Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Jeu 9 Mai - 6:47

180 résultats trouvés pour lieu

Thierry Murat

Les larmes de l'assassin
d'après un roman jeunesse de Anne-Laure Bondoux


Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 97827510

Une maison isolée et battue par les intempéries dans le sud-sud de la Patagonie. Un infâme assassin recherché par toutes les polices arrive pour s'y cacher et tue sauvagement les parents de Paolo. Un curieux attachement se tisse entre cet homme et cet enfant qui partagent leurs solitudes.

l'histoire est déchirante, toute en non-dits, les dessin sont d'une sobriété à la beauté époustouflante.
La grande classe  bounce !

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 97827511
Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Larmes10
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mots-clés : #amitié #enfance #lieu #solitude
par topocl
le Jeu 13 Sep - 8:18
 
Rechercher dans: Bande dessinée et littérature illustrée
Sujet: Thierry Murat
Réponses: 3
Vues: 1415

Valerio Varesi

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 51z-dq11

Ca y est, je l'ai lu, ce fleuve des brumes.

Deux frères disparus à quelques jours d'intervalle, l'un volatilisé tandis que sa péniche naviguait toute seule sur le fleuve, l'autre défenestré, voilà qui a de quoi intriguer le commissaire Soneri...
Le Pô est en crue, la vie semble s'arrêter, et le commissaire navigue à vue dans les plaines brumeuses, à la recherche d'il ne sait trop quoi... Il rôde dans les parages d'un cercle nautique dont les membres semblent en savoir long sur les secrets de la région. Mais ce sont des taiseux, et ils sont coriaces... Alors le commissaire traîne son spleen, se régale dans les auberges, évite ou étreint sa volcanique compagne, et attend, encore et encore, qu'enfin les langues se délient.

Comme l'a justement dit Silou, Les brumes du fleuves est un roman d'atmosphère et non un thriller. Mais c'est ce que j'aime, quand les choses prennent leur temps, que le décor se construit peu à peu, et qu'il y a de la place pour la subtilité. Cette fois, ce sont les plaies non cicatrisées du fascisme qui sont au coeur du récit, avec leur cortège de douleurs, de haine, et de remords aussi, parfois.

J'ai vraiment bien aimé l'ambiance de ce polar, que j'ai lu avec plaisir, même si j'avoue avoir été un chouilla déçue par la fin, qu'on sentait venir depuis très longtemps. Sans demander de spectaculaires révélations (encore une fois, on n'est pas dans un thriller), j'aurais aimé un petit quelque chose en plus, une nouvelle clé de compréhension, un peu d'inattendu. Cela dit, cette légère déconvenue n'a en rien entamé mon envie de poursuivre plus avant la découverte de l'auteur, d'autant plus que son petit dernier est à la médiathèque...

Merci Silou !


mots-clés : #culpabilité #lieu #polar
par Armor
le Jeu 6 Sep - 21:51
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Valerio Varesi
Réponses: 55
Vues: 5843

Christian Dedet

Au royaume d'Abomey

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Sans-t10

Christian Dedet, ce passionné de l’Afrique, nous emporte, dès les premières pages, dans son royaume. Il a passé quelques années à parcourir les routes et chemins du Bénin. C’est depuis la région d’Abomey, de Grand-Popo, de Porto-Novo, du lac Ahémé ou du lac Nokoué, du fleuve Ouémé… qu’il nous adresse ses notes, un journal remanié, revu et corrigé pour en faire un récit riche, et nous faire partager son expérience, en particulier les rituels vaudou et la religion animiste.

« Les œuvres missionnaires ayant l’aval du Vatican y rivalisent toujours avec méthodistes et adventistes de toutes nationalités. Le fait nouveau, depuis l’ère moderne, réside en des Églises d’inspiration chrétienne fondées par les Africains eux-mêmes. […] L’Église apostolique africaine se signale souvent par des sorties de haut-parleurs, en ville, à percer les tympans, par une littérature vindicative à l’égard du vaudou, distribuée aux carrefours. »


Les rituels vaudous au royaume d’Abomey, sont un sujet passionnant pour qui s’y intéresse ou s’intéresse aux phénomènes de transe. J’ai souvent souri en lisant ses descriptions, qu'il brosse avec un humour certain, voire aussi une certaine naïveté et un certain regard occidental, les deux lucides et conscients.

« Certains de ces couvents comptent de nombreuses femmes dans leurs rangs. Matrones, pour la plupart, avec leurs cent kilos et leurs seins à proportion, pris dans un filet à grosses mailles ou basculés par-dessus la toile de lin. »


Il n’existe pas qu’un seul vaudou mais un nombre infini. Rien que dans la région d’Abomey on en dénombre autant que de villages. À chaque couvent sa pratique, ses dieux, ses danses, sa musique, son accoutrement. La religion animiste est aussi matinée de religion catholique, ce qui présente un avantage non négligeable ! Dans le vaudou, religion animiste (considéré tantôt comme une religion tantôt comme une secte), ce sont les dieux qui descendent dans le corps de l’impétrant qui s'exprime au nom de ce dieu, qui le chevauche, et l'aide dans sa vie quotidienne, et l’avantage est terre à terre, autrement dit bien terrestre : les récoltes doivent être bonnes, la nourriture abondante… ; quant aux avantages de la religion catholique, elle promet les cieux et le salut de l’âme, alors autant concilier les avantages des deux !

Maléfices, mauvais sorts, sacrifices animaux (avant, les sacrifices étaient humains) en sont le corolaire : avec le vaudou on ne rigole pas ! (même si Christian Dedet semble souvent s’amuser !) :

« Ce personnage est le garde du corps du vaudou Agbo. Il veille à ce que nul affront ne soit perpétré envers le dieu son maître, mais également à ce qu’aucun maléfice ne soit jeté sur ceux ou celles qui dansent sur la place. Un mauvais sort – le cakato – est si vite parti… Il y a des gens si pervers, si malfaisants et qui ont un tel pouvoir, au cours de ces réunions pour pactiser avec les forces du mal. »


À propos des rituels vaudou et des transes des danseurs, si Christian Dedet a osé faire une petite comparaison avec l’hystérie de conversion décrite par Charcot, il ne semble pas en être convaincu. Bien au contraire, plus loin il vend la mèche non sans un frisson, et nous confie son saisissement, ce constat de la puissance incroyable de certains sorciers et fétichistes, des maîtres en la matière. Car la magie opère. Celui qui assiste, de l’extérieur, ou qui vient étudier ces rituels, pourrait n’y voir que des croyances archaïques que n’importe quel ethnologue pourrait démonter. Mais si toutefois l’un d’eux était initié, il devrait en garder le secret. Il n’aurait pas le choix, c’est une question d’éthique, mais aussi cela pourrait se retourner en maléfice contre lui. Ces pratiques puissantes et parfois dangereuses ne s’adressent qu’à des initiés et celui qui ne l’est pas n’a pas accès à cette connaissance et n’en décrira que les aspects superficiels et visibles. Il est donc quasiment impossible de trouver un livre qui dévoilerait de tels secrets.

