux démons qu'il a ramenés de la guerre du Vietnam et gardés secrets au fil des décennies l'envahissent. Le grand-père a fait la Grande Guerre, le père a combattu Hitler. Lui a voulu gagner l'amour de son père (bel échec) en s'engageant, alors que son frère a fui au Canada, tranchant définitivement dans l'amour des siens. Ceux qui sont partis ont ramené des secrets terribles que leur femmes ont respectés, les soutenant chacune à sa manière. Un SDF  psychotique traîne par là, son père vétéran du Viet-Nam lui soufflant sa conduite dans son cerveau malade.

C'est donc un thème qu'on a déjà vu et revu, la guerre, le Vietnam, les traumatismes, les secrets, les enfants , les femmes, tout l’entourage qui en souffre.

J'ai assez aimé la façon de faire de Robert (tiens, il s'appelle Robert et je n'ai pas trouvé de biographie qui dise s'il a fait le Viet Nam) Olen Butler. D'abord j'aime bien les enterrements et tout ce qui tourne autour, en littérature du moins : c’est le moment de réunir tout le monde, de catalyser les sentiments, de dire les choses inavouées etc... Et là il s'en sort plutôt bien, c'est puissamment mené, sans débordements, dans cette réserve sentimentale qui semble affecter 'presque) tous les membres de la famille, cachant leur détresse derrière un mot, un geste, un silence.

Robert, cet homme vieillissant qui devient du jour au lendemain l’aîné de cette  famille déchirée, n’est pas la brute qu'ont pu donner les guerres aux générations précédentes; c'est un homme éduqué, intelligent, brillant même , attachant,  qui cache, tout enfoui,  un tout jeune garçon traumatisé et est autant déchiré par le traumatisme que par le secret. J'ai beaucoup aimé ce couple qu'il forme avec sa femme (et d'une façon générale la place des femmes dans ce roman), ce que l'amour est devenu en 50 ans, qui n'a plus besoin des mêmes enthousiasmes et artifices, qui trouve une certaine paix, laquelle peut sembler terne, mais cache en fait une énergie et une tendresse qui n'a même plus besoin de se dire.

Et puis, si au début les réminiscences et autres ramentevances m'ont un peu irritée, comme des flashbacks hollywoodiens, elles  se sont peu à peu mêlées au quotidien, aux espoirs, aux pensées, aux rêves, aux délires, elles ont pris leur place et tout le récit  fonctionne  sur cela, le passé, toujours présent, c'est assez prenant.



mots-clés : #amour #famille #guerre #mort #psychologique #relationenfantparent #vieillesse
par topocl
le Dim 5 Aoû - 11:05
 
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Sujet: Robert Olen Butler
Réponses: 3
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Robert Penn Warren

Tous les hommes du roi

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy_31

Après tant de mois, j'y étais enfin. Car rien ne se perd, rien ne se perd jamais. Il y a toujours un indice, une facture, une marque de rouge à lèvres, une empreinte de pied dans la plantation, un préservatif sur le sentier du parc, une vieille blessure qui lance, un souvenir d'enfance, une infection dans le sang. Et le passé, le présent et le futur ne sont qu'un seul et même temps, et les morts n'ont jamais vécu avant que nous leur donnions vie, et leurs yeux, au-delà des ténèbres, nous implorent.


Que voilà un roman majestueux, virtuose, prolifique! Un roman noir qui emprunte au meilleur du genre, ses politiques véreux mais pathétiques, suant dans leurs costumes  élégants, ses petits malfrat obéissant dans la chaleur humide du Sud, où il ferait si bon boire et fumer sur les vérandas, si seulement la vie décidait d'être douce et simple, si seulement ces personnages crapuleux n'étaient pas aussi des hommes souffrants... Mais non, l'homme est par nature tourmenté, ballotté par la douloureuse splendeur du ballet de ses sentiments, désespéré de trouver un sens à la vie, une réponse aux aspirations de l'enfant qu'il était, de se définir en tant qu'individu cohérent, de dénouer l’inextricable nœud des responsabilités.

Racontée depuis les temps tardifs de l'apaisement, cette tragédie digne des Atrides nourrit un grand roman des illusions perdues, disserte sur le bien et le mal, la pureté impossible et la rédemption interdite.

C'est jack Burden qui raconte, Jack qui est celui qui ne se salit pas les mains, ou y croit, en tout cas.

il a dit que si le monde était  un tas d'ordures, l'homme, pour sa part, n'avait pas à l'être.


Tout à la fois journaliste et historien il  va comprendre que la quête de la Vérité ne suffit à sauver le monde :  "L'ignorance, c’est le bonheur".

Mais le monde est une gigantesque boule de neige qui dévale une montagne, et jamais on ne la voit remonter la pente pour revenir à l'état de flocons, à l'état de rien.


Car oui,  aussi : "La connaissance c'est le pouvoir", c'est ce qu'a compris Willy Stark, dont il est le bras droit, un "grand couillon naïf" parti de rien et devenu  Gouverneur "intense, inquisiteur, exigeant",  un populiste adulé par les petits, qui sait corrompre, asservir, terroriser.

-Tu as cru que tu pouvais me rouler...faire en sorte que je l'achète. Eh bien je ne vais pas l'acheter! Je vais l'écraser! J'ai déjà acheté trop de fils de pute. Si tu les écrases, au moins ils ne mouftent plus, mais quand tu les achètes, impossible de savoir combien de temps ils vont rester à ta botte.


Ces deux hommes pleins d'estime l'un pour l'autre dans leurs différences,versions pile et face de l'espèce humaine, se répondent en fait comme deux miroirs face à face, et ces miroirs mettent en lumière leurs ambiguïtés. Racontant Willy Stark, Jack Burden se dévoile, solitaire crâneur, homme d'amour et d'amitié, fils orphelin, il  pêche à la fontaine du souvenir , car tout se tient,  "c'est uniquement avec le passé que se forge le futur"

Il y a ce récit tragique aux accents déchirants, ces héros haïssables et qu'on aime pourtant, fasciné, charmé. Il y a aussi l'inventivité, l'acuité, le lyrisme de l'écriture de Robert Penn Warren, tout à la fois sensuelle et vigoureuse, patiente, attentionnée, liquide.  Il y a les pièces du puzzle patiemment accolées, les allers et retours, les chemins transversaux. Il y a les leitmotivs, les réminiscences obsédantes,. il y a les métaphores, leur pertinence, leur sensualité, leur poésie.

