Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Des Choses à lire
Visiteur occasionnel, épisodique ou régulier pourquoi ne pas pousser la porte et nous rejoindre ou seulement nous laisser un mot ?

Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €

La date/heure actuelle est Sam 27 Avr 2024 - 8:50

122 résultats trouvés pour Violence

Carsten Jensen

La première pierre

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Cvt_la10

Dans la Zone Noire, la panique vous envahira, et quand la plupart d'entre vous crieront qu'ils n'en peuvent plus, ils n'auront encore rien vu. Vous serez  sur le point de vous écrouler. C'est comme ça, c'est dur. Et quand vous aurez le goût du sang dans la bouche et que votre coeur cognera dans vos oreilles -, ce sera le signe que, maintenant, tout est sur le point de commencer.


Cela commence comme un classique (bon) roman de guerre, . Basés à à Camp Price, dans le désert d'Afghanistan, paysage aussi splendide qu'inhospitalier, les soldats danois de la troisième section sont gonflés à bloc, sûrs de leur probité. Ils traînent les histoires personnelles qui les ont amenés ici. ils s'ennuient souvent, sont envoyés en patrouille, se livrent à des attaques protégées par la force  aérienne. Il croient fraterniser avec la population. Ils sont convaincus de leur mission, même si parfois des loupés et des "dommages collatéraux"  génèrent des états d'âme.

Maintenant, c'est pour de vrai, pensent-t-ils. Et, plein d'espoir, ils cils comptent les battements de leur cœur.


Et puis, il y a l'ignoble trahison, et la troisième section pète un câble, se soustrait à l'autorité, est prête à tout pour livrer sa vengeance. Et là, il s'avère que la guerre, c'est beaucoup plus compliqué. Les ennemis sont complexes : ces humains qui ont vécu toute leur existence entière dans un pays en guerre, cruel et imprévisible. Ils défient toute compréhension avec leurs croyances, leurs divergences et leurs fidélités; les relations des populations locales avec les talibans, le rôle des chefs de guerre sont insaisissables pour l'observateur occidental naïf. Et s'en mêlent l'armée américaine, les soldats britanniques, les milices, les sociétés mercenaires, les renseignements danois, les technologies de pointe … Cela devient une sacrée débandade, une marche forcée obsessionnelle où il faut sauver sa peau coûte que coûte.

Et justement, cela coûte très cher. Il n'y a plus aucun repère, plus de bien ni de mal, plus de vrai ni de faux, plus de civilisation ni de barbarie, plus d'amis ou d'ennemis reconnaissables. Ils n'ont plus aucune certitude, le monde n'est plus que questions et danger.Ils n'ont d'autre option que d'avancer dans cette vertigineuse descente aux enfers, guidés par le radar de la survie, ballottés dans une cascade de choix de Sophie. On assiste à une effroyable escalade de la violence (Jensen ne lésine pas, il faut bien le savoir), de non-sens, une absolue perte de contrôle. La guerre n'est plus une stratégie sérieuse qui répond à des lois, c'est  une immense manipulation, un jeu vidéo géant,   dont nul ne connaît plus les limites.

- Tu as vu tous ces murs en Afghanistan ? - ce n'est pas une question, il continue : ils tiennent depuis deux mille ans et ils seront toujours debout dans deux mille ans. Nous nous vantons d'avoir inventé les armes avec lesquelles ils nous tirent dessus. Les mines, les mortiers, tout cela vient de chez nous. Les télécommandes qui permettent de déclencher les bombes à distance. Leurs communications par radio. Oui, nous sommes supérieurs par notre technologie et notre savoir. Nous le pensons, en tout cas. Mais ne serait-ce pas l'inverse ? Notre science ne serait-elle pas une preuve de notre bêtise ? Quel est le résultat de tous nos efforts, de toutes nos actions ? Un bouleversement climatique qui va nous emporter tous. Mais pas les Afghans. Ils survivent depuis 2deux mille ans. Ils survivront deux mille ans de plus. Le désert partout, des températures astronomiques, pas de pluie. Depuis longtemps ils ont appris à vivre avec. Dans le futur ils n'auront pas besoin de nos armes, de nos roquettes  ou de nos mines. Nous  nous trainerons comme des lépreux au pied de leurs murs et nous jetterons sur leur poubelle comme des chacals. À la fin, les Afghans seront vainqueurs.