Plus loin encore, il parle des universitaires béninois, donc du cru :

« Les professeurs de l’enseignement supérieur de Cotonou, les hauts fonctionnaires de Porto-Novo savent à quoi s’en tenir sur l’existence des sorciers. Ils leurs consacrent des thèses dont le moins qu’on puisse dire est que l’objectivité scientifique n’en exclut pas le frisson. Quant aux hommes politiques, même à l’époque où leurs discours se devaient de fustiger les “superstitions”, ils n’omettaient pas pour autant de se prémunir contre l’effet dévastateur des magies. »


Dedet est médecin, et son regard se porte bien sûr aussi sur cet aspect des choses, cet envers du décor qui ne lui échappe pas :

« L’envers du décor est une situation sanitaire effroyable. Paludisme. Dysenterie amibienne. Hépatites A et B. La pathologie la plus meurtrière est représentée par la bilharziose, cette parasitose dont l’agent se trouve dans les eaux stagnantes, pénètre dans l’organisme de l’être humain à travers la peau de la plante des pieds avant de s’attaquer au foie et aux reins où il crée des lésions irréversibles […]. Les figurines fétiches sont en nombre, aux carrefours de canaux. »


Et plutôt qu'en toile de fond, un rappel de la politique de ces dictateurs qui se sont succédé.

Un récit passionnant, à mettre dans la pile des références ethnographiques. Une très belle aventure de lecture, je vous le dis !


mots-clés : #lieu #science #spiritualité #voyage
par Barcarole
le Mer 29 Aoû - 16:00
 
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Sujet: Christian Dedet
Réponses: 5
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Monte Schulz

Sur l'autre rive du Jourdain

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Bm_97811

Résumé babelio : A la veille du krach de 1929, trois aventuriers se livrent au braquage de banques et au meurtre à travers l’Illinois, le Nebraska, le Mississippi et le Kansas : Chester Burke, malfrat psychopathe, Alvin Pendergast, fils de fermier rongé par la tuberculose, sentimental et désespéré, et Rascal, un nain doté d’une imagination débordante.

Lecture mitigée, écriture agréable, fluide. Les rôles sont donnés :  le malfrat psychopathe, Chester,  incarne le Mal, le meneur, le décideur,  les "suiveurs"  Alvin le fermier et Rascal le nain impliqués dans  ce road-trip meurtrier. Mais l'ascendant que Chester a sur  Alvin et Rascal n'est pas, à mon avis, assez analysé, le personnage reste plat.

L'auteur décrit les crimes de manière froide, sobre, ce sont les sentiments du jeune fermier Alvin qui montrent le poids des actes.

L'ambiance de ce midwest est par contre assez prégnante.

De nombreuses digressions sont les racontars du  nain mythomane ; une façon de supporter ce road-trip meurtrier ?

Alvin lui lutte tous les jours contre sa maladie, cette lutte l'aiderait-elle aussi à supporter ce road-trip ?

La rencontre du trio avec un cirque et surtout une troupe de Nains a un petit air de "Freaks".  La séance de spiritisme m'a passablement ennuyée.

J'ai été attirée par la 4ème de couverture qui mentionnait :  Conquise, la presse américaine a évoqué à son sujet les noms de Flannery O’Connor, Carson McCullers, Joan Didion et John Steinbeck.

Je donnerais néanmoins une autre chance à cet auteur.


mots-clés : #lieu #social #violence
par Bédoulène
le Jeu 23 Aoû - 10:36
 
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Sujet: Monte Schulz
Réponses: 1
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Jean Rolin

La frontière belge.

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Proxy_44


j'ai lu ça dans la soirée hier, j'ai trouvé ça drôle, loufoque, truculent. Une bande vauriens-vauriennes foldingues, sordides et poétiques, en territoire du Nord, racontée d'un ton hyper-sérieux par un Jean Rolin imperturbable dans ses subjonctifs habilement parsemés. Pas la lecture impérissable, mais sympa, joyeux, léger. Tellement pas impérissable que, après lecture, je retrouve un commentaire écrit en 2015, sur ce bouquin totalement oublié, à part cette phrase, que j’avais citée à l'époque et qui a remué en moi quelque chose dans les strates tortueuses de la mémoire, parfait reflet du côté pince-sans-rire de l'auteur:
Je n'aime pas les poissons : on voit trop, chez eux, comment le corps ne sert en fin de compte qu'à réunir la bouche et le trou du cul.

C'est très ancré dans le territoire, et comme j'en reviens, cet aspect m'a bien plu.
En fait j'ai beaucoup mieux aimé qu'à l'époque. Est-ce que je vieillis ou est-ce que je suis rattrapée par l'esprit d'enfance (ce qui, au final, n'est qu'une seule et même chose)?


mots-clés : #absurde #aventure #humour #lieu
par topocl
le Ven 10 Aoû - 8:40
 
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Sujet: Jean Rolin
Réponses: 107
Vues: 6728

Patrice Huerre

Lieux de vie: ce qu'ils disant de nous. la révolution des intérieurs.
avec François Robine

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Index12

J'imagine l'histoire comme ça : un jour, François Robine, « expert immobilier reconnu et  chevronné", dit le quatrième de couverture, a dîné chez des amis communs avec Patrice Huerre, "psychiatre, psychothérapeute et psychanalyste", auteur d'une bonne dizaine de publications « grand public", sur l'adolescence. II lui a fait part de quelques réflexions sur l'évolution qu'il a constatée au fil des décennies au sein des logements de ses concitoyens, et  lui  demande en quoi cela correspond à  sa propre pratique.
La discussion est  charmante, passionnante, et, au final, pourquoi ne pas en faire un livre ? Oui, mais pas un livre scientifique avec des références, une bibliographie, des recherches. Plutôt un livre facile à lire (et aussi à écrire), qui expose simplement les points de vue de ces deux Messieurs si pleins de savoirs.

On a donc un ouvrage très touche-à-tout , qui en appelle, excusez du peu, sur 200 pages écrites gros,  à la mythologie, la psychanalyse, la psychologie sociale, la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, le tout saupoudré d'un peu d'architecture et d'urbanisme. Tellement touche-à-tout que c'est d'une superficialité irritante : je ne lis pas la rubrique psycho/socio de Marie-Claire (et pas Marie Claire non plus en général), ce n'est pas pour la retrouver dans un livre.

Pour parler des intérieurs, il faut parler de ceux qui les habitent, et on commence  par  un état des lieux des modes de vie de nos contemporains, avec d'extraordinaires révélations :  la mobilité, l'usage sans limites des outils numériques, la généralisation des familles recomposées, l'individualisme, le rejet des vieux, la perte du lien familial et du sens religieux au profit d'un consumérisme incontrôlé, l'explosion des prix de l'immobilier... Tout cela sur un ton de généralité universelle, faisant croire qu'on parle d'une population entière alors qu'on se limite à celle des  bobos trentenaires/quarantenaires.

Donc, les hommes ne sont plus ce qu'ils étaient et on en conclut que les intérieurs ne sont plus ce qu'ils étaient, non plus.

Au passage, cela donne lieu à pas mal de platitudes, beaucoup de vérités assénées du genre:

"Remarquons cependant que les familles sans maison de référence n'ont généralement pas d'histoire."


ou celle-ci vaguement contradictoire:

"pour les autres, les incrédules ou les incroyants, que le décès survienne à la maison ou à l'hôpital n'a qu'une importance secondaire sans qu'il puisse pourtant être nié que le désir de mourir chez soi est très partagé."


C'est gênant aussi parce que cela parle de maisons, et encore de maisons, comme si toute la population vivait en maison, non pas en appartements, studios, etc...

La conclusion, c'est que le logement n'est plus un marqueur social, mais un marqueur de génération. Les nouvelles générations ne s'ancrent pas dans un lieu de vie permanent,

"Leur maison n'est plus un but dans l'existence. Elle ne sert qu'à abriter certains moments de cette dernière".