Le monde entier, les troncs nus des autres arbres, qui avaient perdu leurs feuilles désormais, le toit des maisons et même le ciel lui-même avaient un air pâle, lavé, soulagé, similaire à celui que peut avoir un homme souffrant d'une longue maladie qui se sent mieux et pense qu'il va peut-être guérir.


Il y a une lectrice comblée.




Ton Ami de Jeunesse est le seul ami que tu auras vraiment, car il ne te voit pas tel que tu es. Dans son esprit, il voit un visage qui n'existe plus, prononce un nom - Spike, Bud, Snip, Red, Rutsky, Jack, Dave - qui appartient à ce visage sans existence, mais qui, par quelque confusion absurde et sénile de l'univers, se rattache maintenant à un étranger ennuyeux qu'on regrette d'avoir rencontré. Mais il se plie à cette confusion sénile, incontinente, de l'univers et continue d'appeler ce pénible étranger par le nom qui n'appartient vraiment qu'à ce jeune visage d'autrefois, à l'époque où sa jeune voix appelait faiblement par-dessus le fruit des flots en fin d'après-midi, murmurait la nuit près d'un feu de camp, ou disait au milieu d'une rue bondée : « Oh, écoute un peu ça : « Aux confins du Welnlok, anxieuse est la forêt... Le Wrekin a gonflé  sa haute toison d'arbres » » Ton Ami de Jeunesse ne reste un ami que parce qu'il ne te voit plus.


Mots-clés : #amitié #amour #corruption #culpabilité #identite #relationenfantparent #trahison
par topocl
le Lun 9 Juil - 21:36
 
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Sujet: Robert Penn Warren
Réponses: 24
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Catherine Mavrikakis

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Ballad10

La Ballade d' Ali Baba

Aux Etats Unis, les pères sont souvent absents et les maris, des  ex maris.
Parce qu'ils sont immatures, égoïstes. Trop souvent, ils fuient leurs responsabilités.
Ailleurs aussi ?
Bon.
En tout cas, celui de la narratrice est mythomane, frimeur, narcissique, volage. Quoi encore ? Joueur invétéré.
Mais c'est aussi un séducteur irrésistible.
Il a eu trois filles et pensait à elle de temps en temps.
Erina, l'ainée, la narratrice fut très aimée, enfin jusqu' à ses cinq ans. Ensuite il la quitta, elle et ses soeurs et sa femme. A dix ans, Erina l'avait déjà mis à jour.
Un jour, il l'emmena à La Vegas.

"Ses gestes sont calculés et dramatiques. A la table de jeu, il joue le rôle du père divorcé mais proche de sa fille."

Erina lui en veut. D'avoir été tellement absent de sa vie à elle. Elle ne le reverra que mort. Et malgré elle, émue et pensive.

Mais ne voilà t-il pas qu'il reparait à ses yeux un mois de février 2013.
Dans les rues de Montréal balayées par une tempête de neige. Un vieillard frêle et vêtu d'un léger pardessus.
Et mort depuis neuf mois...
Il n'a rien perdu de son aplomb. Il l'attendait, dit-il.
Citant Shakespeare, "Le temps est sorti de ses gonds", il l'entraîne dans une maison où une femme l'attend. Il explique que les morts connaissent une espèce de sursis provisoiere.
Il raconte sa vie à Erina du début à la fin, et lui demande d'aller à la belle saison chercher ses cendres dans ce cimetière glacé de Montréal où sa femme l'a enfermé. Et d' aller les disperser dans le lieu de son choix.
Souhait réalisé. La voilà de retour à Key Largo, en Floride avec à ses cotés la boîte de biscuits où reposent les cendres paternelles.

Quarante cinq ans plus tôt, le père l'avait conduite là avec ses soeurs.
C'était un lieu qu'il aimait. Et c'est là qu'il reposera.
Enfin quand il en aura l'envie, parce qu'il a, dit-il, encore une soif d'errance avant de disparaitre à jamais.

Tel est ce livre sur la nostalgie. Une nostalgie sur ce qui aurait pu/du être.
Sur les rendez-vous ratés avec son père. Sauf sous l'apparence d'un fantôme que la fiction ressuscite.
La réalité colle toujours aux semelles et comme elle, elle alourdit.
C'est pourquoi le lecteur doit aller au delà de qu' il trouve/croit  trouver et y ajouter ce qu'il imagine.
C'est ce que j' ai fait.

mots-clés : #relationenfantparent
par bix_229
le Sam 7 Juil - 18:14
 
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Sujet: Catherine Mavrikakis
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Siri Hustvedt

Tout ce que j'aimais

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Tout-c10

C'est l'histoire d'une vie qui passe. Que cela ait lieu dans le milieu artiste et intellectuel New-Yorkais, que les troubles psychiques, hystérie ou psychopathie notamment, y aient une place de premier plan, lui donne un aspect assez typiquement Hustvedtien. Ce n'est d'ailleurs pas ce qui est le plus réussi : les longues digressions psychiatriques, les non moins longues descriptions d’œuvres d'art contemporain (qui ont un sens j'en suis sûre, mais à un degré très élevé que je n'ai pas su décrypter ) m'ont invitée à sauter quelques passages. il y a un curieux mélange de la typique distance de l'auteur, son côté scientifique-rigoureux-analytique-observateur qui curieusement donne toute sa valeur à l' empathie déchirante vis-à-vis de ses personnages souffrants, vis-à-vis des deuils et des renoncements. Roman irrégulier, donc, d'une ambiance parfois étouffante, parfois provocateur, mais attachant.


mots-clés : #amitié #amour #creationartistique #psychologique #relationenfantparent
par topocl
le Sam 23 Juin - 9:46
 
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Stieg Larsson

La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 41r3pa10

Il ne faut pas craindre l'accumulation ou  le trop plein. Stieg Larsson était un obsessionnel, qui n'hésitait pas à écrire une page entière sur l'achat de mobilier de Lisbeth à ikea, sur sa liste de courses à 7-eleven, à ne louper aucun café avalé (en précisant de quel café il s'agit)  aucune cigarette fumée, aucune douche prise, aucune biographie détaillée, aucune marque d'arme à feu, aucun itinéraire etc...Et qui manifestement jubilait à entrecroiser les nœuds de sa pelote soigneusement emmêlée, d'y ajouter des couches, des complications, des liens externes,  des complications encore. Un type à la logique si implacable que même les multiples coïncidences deviennent acceptables..