Ce roman est terrible car il est parfaitement maîtrisé, contrôlé, s'appuyant sur  quarante ans d'expérience de l'auteur en Afghanistan. C'est un triller parfait sans relâche, sans temps mort, sans concession au politiquement correct, avec une écriture, dense, implacable, chirurgicale (âmes sensibles s'abstenir). Chaque personnage se déploie, dans l'enchevêtrement de ses contradictions, et je me suis curieusement  totalement  identifiée à ces personnages pourtant si différents de moi, aux aspirations et à la vie si étrangères à  la mienne qui voient s'écrouler leur monde fantasmatique au profit de la réalité de la guerre dans cette espèce de tourbillon de folie et de violence où les circonstances les entraînent. Ils sont médusés, annihilés. Ils n’abandonnent pas leurs illusions , ce sont leurs illusions qui les abandonnent. Il est ridicule de dire qu'ils ne rentreront pas indemnes : en fait ils ne rentreront pas, ils abandonneront derrière eux leur peau originelle. Ce monde est si terrible qu'il n'existe que peu de mots pour le décrire - cependant Carsten Jensen a réussi  à en faire ce roman  impitoyable dont on sort un peu dévasté par sa propre ignorance, son impuissance et le caractère dérisoire de ses propres petits problèmes.

(et on ajoute trahison  Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 1384701150 ?)

mots-clés : #aventure #culpabilité #guerre #psychologique #vengeance #violence
par topocl
le Ven 11 Mai 2018 - 14:51
 
Rechercher dans: Écrivains de Scandinavie
Sujet: Carsten Jensen
Réponses: 5
Vues: 983

Emmanuel Carrère

Un roman russe

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Images99

C'est donc une relecture. Et bien , je comprends bien pourquoi je n'avais pas aimé. Je continue à ne pas pouvoir dire que j'ai aimé. Mais.  Mais ce livre est complexe, ambigu et tragique, comme son auteur.

Il s'agit d'un  fatras absolu qui pourrait avoir pour sous-titre Quelques mois de la vie d'Emmanuel Carrère.

Au premier chapitre, il part en reportage sur les traces d'un soldat Hongrois qui a été hospitalisé pendant 50 ans dans un hôpital psychiatrique russe, finalement identifié et ramené à sa famille,  ne parlant plus que par bribes , ne se souvenant de rien. Super sujet, traité de façon frustrante sur un chapitre.

A l'occasion du reportage à Kotelnitch, où est  l’hôpital psychiatrique, Emmanuel Carrère y est séduit par ce village post-soviétique  agonisant, où il parait impossible de vivre mais où des gens survivent quand même. Il tisse des liens et il finira par y revenir fasciné un mois durant, pour s’imprégner de cette vie si étrange pour nous, une non-aventure typiquement carrérienne qui a son charme décadent, et finit  tragiquement.

Pendant la même période il cherche à faire aboutir le projet d’écrire sur son grand-père géorgien immigré  au moment de l'annexion de la Géorgie par l'Union Soviétique, personnalité aussi tourmentée que son petit-fils, malmené par la vie jusqu'à son arrestation et sa disparition mystérieuse en 44, sans doute liée à ses activités d’interprète pour les Allemands. Il pense que creuser l'abcès de ce mystère pourra l'aider à mieux assumer son propre malêtre.

Voilà. Tout ça, quoique un peu disparate, et pas complètement abouti,  c'est épatant. Du Carrère comme on l'aime.