Elles sont en recherche de lieux de rencontre qui ne soient pas au sein du logement. Les outils numériques remplacent les bibliothèques.  D'un côté le numérique ouvre l'espace quotidien vers l'infini, mais il permet aussi n'importe quelle intrusion (par exemple professionnelle) dans l'espace du logement.

Ah, bon? ben dis donc! Tout ça pour ça!

mots-clés : #essai #lieu
par topocl
le Jeu 9 Aoû - 21:06
 
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Sujet: Patrice Huerre
Réponses: 8
Vues: 487

Alan Pauls

Histoire des cheveux

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Cvt_hi10


Buenos-Aires, le narrateur est obsédé par l'aspect de sa chevelure, obsession qui agace sa femme ainsi que ses habitudes, ses petites manies.

"... il faudrait avant tout se poser une question et c'est celle-ci : pourquoi lui, qui est un cas, pourquoi lui, avec son petit problème, continue-t-il à se rendre dans des salons de coiffure qu'il ne connait pas ? Pourquoi persiste-t-il à se rendre de cette façon à l'abattoir ? Et pourtant c'est ainsi, il continue. Il ne peut pas ne pas continuer. C'est la loi des cheveux. Chaque salon de coiffure qu'il ne connait pas et dans lequel il s'aventure est un danger et un espoir, une promesse et un piège. Il risque de commettre une erreur et de plonger dans le désastre, cependant, et si c' était le contraire ? Et s'il tombait soudain sur le génie qu'il cherche ? Et si par crainte il n'entrait pas et ratait l'occasion de sa vie ?

Et il trouvera le génie : Celso qui d'ailleurs le désignera à un ami de rencontre, un ancien combattant de retour d'exil : "le malade des cheveux"

  Car les cheveux du narrateur ont leur petit problème, c'est alors qu'il  n'a que 11 ou 12 ans adopte  le style afro, transformation "maison" qui aura des conséquences néfastes sur sa chevelure ;  il voit le film d'Agnès Varda sur les  Blacks Panthers  ; au début des années 70 les enfants des classes moyennes,  moyennement aisées, de la bourgeoisie,  rejettent les privilèges dont ils ont joui jusque là s'externaliser  de leur milieu, s'intéressent au sort des classes exploitées. Lui que fait-il ? il abandonne sa chevelure blonde et raide héritée de la branche "poilue" de la famille.

"il est évidemment "grotesque et pathétique, comme le sont pratiquement toujours les Blancs lorsqu'ils tentent d'usurper le rôle des Noirs....cette parodie de style afro."

"Que désirez-vous faire ? ou la variante cynique que désirez-vous que nous fassions ?" question de circonstance quand il pénètre chez le coiffeur mais à laquelle  il ne sait répondre

"Y répondre vraiment, autrement dit, satisfaire simultanément deux exigences : celle de qui veut se faire couper les cheveux, qui possède ou devrait avoir à l'esprit une idée de la façon dont il veut se les faire couper, et celle de qui se prépare à les lui couper et qui a besoin, si ce n'est d'instructions, du moins de quelque piste pour mener son travail à terme. Lui, en tout cas, n'en a jamais été capable."

"Où démarre cette malédiction des cheveux, la condamnation à dire en toutes lettres ce qu'il attend des cheveux, ce que lui-même attend de ses propres cheveux ? A quel putain de moment est-il devenu responsable de ses cheveux ? Il a vécu un mois sans penser une seule fois à ses cheveux. Peut-être pourrait-il désormais vivre sans se les couper ?


A travers le vécu de la chevelure du narrateur l'auteur fait surgir le drame de l'Argentine, la dictature, les exilés et leur retour, de même avec l'histoire d'une perruque Montonera (les montaneros étaient des unités militaires d'extraction rurale) étant censée avoir appartenu à Norma Arrostito laquelle avait  participé à la séquestration et l'assassinat du Gal Arambaru.
Spoiler:


La fameuse perruque d'Arrostito, nul ne peut la payer, elle n'a pas de prix ; peut-on chiffrer des souvenirs, les sentiments, le passé, la mort ?


Autres extraits

 "depuis qu'Eva en a eu assez de ses yeux constamment cernés, de sa fidélité inconditionnelle, de sa bonne humeur, de sa manie d'accrocher les serviettes de toilette après les avoir utilisées, de son goût pour les plans et les pique-niques, de son talent pour le calcul mental et de son petit problème de cheveux et qu'elle s'est décidée à déménager..."

"Ce genre de trait de flèche ponctuel, qui atteint une cible secrète mais ne libère aucun sens particulier, comme si sa seule fonction était de pointer une coïncidence vertigineuse, est ce qui lui fait un instant penser que son pays natal pourrait devenir autre chose que l'origine ou la toile de fond héritées, génériques, constamment hors-champ, que lui impose toute une vie vécue loin de lui, d'abord protégé et élevé, confiné ensuite, macéré même dans un monde, celui des exilés, et dans un faubourg particulier de ce monde, celui des enfants d'exilés, qui naissent tous deux par obligation et se constituent par nécessité, un peu comme l'architecture du bunker, par exemple, fait son apparition en réponse à l'éventualité de bombardements aériens, mais demeurent obstinément en vigueur une fois que le temps a passé et a emporté ce qui les avait rendus nécessaires, accrochés aux règles et aux habitudes qui se sont imposées au début, essentiellement basées sur le culte d'un esprit de corps inconditionnel, sans fissure, même lorsque à l'extérieur il ne reste déjà plus rien pour justifier qu'on les conserve, et que l'air qu'on y respire, qui autrefois, alors que le monde était une oppression, a été le seul air libre et salutaire, y est à présent devenu toxique."


Encore une très bonne lecture, quelle inventivité, quelle habileté ludique à voir le destin de l'Argentine, des exilés en suivant les coupes et transformations d'une chevelure, puis d'une perruque oubliée.

J'aimerais vraiment que vous découvriez cet auteur ; j'ai besoin de votre ressenti pour lui reconnaître tout ce que je ne sais exprimer.


mots-clés : #exil #lieu #regimeautoritaire
par Bédoulène
le Sam 4 Aoû - 9:36
 
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Sujet: Alan Pauls
Réponses: 23
Vues: 1611

Henri Calet

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Le-tou10

Le tout sur le tout

Une manière d'autobiographie allusive et avec ses pudeurs ménagées par un ton assez libéré et une belle fluidité de l'écriture. C'est une manière d'autobiographie en retour sur le passé, depuis le tout début et en réempruntant les mêmes rues, en revivant les mêmes lieux, différents.

Un Paris pas loin de la misère, deux guerres mondiales, des femmes, des voyages, et une sorte d'usage du quotidien. L'expression facile serait de dire "doux amer" mais sa beauté est dans sa douceur, alors "douceur lucide" ? avec ce qu'elle peut avoir de cru, de conscient.

C'est un peu comme s'il n'appuyait sur rien, n'obligeant son lecteur à rien mais en partageant beaucoup. C'est une lecture qui m'a été immédiatement sympathique, je m'y suis senti à l'aise, et au fil des pages j'ai apprécié et goûté de plus en plus. C'est beau, l'art de la formule ne gâte rien, mais c'est surtout beau.