Ceci admis , c'est avec un parfait plaisir qu'on retrouve Lisbeth Salander, soigneusement occupée à effacer toute trace d'elle sur terre (dans une première partie il est vrai un peu longuette - mais après, quand ça démarre, ça démarre à 100 à l'heure). Cette habile manipulation va malheureusement aboutir au résultat de la placer sous les projecteurs, comme principale suspecte de trois meurtres opérés en une même soirée. Le lien s’avérera être le commerce du sexe, thème féministe une fois de plus chez cet auteur.

Lisbeth tient la place centrale dans ce roman, qui non seulement nous découvre ses origines dans une enfance plutôt corsée (et même plus), une adolescence manipulée sans que nul ne le sache par les services secrets. Elle reste cette Lisbeth si atypique, et ses talents de super-woman augmentent encore, capable de hacker n'importe quel ordinateur, de défier n'importe quel système de surveillance, de fixer n'importe quel document en détail dans sa mémoire hypermnésique, de terrasser n’importe quel agresseur deux fois plus lourd qu'elle, et le pire c’est qu'on y croit!  Dans son libertarisme solitaire, sa logique très personnelle, sa violence intériorisée et extériorisée, sa détermination insondable, son mètre cinquante, elle reste épatamment séduisante (pour une héroïne de roman en tout cas), déroutante et invincible.

Dans cette enquête bien corsée, trois équipes font la course et interagissent, la police, globalement convaincue de la culpabilité de Lisbeth, et ses deux amis : Dragan l'ancien employeur  qui voudrait bien comprendre et Mikael Blomkvist convaincu de son innocence. On est dans un sacré roman choral, avec un aspect militant pour la liberté  et les droits de l'homme et de la femme. qui prend alternativement le point de vue de Lisbeth, des divers enquêteurs, et des malfrats pour dresser des portraits incisifs  sans négliger personne. On passe un vraiment bon moment, on sait très bien que Lisbeth s'en sortira, et qu'importent les moyens



mots-clés : #conditionfeminine #criminalite #polar #politique #relationenfantparent #romanchoral #vengeance
par topocl
le Sam 16 Juin - 10:41
 
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Sujet: Stieg Larsson
Réponses: 10
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Cécile Pivot

Comme d'habitude

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J'ai craint au début un énième récit sur la relation d'une mère avec son fils autiste, Antoine, maintenant 21 ans, avec tout ce que cela implique d'amour, d'épuisement , de culpabilité, de bêtises et de traits de génie, d'échecs et de victoires, d'humaine ambivalence en somme , les réactions bêtes (voire méchantes) des gens, les difficultés à trouver des solutions  pratiques, non de garde, mais de modes de vie.  Il n'y a là guère de travail littéraire, mais des annotations au jour le jour, sans forcément d'ordre chronologique, mais finalement ce choix de simplicité, qui parait naïf au début, ouvre la porte à un récit assez poignant, d'une sincérité désarmante, un portrait d'une femme qui refuse les compromissions, qui reste elle-même dans cette lutte, qui continue à bousculer son fils, parfois peut-être trop continue, mais elle s'autorise, à penser à elle. Elle  reconnaît ses limites, elle l'aime avec toute son humble maladresse.

mots-clés : #autobiographie #psychologique #relationenfantparent
par topocl
le Mer 13 Juin - 11:45
 
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Sujet: Cécile Pivot
Réponses: 7
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Laura Kasischke

Esprit d’hiver

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Esprit10

Le titre se réfère à un poème de Wllace Stevens.

Ne faites pas la même bêtise que moi : en feuilletant le livre, je suis tombé sur la dernière page imprimée avec une typographie différente, j’ai pensé à une table des matières ou quelque chose de ce genre ; erreur, cette page donne une explication rationnelle à ce qui précède.
Toutefois, le côté thriller du récit n’est qu’un des aspects, qui n’est pas, à mon avis, le plus intéressant de ce livre. Disons que c’en est le moteur.

Nous voilà donc dans une famille de classe moyenne du Michigan le matin de Noël. La maîtresse de maison, Holly, se réveille tard, trop tard. Son époux doit partir précipitamment  chercher à l’aéroport ses parents, les invités vont arriver. Pour couronner le tout, Tatiana, adolescente en crise est d’humeur revêche.
A partir de là tout va aller de mal en pire : le blizzard souffle, les invités se décommandent, Eric doit gagner un hôpital en raison de ses parents en pleine « confusion ». Le réel commence à se fissurer de toute part.

Le récit se construit essentiellement sur les rapports entre Holly, la mère, une poétesse incapable d’écrire à nouveau et Taty, sa fille. Des allers-retours précisent le rapport qui les unit. Holly fait partie d’une famille frappée par une maladie génétique : sa mère, une de ses sœurs sont mortes de cancer, une autre sœur se suicide. Holly décide donc une mammectomie et une ovariectomie pour conjurer le destin de sa famille. Elle adopte Tatiana, jeune orpheline russe.

Il s’agit donc d’un roman sur la filiation, sur le patrimoine génétique d’une personne qui est conçue avec des facteurs prédéterminés de chance ou de pas de chance.
C’est un livre aussi sur les non-dits, sur ce qu’on décide de mettre dans un coin de l’esprit et d’oublier. Holly a une technique toute particulière pour cela. Elle porte un élastique au poignet qu’elle fait claquer sur la peau, si nécessaire. Car seul compte le bonheur de Tatiana.

L’écriture de Laura Kasischke joue à merveille de ce huit-clos enfermé sous la neige qui tombe sans arrêt et enfouit tout ; atmosphère qui paradoxalement va réveiller les fêlures entre la mère et sa fille.

Spoiler:


« Esprit d’hiver » est un très beau roman que j’ai eu du plaisir à lire. Sûr, je vais continuer avec cette écrivaine.

« Et bien, avait expliquée Tatiana, parfois l’âme pouvait être derrière le corps, peut-être, et parfois elle pouvait être à côté ou en-dessous ou au-dessus, mais oui, habituellement elle se trouvait à l’intérieur. Un livre, par exemple, avait son âme dans le creux entre les deux pages du milieu. C’était typique des choses pliables. Comme les papillons qui avaient l’âme là où leurs deux ailes se rejoignaient. »


« … c’était à cette occasion que Holly avait vu les pieds nus de sa belle-mère.
Ils ressemblaient à d’horribles oiseaux déplumés. Des choses émaciées et sans ailes, préparées pour un maigre repas de prison ou une soupe du tiers-monde. Holly crut même voir le sang couler dans les veines de ces pieds, se rassemblant en petits amas de la taille d’une pastille avant de pulser. Ces pieds l’avaient rendue malade de pitié. Elle s’était dit que ce n’était pas étonnant que la vieille femme clopine de la sorte. Comment Gin arrivait-elle-même à marcher ? Et combien de temps encore des pieds si abîmés, si épuisés pouvaient-ils tout bonnement marcher sur cette terre ?»