Seulement manifestement cela ne suffisait pas, ou peut-être n'était que le prétexte pour que Carrère,  adolescent amoureux de nous parler de Sophie, la belle Sophie, la Sophie amoureuse,  Sophie qui fait si bien l'amour en présence ou au téléphone , Sophie, l'amour de sa vie. Cependant comme Carrère est, cela ne change pas, totalement immature, égocentrique, égoïstement torturé, supérieur, maladroit, possessif, infantile, cela finit mal et on a droit à tous les détails de cette rupture en plusieurs actes. Au centre de celle-ci, une nouvelle érotique dont Carrère semble très fier, mais que j'ai trouvée d’une longueur.... Et puis des dialogues répétés du genre Tu es l'amour de ma vie mais je ne peux pas te supporter. Tu es la femme que j'aime mais je suis un si sale type. Tu es l'amour de ma vie mais séparons nous, je souffre trop...

Dreep est plutôt indulgent quand il qualifie ça de
Dreep a écrit: une histoire de cul et de cocu avec sa copine du moment qu'il a étalé dans Le Monde, je crois.

C'est une pleurnicherie infantile, un règlement de compte lamentable, une bombe à retardement dans la vie de la pauvre Sophie.


Manifestement Carrère se complaît dans sa démonstration qu'il est un sale type ( tout en n'omettant pas de nous dire qu'il peut bander sans interruption toute la nuit), un peu comme si le fait de taper sur lui-même l'autorisait à dire tout et n'importe quoi sur les autres. Quelle "sincérité" mal placée! Surtout que c'est carrément rasoir et complaisant, désobligeant, obscène (pas tant les histoires de cul que l'étalage privé et le règlement de compte).

Tout cela pose la question de la liberté de l'artiste. Comme l'a dit Dreep, Sophie existe. Elle avait un autre homme en "roue de secours" et ce pauvre type en prend aussi plein la figure. Et puis la mère de Carrère (personnage publique, Hélène Carrère d'Encausse) lui demande de ne pas dévoiler l'histoire du grand-père et il s'en fout. Il n'en fait pas un portrait très glorieux, de sa mère, mais quand même elle n'est pas un monstre non plus.

Donc, un seul conseil, si vous êtes amené à fréquenter Carrère, prudence, même "si vous n'avez rien  à cacher " selon la formule consacrée.

Donc finalement,  quand
Dreep a écrit:  Je lui en veux encore.

Je comprends, Dreep, je comprends vraiment. Mais vois-tu les dernières pages (le suicide du cousin, la malédiction familiale, la lettre-confession à sa mère) sont bouleversantes, plus bouleversantes que beaucoup de choses que j'ai  lues, et alors malgré la détestation que j'ai traînée au fil des pages, je lui pardonne. La pourriture, la mesquinerie, je les regrette, c'est cher payé. Mais quoique ici profondément maladroit,  c'est véritablement un écrivain, et il me touche.

Quasimodo a écrit: quant à Carrère, mais tous ses livres ne sont pas égaux semble-t-il ?

Et bien oui, tout à fait, tu l'auras compris  Cool ...


mots-clés : #amour #creationartistique #relationenfantparent #sexualité #violence
par topocl
le Ven 23 Fév 2018 - 15:36
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Emmanuel Carrère
Réponses: 83
Vues: 7186

Juan Gabriel Vásquez

Le corps des ruines

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Images96

Il va être difficile de rendre compte de ce roman tant il est tentaculaire, intelligent, maîtrisé, tant le roman et le non-roman y sont étroitement intriqués au bénéfice de l'esprit et d'une certaine générosité.

Juan Gabriel Vasquez s'y montre  écrivain à l’œuvre, s’appropriant peu à peu un sujet qui l'a initialement rebuté, à l'écoute des signes qu'au fil des années celui-ci peut lui envoyer, l'amenant à accepter de douter, de se remettre en question pour finalement se l'approprier au prix d'un itinéraire affectivo-intellectuel traversant le temps et les continents.