La comparaison ne se fait pas mais si les rues de Paris doivent faire penser à Modiano, on serait ici pour moi bien au-delà du Nobel. (Mais ce n'est pas la même génération, pas le même propos, pas non plus le même Paris, etc.)

Une pensée pour Shanidar aussi, j'aurais pensé qu'elle l'a lu, c'est d'ailleurs peut-être le cas mais en tout cas je pense que ça aurait collé.

mots-clés : #autobiographie #lieu
par animal
le Mer 18 Juil - 22:05
 
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Sujet: Henri Calet
Réponses: 52
Vues: 4045

Laszlo Krasznahorkai

Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau.
( titre qui reflète une sagesse de l'univers confucianiste, bouddhiste...: il s'agit du meilleur emplacement pour un bâtiment, un village– merci Tom Léo)

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 51r2ep10


Sujet : Le petit-Fils du Prince Genji est obsédé par un « jardin caché » vu dans un livre illustré intitulé « Cent beaux jardins ». Malgré tous les savants qu’il a missionnés pour rechercher le dit jardin, ceux-ci n’ont pu lui répondre de façon satisfaisante et de plus le livre a mystérieusement disparu de la bibliothèque. Aussi un jour décide-t-il de découvrir lui-même le jardin qui d’après le peu qu’il en sait pourrait se trouver dans un monastère dédié à Bouddha à proximité de la cité de Kyoto. Il s’ y rend en train jusqu’à la gare de Keihan avec une escorte, laquelle s’adonnera à des libations et oubliera le petit-fils du Prince.

Même si l’histoire………….le conte ? est étonnant  et ses effluves mystérieuses, l’essence même de ce petit livre en est, pour moi, la magie qui s’ élève des magnifiques descriptions ; c’est la création de la terre, un hymne à la beauté, à la vie. Ajout : La beauté du jardin caché c'est sa simplicité ; un tapis de mousse bleu-vert argenté où se dresse 8 splendides Hinokis, émotion !

L’auteur raconte la création d’un arbre inoki à partir du pollen qui s’envole transporté par les vents à la manière d’une aventure, et s’en est une, avec ses obstacles et ses miracles. Puis la croissance de l’arbre que guette aussi de nombreux dangers, notamment les insectes, les maladies, le froid, la chaleur…..  Il raconte aussi les vents, la formation de la terre…..
Mais où se trouve la porte d’entrée sur la propriété du monastère ?

« …et tandis qu’il avançait obstinément, à la recherche de l’entrée, il eut le sentiment que cette étrange longueur, que cette cloison immuablement hermétique et uniforme, là sur sa gauche, n’étaient pas simplement là pour délimiter un immense territoire, mais pour lui faire prendre conscience d’une chose, il ne s’agissait pas d’une clôture, mais la mesure intrinsèque de quelque chose dont l’évocation à travers ce mur cherchait à prévenir le nouvel arrivant que celui-ci aurait bientôt besoin d’autres unités de mesure que celles auxquelles il était habitué, d’autres échelles de valeurs pour s’orienter, que celles qui avaient jusqu’ici encadré sa vie. »

Ce monastère et  le « jardin caché » qu’ il abrite  et que le petit-fils du Prince ne trouvera pas, existent-t-ils ?  ou  bien sont-ils dans un lieu hors d’atteinte où par exemple le chien continue de marcher dans sa mort ?

La sculpture de Boudha au regard détourné comme pour ne pas voir le monde protège-t-il ce lieu  en le cachant à la vue des hommes ?  (imagination ou certitude du sculpteur ?)
Je n’ai pas su voir les messages, s’il y en a, d’ ailleurs les 8 inokis du jardin caché n’ont pas de message pour les hommes, lesquels ne le comprendraient  pas.

Les chiffres ont certainement une portée (la roue du dharma bouddhique ?)  8 inokis, 13 poissons, 4 pavillons etc…. et les chiffres qui couvrent totalement les nombreuses pages d’un livre lu par le moine supérieur (que l’on ne verra jamais) qui pose la question de l’ existence de l’infini, de l’immortalité .

Mais ……………….comment arrive-t-on  et part-t- on de ce lieu puisqu’ à  la gare qui le dessert « nul ne descendit, nul ne monta du train » ?

Le petit-fils du Prince Genji ( lequel atteint de super-émotivité qui occasionne des malaises, récupère en buvant un verre d’eau ; eau source de vie ) est-il vraiment venu dans le monastère, comme le lecteur le voit ? en est-il reparti ?

*************

Y-a-t-il une morale à ce livre ? chercher au-delà  ce que l’on voit ? ce que l'on voit est-ce la réalité ?
Mais surtout croire en la vie.

Toute l’histoire est  rythmée sur le Temps, tout se réalise à son heure : patience.

Je me perds en conjectures et beaucoup de symboles m’ont sûrement échappés mais j’ai apprécié la visite de ce monastère en compagnie du petit-fils du Prince Genji, et surtout les descriptions magnifiques qu’elles soient poétiques ou techniques (un très intéressant passage sur la fabrication des sutras sur bambous, puis sur papier).

L’architecture aussi est très importante et symbolique dans la composition des pavillons, sanctuaire et autres bâtiments.

La dernière page tournée j’ai le sentiment d’avoir vécu un moment magique de littérature.

La conclusion de l’histoire est peut-être dans  la phrase en exergue : Personne ne l’a vu deux fois.

Extraits

A propos de la statue de Bouddha : « La réalité était radicalement différente, et il suffisait de la voir une seule fois pour savoir : s’il avait détourné son beau regard, c’était pour ne pas être obligé de remarquer, s’étendant devant lui dans trois directions : ce monde pourri. »

A propos des sutras : ….et durant des siècles on s’amusa à décliner à l’infini ce petit ruban, en mettant l’accent sur le coloris, soit sur la noblesse de la matière employée, soit sur le nœud lui-même, exécuté avec autant de raffinement que de fantaisie. »

« …quand soudain, une image jaillit en son esprit…pour s’évanouir aussitôt, une image si fugace qu’il fut incapable d’en discerner le contenu, elle avait glissé à travers lui, avait jailli et s’était éteinte, il était assis devant la table du sanctuaire intérieur, et tout son corps s’était raidi au moment de l’apparition de cette image, et de sa disparition, elle était si vite arrivée et si vite repartie qu’il avait pu saisir son importance, son poids, mais rien de son contenu… »

mots-clés : #contemythe #lieu #nature #philosophique
par Bédoulène
le Lun 9 Juil - 9:57
 
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Sujet: Laszlo Krasznahorkai
Réponses: 28
Vues: 2089

Ludmila Oulitskaïa

Les pauvres parents

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Proxy_26

Malgré ma réserve habituelle face aux nouvelles, j'ai bien aimé ce recueil où coexistent neuf destins de  femmes, dans les appartements communautaires de la fin de l'Union soviétique. Cette unité de lieu donne comme une communauté générale au récit, où l'on retrouve occasionnellement un personnage commun. Chaque histoire s'attache au portrait, tout en tendresse teintée d'humour, d'une femme, frustrée dans son quotidien par cette perte d'intimité, cette promiscuité, cette mesquinerie induites par le régime, mais qui a droit aussi à ses fragilités, et à son originalité.
Églantine, toi qui a été saturée par la profusion de Le Chapiteau vert, pourquoi cela ne te plairait-il pas ?


mots-clés : #intimiste #lieu #nouvelle #solitude #viequotidienne
par topocl
le Ven 6 Juil - 15:18
 
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Sujet: Ludmila Oulitskaïa
Réponses: 17
Vues: 2232

Arthur Schnitzler

Vienne au crépuscule

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Nous sommes dans les salons viennois de la fin du XIXème siècle, les salons où l'on cause, où l'on brille. Toute cette superficialité pare "agréablement" l'écrasante victoire d'une caste arrogante (je m'y suis beaucoup perdue, dans les 150 premières pages, impossible de savoir qui est qui dans cet entrecroisement mondain d'Ehrenberg, de Nurnberger, d'Oberger).