« Ils se dirent au revoir puis, une fois la discussion finie, Holly écouta le bruit de la connexion coupée, qui était celle d’une hache toute minuscule s’abattant sur le tronc très fin d’un arbre. »


Deux réflexions intéressantes dans une interview publiée par le journal Le Monde du 22/08/2013 :

« Oui, reprend Laura Kasischke. Ici, dans Esprit d'hiver, c'est le refoulement, le déni, les souvenirs "oubliés"... Tous mes livres tournent autour de ça, l'inconscient, sa façon de nous travailler au quotidien, dans la fausse quiétude de l'univers domestique. »


« Œdipe, le roi Lear, Nora dans Une maison de poupée d'Ibsen... Vous voyez, c'est toujours la même obsession qui revient, des êtres qui voudraient supprimer des choses qu'ils savent avant que ces choses ne les anéantissent eux-mêmes."



mots-clés : #contemporain #famille #psychologique #relationenfantparent
par ArenSor
le Lun 4 Juin - 11:35
 
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Sujet: Laura Kasischke
Réponses: 45
Vues: 3026

Philip Roth

Patrimoine Une histoire vraie

Tag relationenfantparent sur Des Choses à lire - Page 5 Proxy_59

Il appartient à la horde primitive de ces fils qui, comme Freud se plaisait à le présumer, sont enclins à tuer le père - qui le haïssent et le craignent et, après avoir triomphé de lui, l'honorent en le dévorant. Et moi, j'appartiens à la horde incapable de décocher le moindre coup. Nous ne sommes pas ainsi, et nous ne pourrions l'être ni avec nos pères, ni avec personne. Nous sommes les fils que la violence épouvante, qui ne sauraient infliger la moindre souffrance physique, incapables de battre et d'assommer, inaptes à pulvériser fût-ce l'ennemi qui le mériterait le plus, et pourtant, pas nécessairement dénués de pétulance, de caractère, voire de férocité. Nous avons des dents tout comme les cannibales, mais elles sont là, plantées dans nos mâchoires, pour nous aider à mieux articuler. Quand nous ravageons, ou que nous exterminons, ce n'est pas avec des points déchaînés ou des machinations cruelles ou une violence démente et tentaculaire, mais avec nos mots, avec notre cerveau, notre mentalité, tout ce qui a suscité un abîme atroce entre nos  pères et nous, et qu'eux-mêmes se sont échinés à nous procurer. Et nous incitant à être aussi astucieux et bons petits yeshivas buchers, ils ne soupçonnaient guère qu'ils nous donnaient des armes pour les laisser isolés et frappés de stupeur face à notre incessant bavardage.


Dix ans se sont écoulés depuis ma dernière lecture, j'ai changé de génération en quelque sorte, et mon père est mort. j'ai donc lu Patrimoine avec un autre œil , plus touché, certainement.

Touchée par ce portrait d'un père qui quitte la scène, plutôt rustre, un père qui ne maîtrise pas les mots et encore moins la littérature, mais qui maîtrise sacrément bien la vie, contre les vacheries de laquelle il s'est toujours battu avec vigueur,  et il continue à se battre tout aussi hardiment contre les vacheries de la mort, à ce moment crucial où la relation parent-enfant s'inverse, avec une bonne dose de tendresse, de loyauté et d'humour. Et à travers ce portrait, celui d'un fils aimant et résolu, désemparé mais toujours là.

mots-clés : #communautejuive #mort #relationenfantparent #vieillesse
par topocl
le Lun 4 Juin - 10:38
 
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Sujet: Philip Roth
Réponses: 114
Vues: 11892

Brit Bennett

Le cœur battant de nos mères
Titre original : The Mothers

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C'est un roman du passage de l'adolescence à l'âge adulte, avec cette tonalité particulière que cela se passe en Californie, dans une communauté religieuse noire conservatrice, où les "mères", les vieilles femmes, surveillent, jugent, palabrent et racontent l'histoire. Le poids de la communauté, ses exigences comme ses hypocrisies, est énorme sur les individus et   leur formation, que ce soit par la soumission ou la rébellion.

Le fil directeur est la filiation, le rôle des mères, indispensables mais défaillantes, l'amour qu'on leur voue même pour celles  que l'on hait. L'une se suicide sans laisser de raison, elle a eu sa fille Nadia très jeune et celle-ci se demande si sa mère n'aurait pas eu une meilleure vie sans elle, et aurait donc survécu. L'autre n'est apte ni à proposer une vie stable à sa fille Aubrey, ni à la protéger des abus sexuels qui se passent sous son toit. Nadia et Aubrey sont deux amies de coeur, l'opposée l'une de l'autre unies/séparées sans le savoir par leur amour commun, mais si différent, pour Luke, le fils du pasteur.

Nadia fait le choix d'elle-même, se référant sans doute à sa mère, et quand elle est enceinte à 17 ans décide d'avorter, poids qu'elle va traîner comme un boulet malgré l'envol qu'elle prend, quittant sa vie tranquille, son père désespéré, pour devenir une avocate new-yorkaise brillante aux mœurs libérées.  Aubrey, au contraire fait le choix de "la sagesse", la religion vécue, le couple, le mariage, la fidélité, l'enfantement, toutes chose qui ne sont pas forcément faciles non plus.

Plus que l'opposition entre ces eux filles, très réussie mais assez classique,  j'ai aimé le contraste entre Nadia et Luke, qui jouent des rôles inversés de ce qu'il est habituel de distribuer aux hommes et aux femmes. Nadia choisit sa carrière son épanouissement par le mouvement et un certain égoïsme, l'aventure en quelque sorte . Luke au contraire fait le choix des concessions pour la stabilité, l'amour, la filiation. C'est la femme qui est "forte" et l'homme qui est doux.