Ce sujet lui est apporté/imposé par une espèce de complotiste exalté, monomaniaque et  agaçant, Carlos Carballo, fasciné par deux assassinats politiques qui ont été  des tournants majeurs dans l'histoire de la Colombie:  celui de Rafael Uribe Uribe en 1914, et celui de Jorge Eliécer Gaitán en 1948, deux figures de l'opposition libérale. Pour ces deux assassinats,  les exécutants ont été châtiés, et Carballo soutient que la justice s'est refusée à remonter le fil des vrais commanditaires. La juxtaposition de ces deux affaires est l'occasion  d'interroger la société colombienne, pervertie d'avoir toujours frayé avec la violence,  de réfléchir au lien que celle-ci entretient avec le mensonge et la dissimulation, et de montrer comment la quête de la vérité, si elle est vouée à l'échec, permet cependant d'interroger sa propre intimité, mais aussi tout le corps social  notamment dans sa  dimension  politico-judiciaire.

On est  dans une démarche assez curieuse (et plusieurs fois revendiquée) qui mêle sciemment l'autofiction et  l'histoire d'un pays, mais aussi l'Histoire et la fiction  pour produire une œuvre protéiforme, mi-polar politique, mi-réflexion et quête de sens. Dans cette démarche qui n'est pas sans rappeler Cercas, mais portée ici par une écriture fluide et pleine de vivacité, parfois à la limite de la faconde, Juan Gabriel Vasquez communique, par un montage époustouflant,  sa passion, ses émotions  et son érudition. il tire un fil qui en révèle un autre, suggère sans imposer, les longueurs sont très rares (et sans doute indispensables), c'est de la belle ouvrage.




mots-clés : #autofiction #complotisme #creationartistique #historique #justice #politique #violence
par topocl
le Mar 20 Fév 2018 - 12:20
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Juan Gabriel Vásquez
Réponses: 26
Vues: 2426

Mario Vargas Llosa

La ville et les chiens

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 La_vil10

La ville, c’est Lima, et les chiens, des cadets (élèves encadrés par l’armée) dans toute l’ignominie qu’on peut supposer en matière d’obscénité, de bizutage, d’indigences diverses. Alberto, « le Poète » (où l’on peut reconnaître une personnification autobiographique de Llosa, au moins jusqu’à un certain point), trouve sa place entre « Jaguar », le dur chef du « Cercle » et « l’Esclave », Arana, le bouc émissaire ; il louvoie entre les deux pôles, grappille un peu de monnaie en produisant de « petits romans » pornographiques. La première partie de ce roman de plus de 500 pages (divisé en deux parties sensiblement égales, avec un épilogue) décrit assez longuement l’univers violent de la jeunesse péruvienne dans la première partie du XXe ; elle réveille des souvenirs de service militaire, pour ceux qui ont expérimenté cette découverte des brimades, de la promiscuité, des confrontations sociales et racistes, ici entre serrano (pas le jambon ou le piment, mais Indien ou métis originaire de la Sierra, la cordillère des Andes) et citadin (généralement blanc), de la côte maritime. Dans la seconde partie, l’Esclave étant mort d’une balle de fusil au cours d’un exercice, l’intrigue se développe. Dans l’ombre portée par la dictature, Llosa expose le problème de la dénonciation, et la grande règle de l’armée (laver son linge sale en famille), dans une dialectique de la loyauté et de la vengeance. Seul, l’intègre lieutenant Gamboa s’attache à éclaircir l’affaire, suite à une accusation du Jaguar par le Poète (devenu proche de l’Esclave avant sa mort, non sans avoir pris sa place auprès de la jeune fille qu’il aimait).  