Les juifs, sourire crispé ou rictus effrayé, aveugles ou clairvoyants, mais humiliés toujours, croient encore (pour certains) pouvoir échapper à leur sort par l'assimilation ou le sionisme. Les femmes papillonnent, les jeunes filles attendent le mari, les jeunes hommes, libérés des soucis matériels, écrivent ou composent, voyagent (ah ! Le voyage en Italie !), prennent les femmes comme d'aimables êtres jetables : les utilisent, les échanges, les négligent, les abandonnent…

Bien des façons de se livrer à ce petit jeu : avec la distinction forcenée du jeune Georges von Wergenthin , Monsieur le Baron, avec l'ironie mordante et désespérée  de Nurnberger, avec le désespoir défaitiste et égocentré de Bermann. Tous se cachent derrière leur bons mots, leur haute opinion d'eux-mêmes, leurs hautes aspirations. Quel égoïsme, quelle autosatisfaction (mon dieu, que la vie leur est compliquée!). Ce sont d'infâmes mâles imbus d'eux-mêmes, persuadés de leur bon droit et de leur raffinement.

C'est assez bavard et souvent ennuyeux, et ma lecture fut laborieuse, mais il y aussi de bons moments, et peu à peu s'est dévoilée une réflexion sur la destinée au sein de cette  société infatuée qu'on voudrait agonisante.  Le décorticage méticuleux  de la nature humaine et notamment masculine finit par déclencher un certain dégoût. Ces homme sont des porcs croisés de paons : parés,  artistes et intellectuels, c'est à dire soi-disant pensants et pleins de sensibilité, ils  se délectent dans une perpétuelle introspection déculpabilisante, qu'ils croient raffinée, mais qui est  en fait bornée, condescendante  et  auto-satisfaite.


Mots-clés : #antisémitisme #conditionfeminine #culpabilité #historique #initiatique #lieu #psychologique #xixesiecle
par topocl
le Sam 30 Juin - 16:30
 
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Anatole Le Braz

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Pâques d'Islande

Nous avons dans ce livre quelques nouvelles de cet homme de lettre breton de la deuxième moitié du XIXè siècle. Dans un français vieilli certes mais pas sans charme, il nous plonge dans les fonds sans âges d'une âme bretonne à la superstition bien ancrée. "Ici, j'apprenais le français pour chanter la Bretagne". On pense forcément folklore et "régionalisme" et il y a de ça mais comme tout collecteur de contes il cherche plus que l'image pittoresque d'un monde qu'il soit révolu ou non. Ce qui prime c'est la volonté de partager ce que peut faire vivre ou ce qui vit à travers ces images.

Bretagne de la mer avec la pêche en Islande et un article qui dénonce la condition des mousses et Bretagne de l'intérieur partagent une vie rude emprunte de fatalité ainsi que la proximité des morts. Souvent de façon indirecte, on raconte l'histoire, se découvrent des pratiques religieuses et sociales qui témoignent d'un mélange subtil de pratiques habituelles du culte et d'usages locaux.

L'écriture parfois terne parfois moins et la port morbide de l'affaire n'empêche pas de se plonger avec intérêt dans ce voyage ethnologique et humain qui ne manque pas de nous rappeler que breton ou non avec le temps les usages passent et que si on n'y perd pas toujours peut-être perd-t-on petit à petit dans ce rapport aux ancêtres (amour, respect, crainte, et zeste de ???) une chose qui remonte à "loin".

Les quelques notes biographiques aident à comprendre pourquoi le thème de la mort est si cher à l'auteur qui a vu mourir beaucoup de membres de sa famille et de ses proches.

J'en garderai surtout quelques visions d'un dépouillement grave qui laisse une place à un bonheur de la même veine.

Merci Armor. Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 1252659054

(petite récup').

mots-clés : #documentaire #lieu #nouvelle #social #traditions #viequotidienne #xixesiecle
par animal
le Lun 25 Juin - 21:30
 
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Hugo von Hofmannsthal

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Andréas

Andréas s'ennuie dans sa ville de Vienne en Autriche. Il a 21 ans et souhaite d'autres horizons. Il parvient à convaincre sa famille et part pour Venise.
Mais quand, le 17 septembre 1778, un batelier le dépose dans un no man's land proche de Venise, il se sent plutôt inquiet.
Naif comme il l'est est, il est abordé par un étranger qui lui offre ses services.
Il s'aperçoit rapidement qu'il s'est fait alpaguer par un escroc doublé d'un manipulateur. Un ignoble que va le désservir auprès de ses hôtes de passage, empoisonnant
ses actes et relations. Sans que Andréas ose le frapper ou se débarasser de lui.
Comme s'il avait avait affaire au symbole absolu du mal.

Malgré tous ses déboires, Andréas se refuse à retourner chez ses parents.
Le récit s'arrête inachevé, mais Hofmannsthal donne cette indication :

"Andréas, résultat de son séjour à Venise : il sent avec effroi qu'il lui est impossible de revenir à  l'existence viennoise étroitement limitée, dont il s'est échappé. Mais l'état qu'il a atteint l'angoisse plus qu'il ne le réjouit ; c'est un état lui semble t-il, où rien ne le conditionne, rien ne lui est fardeau, mais aussi rien ne lui est présent."

Ainsi est Andréas, semblable à d' autres personnages d' Hofmannsthal, personnage cyclothymique, passant très vite de l'exaltation et de l'émerveillement à l'angoisse et au désespoir. Des extrêmes qui se touchent sans s'accorder.[/color][/color]
Le hasard les porte, ces personnages, qui donne tout et le reprend aussi sec.
Ils se laissent porter par les évènements ou ce qu'ils en perçoivent.
En fait ils ne sont rien par eux-mêmes.

Je le disais précédemment, il est très difficile de parler d'Hofmannsthal lui-même. Non parce qu'il offrirait des difficultés de lecture, mais parce qu'il est issu d'un contexte qui échappe au lecteur français.Celui du romantisme allemand qui est mal connu et mal compris trop souvent.



mots-clés : #initiatique #lieu
par bix_229
le Sam 23 Juin - 17:53
 
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Sujet: Hugo von Hofmannsthal
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Chester Himes

On va reprendre dans l'ordre pour Cercueil et Fossoyeur :

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La reine des pommes

Une plongée dans le Harlem de la fin des 50's. Une histoire simple qui ne fera entrevoir que tardivement et d'assez loin le duo de flics charismatiques au point de faire passer un inspecteur Harry pour un bonhomme détendu et franchement sympa. Ils ne rigolent pas. D'ailleurs il n'y a pas grand monde pour rigoler. Jackson bosse dans une boite de pompes funèbres et perd ses économies et sa femme le jour où il espère qu'un type sympa va lui transformer ses billets de 10 en billets de 100.