Bon, au total, je ne vous cache pas qu'il n'y a pas de bon choix, et si j'ai longtemps eu peur que le livre ne soit une apologie de la raison et du renoncement au détriment de l’égoïsme et de l'individualité, il n'en est rien. Chacun souffre à sa manière. Ces trois jeunes ont grandi seuls et trop vite, leur chemin est plein d’embûches, mais que faire d'autre qu'avancer, faire des choix et - si possible - les assumer? Il s'agit de personnages ordinaires, pris dans les tourments d' un destin déjà souvent croisé dans la littérature, mais  l’œil de Britt Bennett, la vivacité de son récit, la touchante exploration des contradictions de la tendresse nous les rend attachants. Et derrière cette histoire qui reste plaisante et sensible si elle n'est lue qu'au premier degré, se cachent de nombreuses questions existentielles fondamentales.


mots-clés : #amitié #amour #conditionfeminine #identite #jeunesse #psychologique #relationenfantparent #religion
par topocl
le Sam 19 Mai - 11:10
 
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Sujet: Brit Bennett
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Alice Zeniter

L'art de perdre

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Il y a Ali, le maître incontesté du clan, un kabyle qui a trouvé un certaine richesse. Il a donné deux ans de sa vie pour la France, pendant la guerre. il n'en a jamais parlé. Au moment de la guerre d 'Algérie, il a choisi le "mauvais" côté (choisi? le "choix" d'être "protégé d'assassins qu'il déteste par d'autres assassins qu'il déteste") et il a du fuir la vengeance du FLN en 62, avec sa famille et guère de bagages.
La France l'a "accueilli" dans un camp, sous une tente, puis dans des baraquements , et des années après, quand on lui a attribué un appartement, c'était à des centaines de kilomètres de là. Il a continué à se taire.

Son aîné Hamid a grandi dans cette misère et ce renoncement, puis  s'est peu à peu détaché, "émancipé" dit-on, il a mis une distance, a construit autre chose, l'islam se perd en route.. Mais lui aussi s'est toujours tu sur son passé et ses blessures. "Il a confondu l'intégration avec la technique de la terre brûlée".

Sa fille ainée Naïma, qui a été nourrie à ce silence, a longtemps fait comme si de rien n'était. mais c'était là, évidement, l'histoire était là, incrustée d'Histoire,  les haines autour d'elle persistaient, et il a bien fallu une espèce de retour, même si

-Ce qu'on ne transmet pas, ça se perd, c'est tout. Tu viens d'ici mais ce n’est pas chez toi.


Il s'agit donc du récit de ces pertes diverses mais semblables, auxquelles  chaque génération donne sa problématique propre. Ces pertes chacun  les mène  avec son art propre, silence ou parole, avec ou sans bonheur, mais vaille que vaille, chacun à sa façon.

Tout cela donne un beau roman, quoique un peu appliqué dans le style, sans doute un peu trop sage dans la forme, mais dont l'intelligence humaine et géopolitique portant sur tout un siècle font que je lui "pardonne". Il y a pas mal de maladresses, surtout dans la première partie où, comme églantine, j'ai du mal à entrer et sentir les personnages incarnés. Dans ce début,  Alice Zeniter ne sait pas trop jouer de l’œil de Naima sur l'histoire de ses ascendants (soit trop soit pas assez présent) , adopte par moments un discours plus documentaire que romanesque. Et puis,, quand la révolte de Hamid se construit, la sauce a fini par prendre pour moi, et je me suis attachée à ces hommes et ces femme que je ne connaîtrai jamais (même si je les ai parfois ne face de moi), mais que l'auteur m'apprend à connaître au delà de mes  (nos)idées toutes faites.

Il y a beaucoup à apprendre, bien au delà des seuls faits dans l'art de perdre.
Car  l'extrême talent  d'Aiice Zeniter est  de faire de cette histoire que d'aucuns pourraient trouver simple (les harkis, l'immigration maghrébine, et les générations suivantes) ou en tout cas plus simple qu'elle n'est, tout un nœud de complexités,  de contradictions, de nuances, un nœud inextricable mais qui permet de voir l'autre aussi différent qu'il soit, comme un possible - et un possible souffrant.  C'est un appel vivant à une compréhension mutuelle.

mots-clés : #colonisation #devoirdememoire #exil #guerredalgérie #historique #identite #relationenfantparent
par topocl
le Jeu 17 Mai - 10:38
 
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Sujet: Alice Zeniter
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Vergilio Ferreira

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Jusqu'à la fin

Un homme veille le corps de son fils mort dans des circonstances dramatiques, à l'intérieur d'une chapelle proche de la mer. Un dialogue tente de s'installer, au-delà des silences, de la séparation, de l'abrupte frontière de la vie. Mais une incompréhension qui s'enracine dans le passé semble figer définitivement une rupture, une colère, un vide.

L'écriture de Vergilio Ferreira est particulièrement intense, d'une grande force évocatrice, à la fois poétique et brutale, limpide et tranchante. Un périple intime se heurte à une absence, à un aveuglement tant le lien familial dans son essence devient le reflet tourmenté d'une distance, d'un détachement. Jusqu'à la fin laisse alors résonner une forme d'impuissance des mots tout en distillant fébrile, qui enrichit une réflexion incessante, construite autour de questions qui ne peuvent trouver de réponses.


mots-clés : #mort #relationenfantparent #intimiste
par Avadoro
le Lun 16 Avr - 23:08
 
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Sujet: Vergilio Ferreira
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Jean Giono

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Jean le Bleu

Récit autobiographique qui va de l'enfance au début de l'âge adulte. J'ai été perturbé par quelques tournures et images "lourdes", ça fait épais si ce n'est un peu maladroit, très appuyé. A côté de ça il y a des passages qui fonctionnent (et plus on avance plus ça se libère ?) et on peut s'intéresser et se laisser faire pour découvrir un regard particulier sur une petite ville de province, la campagne environnante et les gens qui habitent ce monde.

Un regard patient et curieux qui cherche une humilité à la fois forte et sereine. Un mélange que l'on trouve aussi dans son approche de la sensualité. On découvre un goût pour les personnages aux marges, à la part de fantastique des hommes et des femmes. Le même goût pour les apports de l'extérieur, les voyageurs et immigrants.

Le séjour à la ferme pour forger l'adolescent, décision d'un sage de père, ne manque parfois pas de saveur non plus.