« ‒ Pardon mon capitaine, dit Gamboa. Aussi longtemps que je ne m’en rends pas compte, les cadets de ma compagnie peuvent faire tout ce qu’ils veulent, je suis d’accord avec vous. Mais maintenant je ne peux plus faire semblant de l’ignorer, je me sentirais complice. » (II, 4)


« Il serait plus facile de ressusciter le cadet Arana que de convaincre l’armée qu’elle a commis une erreur. […]
Vous m’entendez, rentrez au collège et faites en sorte qu’à l’avenir la mort du cadet Arana serve à quelque chose. » (épilogue)


Les chiens (cadets de première année), c’est aussi la chienne Malencouille, adoptée par le Boa (bien qu’il lui ait cassé une patte dans un moment de colère)...
Un ultime et inattendu entrecroisement de destins boucle le livre, nettement plus captivant dans sa seconde partie.

« Je [Jaguar] ne savais pas ce que c’était de vivre écrasé. » (épilogue)


La composition caractéristique du style de Llosa, fait d’allers-retours temporels, d’entrelacements simultanés de différents fils narratifs, de monologues ou conversations de chacun des personnages (autant de narrateurs), paraît moins innovante de nos jours, après avoir lu par exemple Faulkner (qui l'aurait inspiré).
Cette histoire rejoint l’universel, comme on dit, et renvoie par exemple à La punition, de Tahar Ben Jelloun, qui vient de paraître.
Ce premier roman, écrit à 23 ans à Paris, est peut-être finalement celui que je préfère de Llosa (dont je ne suis autrement pas trop "fan").


mots-clés : #discrimination #jeunesse #regimeautoritaire #social #violence
par Tristram
le Sam 17 Fév 2018 - 14:24
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Mario Vargas Llosa
Réponses: 36
Vues: 3814

Patrick Süskind

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Le-par10

Le Parfum

Résumé
L'histoire abominable et drolatique de Jean-Baptiste Grenouille a déjà fait rire et frémir, en quelques mois, des centaines de milliers de lecteurs allemands et italiens. La voilà, en somme, réimportée en France, puisque c'est ici qu'elle se passe, à Paris et en Provence, en plein XVIII siècle.

Ce vrai roman, ce roman d'aventures, est aussi un merveilleux conte philosophique à la Voltaire. Il y est d' ailleurs beaucoup question d'essences...

"Car l'odeur était sœoeur de la respiration. Elle pénétrait dans les hommes en même temps que celle-ci ; ils ne pouvaient se défendre d'elle, s'ils voulaient vivre. Et l'odeur pénétrait en eux jusqu'à leur coeœur et elle y décidait catégoriquement de l'inclinaison et du mépris, du dégoût, de l'amour et de la haine. Qui maîtriserait les odeurs maîtrisait le cœoeur des hommes."


Concernant le commentaire ci dessous, pour ceux qui n'ont pas lu le roman, il y a  risque d'être spoilé, alors c'est à votre choix de le lire ou pas

Je n’ai pas été déçue de cette relecture du « Parfum » de Suskind. Je l’avais lu il y a de nombreuses années, et m’en souvenais peu, donc je me suis laissée de nouveau emmener dans l'atmosphère odorante de cette histoire. Je trouve que l’auteur nous fait entrer dans une autre dimension avec sa perception du monde au travers des odeurs plutôt qu'avec les yeux. Quant un sens est en berne, d’autres prennent le relai et se renforcent, et certainement que, comme Grenouille, nous percevrions le monde avec bien d’autres nuances si nous le percevions avec son nez (ou si notre odorat était plus développé). Ce roman est pour moi d’une grande originalité et nous embarque dans ce monde odoriférant.