Après il essaiera de retrouver Imabelle, sa femme, avec l'aide de son jumeau camé et magouilleur, et d'une prière de temps en temps. La descente dans son monde alternatif, noir de peau (avec toutes ses nuances, en passant par le "jaune banane" et d'idées est effroyable. Une ironie froide mais pas condescendante parcours les rues comme les pages et les coups bas et la violence ne sont pas dissimulés. Drogues, prostitution, corruption, arnaques, entourloupes font la paire avec une drôle de candeur ou de naïveté de l'envie qui suscite une certaine sympathie ou gratitude.

Un double portrait d'une population mal barrée, pas idéalisée, mais pas diminuée qui semble s'être perdue et courir après un modèle riche et blanc, courir sans hésiter à se cannibaliser, et le portait de Harlem, un quartier dans une ville avec une histoire et une vie, une présence. Même sans connaitre ou sans tout imaginer, en recollant des souvenirs de films, de photos, de musiques, le portrait est saisissant, inquiétant, fabuleux à sa manière.

Il faut d'ailleurs préciser que le Quarto Gallimard, qui regroupe les huit romans qui mettent en scène le duo de choc, propose en introduction Harlem ou le cancer de l'Amérique qui est une approche plus synthétique et méthodique de ce portait par le quartier, dans un style fluide et percutant.

Ce qui marque le plus dans cette cuisine infernale c'est plus le souffle cradingue mais limite grisant du lieu que les atours de "série noire" pourtant pas ratée et carrément efficace. Avec des beaux portraits de perdants qui s'accrochent autant qu'ils dégringolent. Une première rencontre plutôt chouette qui rend tout de même aussi curieux des autres textes que de cette série présentée comme de commande dans la bio du post précédent (mais dans le Quarto c'est la série).

En tout cas ça déménage et ça réveille...

récupéré au fond du coffre.

mots-clés : #lieu #polar #racisme
par animal
le Dim 27 Mai - 20:48
 
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Sujet: Chester Himes
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Sylvain Tesson

Sur les chemins noirs

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Par une soiré de stégophilie (comme nous l'apprend Arensor) bien arrosée, Sylvain Tesson a dégringolé sans contrôle, s'est retrouvé cassé en mille morceaux, et après quelques mois d’hôpital, tout surpris qu'on s'occupe si bien de lui, grand gosse maladroit "soûlographe", a compris que la Sibérie, la vodka et la taïga c'était fini.
Alors, dans un désir de  "régler ses comptes avec la chance", c'est parti pour la France, le viandox et le bocage, et l'heureuse surpaie d'y trouver autant ses aises, cartes IGN au 25 000ème en main. Ma foi cela n'est guère surprenant puisqu'il s'agit bien de grands espaces solitaires, et de temps non compté.

C'étaient mes chemins noirs. Ils ouvraient sur l'échappée, ils étaient oubliés, le silence y régnait, on n'y croisait personne et  parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage. Certains hommes espéraient entrer dans l'Histoire. Nous étions quelques-uns à préférer disparaître dans la géographie.



Et il nous invite pour  2 mois et demi de marche, du Mercantour au Cotentin, tout au long des chemins noirs, dan une France rurale que la folie du monde n'a encore qu'effleurée, bien  qu’elle ne renonce pas à l’arracher à elle-même.

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 Carte_10

C'est beaucoup mieux qu'une soirée diapos-retour-de voyage car d'observations en rencontres pacifiques (des gens « pour qui la santé des prunes est un enjeu plus important que le haut débit »), de citations littéraires (Tristram!) en élucubrations sociologiques, de réflexions nostalgiques en dérives imaginaires, il nous abreuve, nous nourrit, nous  transbahute. Il disserte sur l’évolution du monde, débusque une musaraigne, s'installe un bivouac récupérateur.

Au fil des paysages éphémères et changeants, la vie de vagabond est une bonne façon, de se rééduquer, et de se retrouve soi-même quand on est passé à quelques millimètres du fauteuil roulant. Chaque instant de cette déambulation bucolique est une jouissance, dans  un retrait du monde salvateur, "antidote de la servitude volontaire".

Voila. C'est toujours cette même impression, pleine de contradictions : il est toujours aussi agaçant, mais attachant encore plus, comme beaucoup de nos amis, qu'on prend plaisir à retrouver, égaux à eux-mêmes. Malgré (ou à cause de, qui sait?) . Il a toujours son humour, son panache, son autodérision. Il livre avec une  lucidité vaillante sa vision éplorée d'un monde d'écrans, de vitesse, de consommation, qui dévaste tout sur son passage, et qui achèvera sans doute ces zones résistantes, une vision nostalgique d'un temps qui n'est plus, auquel il savoure de voler des éclats encore flamboyants, dans une consolante jouissance de l'instant. Et puis, c’est quand même ahurissant, une fois de plus, ce défi qu'il se donne. C'est d'un homme extraordinairement vivant.

Et que ne pourrai-je pardonner à quelqu'un qui écrit :

Pendant que la vitesse chassait le paysage, je pensais aux gens que j'aimais, et j'y pensais bien mieux que je ne savais leur exprimer mon affection. En réalité je préférais penser à eux que les côtoyer. Ces proches voulaient toujours que «l'on se voie », comme s'il s'agissait d'un impératif, alors que la pensée offrait une si belle proximité.



mots-clés : #lieu #voyage
par topocl
le Lun 16 Avr - 20:27
 
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Sujet: Sylvain Tesson
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Roman Sentchine

La zone d'inondation

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Parce qu'un oligarque moscovite s'est rendu compte que cela pourrait bien lui rapporter quelques sous, vingt ans après, les travaux de la centrale hydroélectrique de Bougoutchany, en Sibérie, reprennent. Et voila que la menace, qui planait depuis si longtemps qu'elle avait été quasi oubliée, devient réalité:  le lac de barrage va engloutir des villages entiers. les habitants vont être recasés à la va-comme-je-te-pousse, les morts aussi seront déplacés.

Alors de quoi se plaint-on? Eh bien d'abandonner une vie séculaire, ancrée dans une réalité terrienne, de rompre avec ce qu'on a   aimé ou détesté, mais connu, ses souvenirs, son travail et ses amours. D'être asservis par la cupidité des puissants, l’intransigeance des petits chefs, la corruption de tout un appareil.

Sans s'attacher à un héros précis, Roman Sentchine fait vivre toute cette  population bafouée, ses espoirs et ses désespoirs, ses combats et ses renoncements. C'est le dernier enterrement, ce sont les derniers mois puis les derniers jours, qu'emmener, qu'abandonner? C'est déchirant mais imparable. Et puis il faut se réhabituer ailleurs, et cet ailleurs,  outre qu'il est  un outrage, n'a pas d'âme.