Tout ce tend néanmoins vers la fin quand la guerre s'impose (jolis passages sur la non définition d'un pays) après le calme dépouillement du voisin poète. Là ça devient plus dur et le sens de l'ensemble se renforce. Des lourdeurs peut-être mais peu de hasards...


mots-clés : #autobiographie #enfance #relationenfantparent
par animal
le Mar 10 Avr - 20:34
 
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Sujet: Jean Giono
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Elizabeth Strout

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Je m'appelle Lucy Barton

Elle s'appelle Lucy Barton. Elle est une écrivaine d'âge mûr.
Enfant, elle a vécu dans la misère la plus crasse, pas d'argent, un garage comme maison, pas de télé, des parents dépassés. Peut-être même plus que cela, il y est fait allusion, ce père dont on ne parle que par allusion, qu'a t'il fait?
Elle a étudié, elle s'est mariée, elle sait qu'elle ne maîtrisera jamais tous les codes, mais certaines rencontres sont douces et la rassurent. Ses parents ne lui ont pas pardonné d'avoir fui, d'avoir trahi. Elle-même ne sait pas si elle leur a pardonné.
Elle retrouve sa mère au pied d'un lit d'hopital où Lucy subit les suites malencontreuses d'une appendicite. Des mots sont dits, beaucoup ne sont pas dits, parce que la mère ne sait pas les mots, ne sait pas que certaines choses devraient/pourraient être dites. Qu'importe? Qu'importent la honte, les mauvais traitements, la distance, le temps passé? L'amour est là, il ne sait pas se dire, mais il est là.

C'est très distant, feutré,  on sent une émotion terrible derrière ces phrases courtes, ces chapitres brefs.  C'est sans doute difficile pour une écrivaine, et courageux à exprimer, cette idée que les mots ne sont pas tout. Et pour une fille d'accepter le non-dit au point de s'y engouffrer soi-même.



mots-clés : #relationenfantparent
par topocl
le Jeu 29 Mar - 11:22
 
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Renato Cisneros

La distance qui nous sépare

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[Ce livre est un roman de fiction. L'intention de l'auteur n'est pas que les faits rapportés ici, ainsi que les personnages qui y apparaissent, soient jugés en dehors de la littérature.]


Parce que son père est mort mais ne le quitte pas depuis vingt ans, Renato Cisernos va à sa recherche dans ce roman sincère, douloureux et courageux. Une pierre de plus dans la mare des livres consacrés au père, une pierre qui déclenche des remous concentriques qui vont mettre un sacré temps à s'estomper.

Ce qui désormais vous désespère est de ne pas savoir. De ne pas être sûr, de ne faire que suspecter. L'ignorance et 'la détresse une intempérie : voilà pourquoi elle vous irrite,  vous étourdît et vous donne froid.Voilà pourquoi vous continuez à creuser. Pour savoir si vous avez bien connu votre père, ou si vous n'avez fait que le voir passer. Pour savoir à quel point les souvenirs éparpillés dans les réunions familiales d'après-repas sont exacts ou déformés. Pour savoir ce que cachent les éternelles anecdotes qui, répétées comme des paraboles, dessinent parfaitement la surface de toute une vie, mais ne révèlent jamais son intimité : quelle vie détachée se dissimule derrière les tables domestiques dont la seule finalité est de sculpter une mythologie que vous ne supportez plus, dont vous n'avez plus besoin car, en plus, elle ne vous sert à rien pour répondre aux silencieuses, monumentales et gênantes questions qui compriment a présent votre cerveau.


Luis Cisernos Visquerra, dit El Gaucho, a été général, Ministre de l'Intérieur, Ministre de la Guerre de plusieurs gouvernements militaires péruviens, porteur de plusieurs coups d'états, adversaire implacable, simultanément controversé et adulé du Sentier Lumineux.

le ministre le plus redoutable de cette époque qui était déjà elle-même redoutable.


Renato a vécu dans cette ombre arrogante , séductrice, autoritaire, enfant incertain et froissé, fasciné par ce père qu'il avait "besoin de conquérir".

L'auteur - outre son père, mais aussi comme lui - endosse plusieurs générations d'hommes fantasques, marqués par le destin, aux amours prolifiques et atypiques. Cette empreinte est là qui impacte les parcours et les émotions des générations successives.

A l'époque je l'ignorais, mais à présent je sais que l'histoire de mes parents (...)est l'histoire d'une passion triomphante, une passion qui s'oppose à l'ordre  établi et permet à un ensemble de mots moralement et culturellement sales comme infidélité, adultère, bigamie, illégitimité,de devenir - du moins pour moi - amical, propre, digne, sensible et humain. J'ai envie de serrer ces mots dans mes bras, de les recueillir comme des mendiants ou des chiens dans la rue, de les  revendiquer pour toutes les fois où quelqu'un les a repoussés, a préféré les laisser enfermés dans le fond de la caverne de leur biographie pour savourer des termes et des substantifs plus acceptables. Ces mots méprisés, évités comme s'ils étaient le synonyme d'insultes insolentes, d'une pourriture contagieuse, d'un péché abominable, ces mots ressemblant à des animaux nuisibles, ces mots que des multitudes de bouches et de mains ont écartés de peur de se voir contaminées par leur perversité, ces mots, dis-je, composent mon lignage, font parti de mon patrimoine, car ils nomment ce qui me constitue sans que je l'aie choisi, ce à quoi je ne puis échapper car ils ont nourri et élaboré ma présence dans le monde.


Mon arrière grand-père était un bâtard. Mon grand-père, un déporté. Mon père, un étranger. Trois hommes illégitimes et déracinés. trois hommes publiques qui défendaient leur réputation,leur hypersensibilité seulement dans l'intimité, seulement pour eux-mêmes, et qui reniaient leur origine bourrée de non-dits. D'abord ignorer puis enterrer les détails scabreux de leur provenance et vivre ensuite en tournant le dos aux intrigues de ce passé commun les conduisit à une errance de tous les instants à laquelle chacun tenta d'échapper à sa façon.


Veut-il confesser, dénoncer, minimiser, pardonner? Il se situe d'entrée de jeu dans un acte psychothérapeutique et ses chemins le mènent peu à peu  à un engendrement littéraire.

Dans ces pages, j'ai engendré El Gaucho, en donnant son nom à une créature imaginaire, afin de devenir son père littéraire. La littérature est  la biologie qui m' aura permis de le mettre en monde, à mon monde, en provoquant sa naissance dans la fiction.


C'est quoi être le fils d'un titan tyrannique et de l'aimer? C'est quoi de le connaître en homme et non en loup? de déterrer ses blessures jamais avouées, sa généalogie pathogène? Renato veut comprendre tout cela, avec une fureur déterminée, à sa façon à lui, il écrit donc un roman et non une biographie, un roman différent de celui qu'écriraient ses frères et sœurs (les enfants de sa mère et ceux que Luis a abandonnés pour créer cette deuxième famille), ses femmes et ses mantes, ses compagnons politiques ou militaires, ses opposants traqués, torturés et tués, tous auteurs possibles d'histoires différentes.