Certains perçoivent le personnage de Grenouille comme "malsain", amoral, méchant …. Personnellement je l’ai trouvé riche et intéressant. Et méchant, je n’emploierai pas ce terme, car pour l’être encore faut il avoir une conscience morale de ce qui est bien et mal, tout en sachant que cette conscience relève des déterminants d’une société, varie d’une culture à une autre et d’une époque à une autre. Grenouille, de par sa naissance, le rejet de sa mère, le rejet de sa nounou, du prêtre, et le manque d’affection dans lequel il a grandi, sans compter une éducation très sommaire voire inexistante, n’a pas notion de bien et de mal. D’ailleurs, à ce siècle, je ne m’avancerai pas trop pour dire ce qui était perçu comme bien et mal.

Après, l’auteur aussi nous prédétermine à le percevoir sous le jour d’une forme de perversion, étant donné que, dès le début du roman, il insinue que Grenouille fait exprès de crier ce qui aboutit à la mort de sa mère. D’emblée, il nous place devant un être ayant une intentionnalité mauvaise. Mais  un bébé n’a pas d’intentionnalité, c’est seulement l’auteur qui nous amène à le penser ainsi. D'emblée il définit les traits de son personnage du côté d'un désir malsain de faire du mal.

Grenouille, dans sa vie, n’a que les odeurs. Elles le guident, l’attirent, le repoussent, etc. Et il explique sa différence et le rejet des autres par le fait qu’il n’a lui-même pas d’odeur. Son but devient ainsi de s’en créer une, et de s’en créer une qui soit très attirante pour les autres, qui fasse qu’on puisse l’aimer.
Lui-même, qui fait au quotidien l’expérience de l’influence des odeurs sur l’attitude des gens, devient peu à peu un orfèvre de l’art d’en créer.

Dans la première partie, nous suivons son enfance et son début d’adolescence, comment il est mis à l’écart, déconsidéré, et comment il pousse un jour la porte du maitre parfumeur. Le décès de celui-ci suite au départ de Grenouille est sans doute une note donnée par l’auteur pour dire que tout se paie, étant donné que la morale a une place importante dans ce roman. On peut imaginer une sorte d’intervention divine pour punir le parfumeur, ou encore, une erreur de sa part, guidée par son inconscient du fait de sa grande culpabilité, qui amène à ce que tout ce qu’il a obtenu grâce à un autre parte en fumée.

Dans la seconde partie, Grenouille prend peu à peu conscience de combien les hommes et leurs odeurs l’envahissent, comment c’est insupportable, et il choisit de s’éloigner de plus en plus du monde humain, jusqu’à rester larvé au fond d’une grotte pendant des années. Je ne sais si cela est à entendre au sens littéral, car il me semble que cette mise à distance de la réalité et de la société humaine signe aussi son entrée dans la psychose et le basculement vers une reconstruction délirante du monde.

Quand il y entre de nouveau, cela va être sous tendu par cette création de parfum, de son parfum. Il est guidé par ce nouvel ordre du monde qu’il a créé, et je ne pense pas qu’il ait notion de ce que le meurtre est un mal. Les femmes (et les hommes en général), ne semblent pour lui que des objets, auxquels il ne s’intéresse que parce qu’ils sont susceptibles de le servir, d’être des ingrédients pour son parfum.

Pourquoi des femmes jeunes, belles et rousses se sont demandé certains. Déjà, nombre de ses victimes n’étaient pas rousses. Le trait commun étant plutôt la jeunesse et le fait d’être vierge. Grenouille ressent quelque chose pour elles, et je dirai qu’il s’agit certainement d’attirance sexuelle, sauf qu’il ne la perçoit pas comme telle et n’en retient que l’odeur, certainement en partie de phéromones dont certaines auxquelles il est plus sensible. Son appétence pour ces odeurs rendant aussi celles qui les dégagent plus jolies. Et certainement que les jeunes filles vierges ne dégagent pas le même fumet.