J'ai curieusement été emportée par ce texte, qui laisse une large part aux dialogues, moi qui n'en suis guère adepte, car ces échanges  anodins traquent au plus profond des émotions non-dites, dans un grand respect des interlocuteurs. C'est prenant, c’est tragique, c’est l'homme mortifié par ce qu'on présente comme une fatalité mais qui n'est en vérité que la vénalité de ses pairs.




mots-clés : #identite #lieu #ruralité
par topocl
le Dim 15 Avr - 17:05
 
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Sujet: Roman Sentchine
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Thomas McGuane

Le Club de chasse

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Le club appartient par succession aux descendants de ses fondateurs, la haute société locale, les nantis de Détroit. Dans ce vaste domaine préservé depuis cent ans à la fin des années 60, les membres s'apprêtent à déterrer le message enfouit lors de sa création. Héritiers de la réussite américaine, piètres aristocrates, ils vont sombrer dans un anéantissement chaotique de leurs valeurs :
« La fin, c’est la fin. Terminé. L’extinction, comme pour les dinosaures, les chapeaux haut de forme, les grands él…
‒ Prouve-le, hé connard ! couina l’épouse d’un ancien secrétaire à la Défense.
‒ … la perruche de Caroline, le milan des Everglades, le pic-vert à bec d’ivoire, le narval. Mes enfants, l’expérience est ratée. »

On retrouve ce "vertige de la liste" dont parle Umberto Eco (et qui m’intéresse beaucoup) :
« Il y aurait un bingo avec un présentateur professionnel et des jetons de bingo personnalisés (aux initiales des employés) ; un goût qualifié d’extraordinairement judicieux présida au choix des prix : silencieux "Hollywood" pour voitures, bavettes garde-boue en caoutchouc blanc avec cataphotes intégrés, dindes, chapeaux mous, matériels de barbecue, flamants roses en béton pour jardins, plateaux-télé, chiens en plastique à installer sur la lunette arrière de votre voiture et qui clignent de l’œil gauche ou droit en synchronisme avec votre clignotant, ensembles d’arc-et-flèches mohawk, coiffes de grands chefs pontiacs, sets de table paillards, portes de douche en verre dépoli avec cerfs bondissants gravés à la sableuse, et d’innombrables autres accessoires liés à l’automobile, à la télévision, aux distractions enfantines et aux allusions érotiques. »

« Je me suis lancé dans diverses imitations. J’ai porté des chapeaux rigolos — j’en avais un décoré de fenêtres, de nids d’oiseaux, de cartes routières et de visite, de menus, de ressorts de montre, de soucis d’eau, de nids de guêpe sphériques en papier, de squelettes articulés, d’os de chat, de petits chevaux en caoutchouc, de photos de puits de mine et de gratte-ciel. »

Métaphores incongrues, à la limite du surréalisme :
« Il regarda autour de lui la chambre qui semblait aussi neuve qu’une source récemment curée. »

Dans ce premier roman (peut-être pas la meilleure porte pour entrer dans l'oeuvre de McGuane) qui aborde plusieurs thèmes, reste centrale la démesure de Vernon Stanton, avec son ascendant sur James Quinn, son ami d’enfance, et Janey, sa compagne ; des blagues potaches irresponsables au glissement vers l’excès et la folie, il est à la fois l’agent et la mise en abyme du naufrage du club lui-même.

Difficile de cerner ce qui me séduit dans les livres de McGuane ; subliminal ? plutôt dû à la place qu’il laisse aux lecteurs pour structurer, instrumentaliser, interpréter ce qu’il couche sur le papier ? Je les apprécie sans pouvoir vraiment me l’expliquer… Un certain détachement, peut-être. Et maintenant qu’une certaine littérature (déconstructive) déploie des symboles qui ne désignent rien, pourquoi pas une parabole sans morale ? C’est au moins une histoire captivante, pleine d’épisodes, à la fois d’un décousu charmant et d’une certaine unité de composition. C’est une jubilation de la narration dans un remous de rivière qui disperse et canalise tour à tour. Aussi un piège à critiques, où peu semblent être tombés…
A ce propos, beaucoup de choses m’ont échappé, sans que ce soit dû à la traduction : allusions, sous-entendus, ellipses, références proprement américaines.

Pour les éventuels amateurs/ connaisseurs, McGuane rend admirablement l’expérience du pécheur de truite à la mouche ; pour les autres, il donne une idée de cette sorte de communion avec une rivière (ici la Père Marquette, Nord-Michigan), de sa fascination ‒ et de ses risques :
« Il se rappela que les longues heures passées à fixer le ruban soyeux et changeant de la rivière le laissaient souvent hébété pendant vingt-quatre heures. Il se demanda si cela expliquait les noyades que l’on déplorait à chaque saison, ces pêcheurs que l’on retrouvait coincés sous des ponts ou parmi un amas de branchages et qu’il fallait ramener vers la berge avec une gaffe ; ou ceux qui disparaissaient tout simplement sur un plan d’eau étale, puis tourbillonnaient pendant un jour ou deux avant de couler. Pareilles considérations le tenaillaient lorsqu’il pêchait de nuit. Il suffisait parfois d’une simple perte d’équilibre, de l’aboiement de chiens sauvages poursuivant un chevreuil ou du sifflet du train de Père Marquette ; Quinn sortait alors de la rivière avec une sainte trouille avant de remonter les pentes herbeuses ventre à terre vers sa maison. »

« Pour Olson, chasser et pêcher constituaient des formes d’économie rurale parce qu’ainsi il garantissait personnellement la vie de la campagne. Quand les membres du club sortaient des bois par hordes entières, avec leurs fusils et leurs chiens de luxe, mais les mains vides, et qu’ils découvraient Olson, sa saleté d’épagneul springer couché à ses pieds, en train de retourner au-dessus d’un petit lit de braises un couple de grouses tirées facilement, ou lorsqu’ils le trouvaient avec un plein panier de truites gavées d’insectes et qu’il leur fallait cacher la truite d’élevage longue de quinze centimètres et couleur de boue, qui ressemblait davantage à un cigare bon marché qu’à un poisson, et qu’ils avaient failli bousiller leur canne à pêche à deux cents dollars pour cette prise dérisoire ; quand tout cela arrivait, ils avaient envie de convoquer sur-le-champ la réunion annuelle pour dire à cette fripouille de décamper de la propriété avant qu’ils appellent les flics. Alors ils se rappelaient que c’était lui le gérant et tout se compliquait sans que leur rancœur diminuât pour autant. »

L’humour est omniprésent, souvent en filigrane, comme dans ce finale d’un pique-nique d’entreprise :
« Un cabriolet Chevrolet vert sans conducteur arriva à vitesse modérée, semant la panique parmi les invités qui retiraient les enfants sur la trajectoire probable du véhicule fou. Il arrivait, majestueux et astiqué à la cire de palmier brésilien, avec son capot arrondi, original et flambant neuf, sa jupe bullée, ses vitres teintées en bleu, son chérubin gigotant dans l’intérieur vide couleur azur et le grondement auguste des pots d’échappement jumelés ; vira lentement, évita miraculeusement la mare aux canards et, obstiné, s’arrêta net contre un orme étêté. Tout le monde courait maintenant. Quinn aussi courut, vers la voiture aboutée au tronc, ses roues arrière barattant la terre du champ de foire. Quinn ouvrit la portière côté conducteur pour couper le contact et son gardien d’usine roula à terre, tout bleu et les veines saillantes, plongé dans son coma diabétique, tandis qu’un cri minuscule et lointain jaillissait derrière les mâchoires contractées, la poitrine gonflant les palmiers de Miami imprimés sur sa chemise fantaisie. Quelqu’un se faufila près de Quinn pour tâcher de desserrer les mâchoires d’une main experte, y glissant enfin le goulot d’une bouteille de Pepsi-Cola, dont le verre tinta contre les dents, puis entreprit d’en verser le contenu pendant que son autre main libérait la langue dudit gardien. Pour les autres invités, ce fut la goutte de Coca qui fit déborder le vase et ils se préparèrent au départ. Agenouillé près de son gardien, Quinn vit ses yeux émerger du nœud des veines tandis que le Pepsi lui dégoulinait dans le cou et sur sa chemise fantaisie, il vit son regard brusquement envahi par la lucidité, par la conscience de la débâcle générale, puis par la honte. »


Je propose lieu, et social

mots-clés : #lieu #social
par Tristram
le Sam 14 Avr - 13:51
 
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Sujet: Thomas McGuane
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Nicolas Fargues

Rade Terminus

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Rade Terminus est un livre qui parle des expatriés français à Madagascar avec une certaine ironie.