Il y a  des pages dont la sincérité est d'une audace profonde, qui m'ont étreint le cœur, dans leur intensité, dans leur douceur intime. L'analyse implacable,  toute en subtilité, de cet attachement parfois révulsé, laisse par moments la place aux rares épanchements de cet homme fermé et haïssable. Il ressort de cette enfance qu’elle fut malgré tout protégée, et cependant heureuse. Tout autant que son père, on apprend à connaître Renatio, ce jeune homme délicat et tourmenté, poète et journaliste,  nonobstant fier de son arrogant paternel,, d'une honnêteté et  d'une  fidélité touchantes envers son passé, sa mère, ses frères et sœurs, sa famille tentaculaire et son histoire, ce jeune homme qui raconte son amour désarçonné pour un homme non aimable, un amour marqué par cette  "distance qui [les] sépare" .

Par moment, je n'écoute plus ce qu'elle dit et me fixe sur ses yeux : deux lumières vertes et expressives sur lesquelles semble s'être renversé un triste sirop. Et je me dis qu'il existe des yeux dans le monde - pareils aux siens ou à ceux de mon père, peut-être aux miens - qui ne sauront jamais dissimuler


mots-clés : #biographie #famille #regimeautoritaire #relationenfantparent
par topocl
le Sam 17 Mar - 14:16
 
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Sujet: Renato Cisneros
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Paul Auster

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Quel dommage que ce livre fasse 1 000 pages, qu'il pèse 1 tonne, cela va décourager tant de lecteurs ! Quel plaisir que ce roman de la démesure, qu'il fasse 1000 pages, qu' on s'y vautre, qu'on s'y traîne, qu'on s'y love, qu'on y tremble et qu'on y pleure, qu'on y rie, qu'on s'y attache, qu'on y retrouve tant  de souvenirs propres , qu'on y apprenne tant…

Bien sûr, certains aimeront, d'autres pas, mais comment ne pas reconnaître à Paul Auster, cet homme courtois, lumineux, intelligent, d'être en plus un auteur hors-pair, hors normes, qui nous livre ici son Grand Roman Américain, typique d'un lieu et d'une époque, tentaculaire et omniscient et qui ne ressemble à aucun autre? Comment ne pas lui reconnaître un talent extraordinaire de conteur, tant dans la structure narrative, profondément originale et parfaitement maîtrisée, que dans l'écriture d'une richesse, d'une vivacité, une inventivité qui n'est que le reflet de celle de la vie de son (ses) héros, "mes quatre garçons" les appelle-t'il, tellement jeunes et tellement mûrs, tellement heureux et tellement désespérés, tellement attachants?

On l'a dit partout, Archibald Isaac Ferguson est un jeune juif new-yorkais des banlieues dans l'après-guerre, de cette classe moyenne qui, Dieu merci, recherche son émancipation non dans la consommation et la frivolité, mais dans la création, (l'écriture en l'occurrence ), la réflexion, la remise en question, la recherche d'une justice et des libertés. Et comme Ferguson est un enfant puis un jeune homme réfléchi, si souvent "adulte", qui s'interroge en permanence sur la destinée, le rôle du hasard et des choix, Paul Auster, par des glissements dans son environnement, lui offre quatre destins, tout en préservant sa personnalité centrale, qui va évoluer, certes, varier selon les versions, mais rester là comme un noyau fondateur.

Tour de force, Paul Auster déplace sur une vingtaine d'années les personnages (Ferguson et tout son complexe environnement familial et amical)  avec malice, sur son échiquier élaboré, sans jamais perdre le lecteur, en tout cas jusque ce qu'il faut pour que cela soit délicieux de se laisser porter, d'essayer de venir vérifier un détail en arrière et finalement y renoncer, car finalement, on s'en fout, l'instant est là qui nous emporte: il y a cet humour, cette clairvoyance, cette tendresse pour les personnages quels qu'ils soient,  cette générosité sans limites de l'auteur et c'est ce qui importe..  Il y a ce souffle époustouflant à décrire l'intimité d'un jeune homme en formation, son incroyable relation avec une mère toujours ouverte, toujours accueillante, toujours encourageante, jamais envahissante, qui est la clé de sa personnalité, de son aptitude à de devenir un explorateur et un conquérant (un conquérant sympathique) dans tous les domaines : les études, l'écriture, le positionnement politique, le sport, la culture, l'amour, le sexe… L'existence des quatre histoires enrichit formidablement cette façon d'aborder  l'élaboration d'une personnalité, lui donne une puissance, une profondeur.

Les quatre Ferguson ont tous  une relation à l'écrit, qui n'est pas la même, poète, journaliste, prosateur… à succès ou sans succès, tous dans une recherche absolue de sincérité, dans un désir d'inventer de nouvelles voies, et ceux qui cherchent à savoir ce qu'est la littérature ne manqueront pas de trouver ici de nombreuses pistes.
Mais Auster élargit son discours à tous les arts, rend un hommage à un nombre incalculable d' œuvres qui ont marqué son propre apprentissage culturel, les livres, les films, les pièces musicales, le sport qui en même temps qu'un épanouissement physique est un art. Il raconte le plaisir des premières fois,  ces innombarables premières fois qu'il faut connaître, les unes après les autres, pour se construire en tant qu'homme vivant.
Il rend hommage aux médiateurs, parents, adultes bienveillants, amis, petites amies et petits amis, professeurs, tous sources d'inspiration, donneurs de conseils, tuteurs attentionnés, guides à travers le monde, tous  ces gens qui nous aiment, et qui font que nous devenons qui nous sommes.

Il raconte comment la jeunesse née après guerre, dans cette euphorie du jamais-plus et de la quête du bonheur enfin aboutie, sa jeunesse à lui, a grandi au contraire dans  une Amérique violente, autoritaire, imbue d'elle-même, violant les libertés individuelles, méprisant les individus (l'assassinat de Kennedy, de King, la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, les émeutes raciales). Comment elle a fait fleurir en son sein  la révolte et parfois l'engagement.

Il y a enfin New-York, ville tentaculaire, détestable et magnifique, ses rues numérotées où déambuler nuit et jour, ses cafés, ses odeurs, ses taudis, ses habitants, ses universités, ses banlieues d'où chacun rêve de s'échapper...

Et puis, on tourne la 1015ème page... et c'est fini.
Déjà.... pale
Tant pis, il nous reste Paul Auster, il parait qu'il a déjà commencé à écrire son prochain livre!



mots-clés : #amitié #amour #communautejuive #creationartistique #identitesexuelle #insurrection #lieu #relationenfantparent #sports
par topocl
le Sam 3 Mar - 10:58
 
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Sujet: Paul Auster
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Emmanuel Carrère

Un roman russe

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C'est donc une relecture. Et bien , je comprends bien pourquoi je n'avais pas aimé. Je continue à ne pas pouvoir dire que j'ai aimé. Mais.  Mais ce livre est complexe, ambigu et tragique, comme son auteur.