Pour Grenouille, la différence des sexes et le sexuel en général est quelque chose qu’il n’a pas construit, qui est pour lui forclos ( terme lacanien), et qui va revenir de ce fait dans le délire et les hallucinations. C’est ainsi que je vois la scène d’orgie dans le village, comme une hallucination qu’il a. Quant à la fin, dans laquelle il se fait dévorer pour son odeur, elle peut également être un effet hallucinatoire.

Bref, je pense que pour l’analyser sous ce jour il me faudrait le relire, mais je ne pense pas le faire de sitôt. Deux fois c’est déjà pas mal, mais j’en sors avec le plaisir d’avoir lu un roman écrit d’une belle plume, original, interrogeant, une petite perle selon moi.


mots-clés : #pathologie #sexualité #violence
par chrysta
le Sam 17 Fév 2018 - 14:09
 
Rechercher dans: Écrivains européens de langue allemande
Sujet: Patrick Süskind
Réponses: 6
Vues: 965

Jérôme Ferrari

A fendre le cœur le plus dur
avec Oliver Rohe
Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Fendre10

Ce texte est paru, initialement aux Editons Inculte dont Olivier Rohe est l'un des créateurs,   dans le cadre de l'exposition éponyme qui exploite des archives mêlant  photographies et textes d'un écrivain-reporter de guerre, Gaston Chérau, envoyé en Libye lors de la guerre italo-turque en 1911. Quelques photos reproduites donnent un reflet de ce terrible corpus de plus de 200 clichés.

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Chyrau10

Passée la sidération de la découverte de clichés reproduisant la pendaison de 14 rebelles dans une mise en scène soigneusement organisée, les auteurs les mettent en perspective avec le reste du corpus, et  réfléchissent  à la propagande photographique en temps de guerre, et au sens à décrypter à travers ces cliches, à la question de la représentation de la  violence dont l'obscénité même justifie, ici, la nécessité.

Ce texte est constitué de petits chapitres qui lui donnent un côté un peu disparate. Il laisse un petit goût de superficialité cachée derrière une rhétorique pompeuse, qui le mène parfois à la limite de l'obscur. On regrette que la seule réflexion soit mise en avant, au détriment d'une connaissance du photographe, Gaston Chérau, dont la position face à ces clichés n'est que vaguement ébauchée (à tel point qu'on ne peut savoir si elle s'appuie sur l'analyse des documents écrits, ou s'il s'agit d'une interprétation des auteurs). Il n'en demeure pas moins qu'il pose de bonnes questions, fait émerger des documents jusque là oubliés quoique primordiaux, et qu'on y trouve quelques idées à glaner. L'exposition devait être passionnante!

mots-clés : #colonisation #essai #guerre #violence
par topocl
le Jeu 15 Fév 2018 - 9:33
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Jérôme Ferrari
Réponses: 13
Vues: 1278

Oliver Rohe

A fendre le cœur le plus dur
avec  Jérôme Ferrari
Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Fendre10

Ce texte est paru, initialement aux Editons Inculte dont Olivier Rohe est l'un des créateurs,   dans le cadre de l'exposition éponyme qui exploite des archives mêlant  photographies et textes d'un écrivain-reporter de guerre, Gaston Chérau, envoyé en Libye lors de la guerre italo-turque en 1911. Quelques photos reproduites donnent un reflet de ce terrible corpus de plus de 200 clichés.

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Chyrau10

Passée la sidération de la découverte de clichés reproduisant la pendaison de 14 rebelles dans une mise en scène soigneusement organisée, les auteurs les mettent en perspective avec le reste du corpus, et  réfléchissent  à la propagande photographique en temps de guerre, et au sens à décrypter à travers ces cliches, à la question de la représentation de la  violence dont l'obscénité même justifie, ici, la nécessité.