Des couples, des célibataires se préparent d’abord à partir. Ils feront connaissance là-bas, à Diégo-Suarez. Et se préparer pour partir ce n’est pas forcément de la tarte !

Les personnages, qui vont se croiser à Diégo-Suarez, qui n’est autre que la ville d’Antsiranana, sont plutôt caricaturaux, comme Philippe par exemple, qui travaille pour l’association humanitaire Écoute et Partage, une ONG, et qui souffre de ses TOCs. Que ce soit dans le comique – Amaury recruté en France par Philippe pour le seconder – ou dans le dramatique (Phidélyce qui a vraiment baisé la gueule à Maurice qui a tout quitté pour elle).

« À 65 kilomètres d’Ambanja, sans prévenir, Dieu lui donna l’ordre de pousser à 150 kilomètres à l'heure, juste pour voir : “Tu atteins 150 et puis tu redescends, d’accord ?”
– Ah non ! Arrête Dieu ! Ne me fais pas jouer avec le feu sur ce coup-là ! Faut pas déconner, là ! Je suis en bagnole, là, c’est dangereux, tu peux pas me forcer !
Dieu affecta cet air attristé qui cachait une vexation sans appel.
– Bon bon, O.K., O.K. Mais après on arrête, hein ? »


Voilà pour le TOC qui nous amuse et nous inquiète !

La description de la vie des personnages en exil, on sent que c’est du vécu ! parce que Nicolas Fargues a été le directeur de l’Alliance française de Diégo-Suarez à Madagascar, il a dû en voir passer, des expat’s !!! Le ton employé est plein d’humour, il se moque beaucoup de ses personnages (l’air de rien comme ça, un peu pince-sans-rire !).

Les Malgaches en prennent aussi pour leur grade ! Il les a bien connus et nous en décrit le portrait et les caractéristiques, selon leur origine, côtiers ou des hauts plateaux, c’est pas pareil ! Et quand un Malgache vient en France, c’est tragi-comique !

« Les Français, je leur faisais peur dans le métro parce qu’ils me prenaient pour un Arabe. Les Arabes de la cité où je dormais, eux, ils m’agressaient parce que je mangeais du porc. J’avais beau leur dire que j’étais malgache d’origine indienne mais malgache, Madagascar ils avaient jamais entendu parler, ils voulaient savoir et me traitaient de traître ! Pire encore avec les Indiens ! Je parlais pas tamoul, j’allais pas à la mosquée, ils me traitaient de Français ! »


– Tu sais, ici, toutes les filles vont voir le sorcier pour se marier avec un vazaha [un Français]. J’ai jamais vu une ville où de dix à quarante-cinq ans, la recherche du Blanc est aussi ancrée dans les esprits et, surtout aussi généralisée chez les femmes. Je ne connais pas une seule nana ici qui dirait non à un vazaha, même pas spécialement friqué. Je n’exagère pas, pas une ! »


J’ai apprécié de lire ce petit livre, plutôt drôle, et plutôt à lire en été sur une chaise longue, ou dans l’avion, ou dans l’aérogare ! (mais ce n’est pas un roman de gare !)


mots-clés : #exil #humour #lieu
par Barcarole
le Ven 6 Avr - 9:17
 
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Sujet: Nicolas Fargues
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Joseph Mitchell

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 8 93276310

Le fond du port

Des "récits" qui sont des portraits du New York 'portuaire' et plus précisément tourner vers la pêche et l'ostréiculture. En partant du marché aux poissons de Fulton Street, Joseph Mitchell raconte une autre facette de la ville et de son histoire, avec ses vagues d'immigration, ses pratiques et élargit aussi notre champ de vision avec Staten Island ou le New Jersey voisin.

Le portrait d'un temps qui passe de la fin du 19ème au milieu du 20ème siècle pour des gens laborieux, travailleurs et attentifs au fleuve et à la mer mais pas seulement. Ca prend parfois le temps mais, après quelques énumérations de poissons ou de recettes, on en revient toujours aux gens et à leur quotidien.

Il y a bien une bonne dose de nostalgie derrière ces lignes et ces paysages différents mais ce temps qui passe n'est pas que de regrets. Sa part d'action et de contentement certainement compensent. L'angle naturaliste voire écolo inattendu participe à ce drôle d'effet.

Une vraie belle lecture et de vrais beaux portraits riches en humanité mais sans débordements. Très bon moment.

Mots-clés : #documentaire #lieu #viequotidienne
par animal
le Mar 20 Mar - 17:52
 
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Sujet: Joseph Mitchell
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Sorj Chalandon

Le jour d'avant

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Quarante ans après la catastrophe minière se Saint-Amé, Michel revient dans son village natal pour venger son frère qui y a trouvé la mort. On ne peut pas en dire plus de l'intrigue, qui tient surtout aux coups de théâtre, révélations et changements de cap qui vont apparaître au cours de l'enquête et du procès.

C'est du vrai Chalandon, celui qui traine toute la misère du monde sur ses épaules, logé à l'Auberge de la Fraternité Trahie et du Prolétariat Humilié. Chalandon qui creuse son sillon, tout à la fois appliqué et inspiré, n'hésitant pas à y revenir pour enfoncer son clou. Chalandon fidèle à son message, à ses phrases brèves qui pèsent 100 tonnes, qui ne lésine pas avec le souffle romanesque. Et arrive, ainsi à vous embarquer malgré vos réticences.

Car l'Impression globale est finalement plutôt bonne pour ce montage, parlant et astucieux, trouvant son apothéose dans deux splendides  plaidoiries contradictoires, pour dénoncer  brillamment la responsabilité des Houillères du Nord dans cette catastrophe qui a fait 42 morts. Il n'en demeure pas moins que  pendant les 2 premiers tiers de la lecture, je me suis sentie patauger dans une certaine déception, face à un récit assez convenu (auquel  les fameuses révélations vont donner son originalité), un peu malsain dans ses incohérences, (lesquelles vont également s'éclairer), parsemé de coïncidences très coïncidentes et de hasard  peu hasardeux (était-il bien utile que l'avocate ait les traits de la merveilleuse femme décédée  de Michel ?).

Livre refermé, je me suis dit que l'erreur était peut-être de faire raconter l'histoire par Michel lui-même, que le récit aurait pu gagner en finesse, moins outrageusement piéger le lecteur, s'il avait été fait par un tiers extérieur.

Ces réserves faites, et une fois accepté que Chalandon est un pur, un dur, pas vraiment drôle, il y a ici de quoi trouver quelque bonheur , dans un livre qui n'est pas dans les meilleurs, mais pas dans les pires non plus de son auteur.
Bien qu'il soit parfaitement écrit, la place faite aux dialogues, à la mise en place de la procédure d'incarcération, et à la machine judiciaire, laisse présager la possibilité d'un film assez prochain, qui pourrait peut-être, une fois n'est pas coutume, être meilleur que le livre.

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mots-clés : #culpabilité #justice #lieu #mondedutravail #psychologique #vengeance
par topocl
le Dim 18 Mar - 10:33
 
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Sujet: Sorj Chalandon
Réponses: 6
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