Il s'agit d'un  fatras absolu qui pourrait avoir pour sous-titre Quelques mois de la vie d'Emmanuel Carrère.

Au premier chapitre, il part en reportage sur les traces d'un soldat Hongrois qui a été hospitalisé pendant 50 ans dans un hôpital psychiatrique russe, finalement identifié et ramené à sa famille,  ne parlant plus que par bribes , ne se souvenant de rien. Super sujet, traité de façon frustrante sur un chapitre.

A l'occasion du reportage à Kotelnitch, où est  l’hôpital psychiatrique, Emmanuel Carrère y est séduit par ce village post-soviétique  agonisant, où il parait impossible de vivre mais où des gens survivent quand même. Il tisse des liens et il finira par y revenir fasciné un mois durant, pour s’imprégner de cette vie si étrange pour nous, une non-aventure typiquement carrérienne qui a son charme décadent, et finit  tragiquement.

Pendant la même période il cherche à faire aboutir le projet d’écrire sur son grand-père géorgien immigré  au moment de l'annexion de la Géorgie par l'Union Soviétique, personnalité aussi tourmentée que son petit-fils, malmené par la vie jusqu'à son arrestation et sa disparition mystérieuse en 44, sans doute liée à ses activités d’interprète pour les Allemands. Il pense que creuser l'abcès de ce mystère pourra l'aider à mieux assumer son propre malêtre.

Voilà. Tout ça, quoique un peu disparate, et pas complètement abouti,  c'est épatant. Du Carrère comme on l'aime.

Seulement manifestement cela ne suffisait pas, ou peut-être n'était que le prétexte pour que Carrère,  adolescent amoureux de nous parler de Sophie, la belle Sophie, la Sophie amoureuse,  Sophie qui fait si bien l'amour en présence ou au téléphone , Sophie, l'amour de sa vie. Cependant comme Carrère est, cela ne change pas, totalement immature, égocentrique, égoïstement torturé, supérieur, maladroit, possessif, infantile, cela finit mal et on a droit à tous les détails de cette rupture en plusieurs actes. Au centre de celle-ci, une nouvelle érotique dont Carrère semble très fier, mais que j'ai trouvée d’une longueur.... Et puis des dialogues répétés du genre Tu es l'amour de ma vie mais je ne peux pas te supporter. Tu es la femme que j'aime mais je suis un si sale type. Tu es l'amour de ma vie mais séparons nous, je souffre trop...

Dreep est plutôt indulgent quand il qualifie ça de
Dreep a écrit: une histoire de cul et de cocu avec sa copine du moment qu'il a étalé dans Le Monde, je crois.

C'est une pleurnicherie infantile, un règlement de compte lamentable, une bombe à retardement dans la vie de la pauvre Sophie.


Manifestement Carrère se complaît dans sa démonstration qu'il est un sale type ( tout en n'omettant pas de nous dire qu'il peut bander sans interruption toute la nuit), un peu comme si le fait de taper sur lui-même l'autorisait à dire tout et n'importe quoi sur les autres. Quelle "sincérité" mal placée! Surtout que c'est carrément rasoir et complaisant, désobligeant, obscène (pas tant les histoires de cul que l'étalage privé et le règlement de compte).

Tout cela pose la question de la liberté de l'artiste. Comme l'a dit Dreep, Sophie existe. Elle avait un autre homme en "roue de secours" et ce pauvre type en prend aussi plein la figure. Et puis la mère de Carrère (personnage publique, Hélène Carrère d'Encausse) lui demande de ne pas dévoiler l'histoire du grand-père et il s'en fout. Il n'en fait pas un portrait très glorieux, de sa mère, mais quand même elle n'est pas un monstre non plus.

Donc, un seul conseil, si vous êtes amené à fréquenter Carrère, prudence, même "si vous n'avez rien  à cacher " selon la formule consacrée.

Donc finalement,  quand
Dreep a écrit:  Je lui en veux encore.

Je comprends, Dreep, je comprends vraiment. Mais vois-tu les dernières pages (le suicide du cousin, la malédiction familiale, la lettre-confession à sa mère) sont bouleversantes, plus bouleversantes que beaucoup de choses que j'ai  lues, et alors malgré la détestation que j'ai traînée au fil des pages, je lui pardonne. La pourriture, la mesquinerie, je les regrette, c'est cher payé. Mais quoique ici profondément maladroit,  c'est véritablement un écrivain, et il me touche.

Quasimodo a écrit: quant à Carrère, mais tous ses livres ne sont pas égaux semble-t-il ?

Et bien oui, tout à fait, tu l'auras compris  Cool ...


mots-clés : #amour #creationartistique #relationenfantparent #sexualité #violence
par topocl
le Ven 23 Fév - 19:36
 
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Sujet: Emmanuel Carrère
Réponses: 83
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Irina Teodorescu

Celui qui comptait être heureux longtemps

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Bo est né sous les bombes, les derniers jours de la guerre. il a grandi avec la dictature, bien décidé à être heureux malgré tout, et cela en prend le chemin, il organise des fêtes, il a un bon boulot, un ami sincère, une femme étrange puis une femme fidèle, et enfin un fils. Tout au fil des années plane la menace de la haine et de la délation, mais ma foi, on peut bien faire avec. Et qu'importent les petits inconforts matériels?

Seulement voilà, l'enfant est malade, il faudrait le soigner à l'étranger et dans un cruel choix de Sophie, le pouvoir maléfique lui échange les autorisations contre le fait de devenir espion.

Le drame intime ne suffit pas : dans un tel pays, l'intime n'existe pas, le drame collectif achève la dévastation.
Irina Teodorescu garde son style pointilliste et malicieux, facétieux au début puis peu à peu frappé au coin du malheur, ses phrases rapides, ses accélérations.

Comme dans La malédiction du bandit moustachu, la bonne humeur et la détermination sont impitoyablement mis à mal par la fatalité.

Bonne lecture à proposer à ceux qui répondent à la surveillance généralisé qu'ils s'en fichent, qu'ils n'ont rien à cacher...


mots-clés : #regimeautoritaire #relationenfantparent
par topocl
le Lun 12 Fév - 10:10
 
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Sujet: Irina Teodorescu
Réponses: 3
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