Ce texte est constitué de petits chapitres qui lui donnent un côté un peu disparate. Il laisse un petit goût de superficialité cachée derrière une rhétorique pompeuse, qui le mène parfois à la limite de l'obscur. On regrette que la seule réflexion soit mise en avant, au détriment d'une connaissance du photographe, Gaston Chérau, dont la position face à ces clichés n'est que vaguement ébauchée (à tel point qu'on ne peut savoir si elle s'appuie sur l'analyse des documents écrits, ou s'il s'agit d'une interprétation des auteurs). Il n'en demeure pas moins qu'il pose de bonnes questions, fait émerger des documents jusque là oubliés quoique primordiaux, et qu'on y trouve quelques idées à glaner. L'exposition devait être passionnante!

mots-clés : #colonisation #essai #guerre #violence
par topocl
le Jeu 15 Fév 2018 - 9:32
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Oliver Rohe
Réponses: 7
Vues: 913

Roberto Saviano

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Jpg_sa10

Le contraire de la mort


Deux nouvelles
Original: Il contrario della morte/L’anello (Italienisch, 2007)

CONTENU:
Le contraire de la mort
Là d’où vient Marie, la plupart des hommes portent une plaquette métallique autour du cou, avec leurs noms, la date et le lieu de la naissance. C’est ce qu’il faut dans le Sud d’Italie bien pauvre, pour être identifié lors de leurs engagements dans l’Afghanistan en guerre. Car dans cette région, les hommes ont seulement la chance de participer au crime organisé ou d’aller au militaire. Comme Gaetano, le fiancé de Marie, qui part en guerre pour pouvoir payer le mariage et la maison commune. Et qui ne revient pas. Alors Marie change la robe de marié contre le noir du deuil et du désespoir.


L’anneau
Première visite d’une fille du Nord dans le Sud de l’auteur. Comment la protéger contre les regards, les attaques des prédateurs? Lui enfiler une bague sans autre explication ! Plus tard cette femme, devenue journaliste, est encore d’un autre monde : est-ce qu’elle va jamais comprendre que naître et mourir ici signifie des fois, d’avoir été tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment ? Et deux jeunes hommes innocents meurent…


IMPRESSIONS:
Si Gommorha avait été un roman documentaire, alors ces "scènes de la vie napolitaine" sont aussi ancrées dans la réalité, dans la vie dans le Sud de l’Italie de l’auteur.
Dans la première histoire (récit? reportage?) c’est un jeune couple au centre. Il semble qu’il n’y ait pas d’alternative pour gagner sa vie : soit la Camorra, soit le militaire… Gaetano va laisser veuve une fille de dix-sept ans…
Est-ce qu’ils étaient – et ce Leitmotiv revient dans le deuxième récit – tout simplement au mauvais endroit qui les met devant de telles décisions, de telles choix ? Où est la marge de manœuvre, on se le demande ! Et alors on comprendra qu’il faudra pas forcement aller dans l’Afghanistan pour trouver la guerre en Europe.

Bien sûr on pourra classer ce livre presque comme un récit, un œuvre de non-fiction. C’est un vrai témoignage de la vie sous la menace dans certaines parties de l’Italie que l’auteur connaît.
Sa langue, son style ajoute à ce récit amer une note de poésie noire, de prose magnifique.

A lire !

mots-clés : #viequotidienne #violence
par tom léo
le Lun 12 Fév 2018 - 13:44
 
Rechercher dans: Sciences humaines
Sujet: Roberto Saviano
Réponses: 5
Vues: 643

Aura Xilonen

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Gabach10

Gabacho

Ce premier roman d'Aura Xilonen expose le parcours de Liborio, jeune mexicain qui cherche à construire sa vie dans une ville du sud des Etats-Unis. De son travail dans une librairie à ses aventures (et déboires) d'apprenti boxeur, il efface pas à pas des obstacles pour combler des manques, le poids d'une solitude et l'absence de perspectives liée à son statut de migrant, "en marge" d'une société qui le contrait à se battre à chaque instant pour trouver une légitimité personnelle.

La violence, infligée et subie, est omniprésente dans Gabacho (titre provenant d'un mot exporté par les Français au Mexique au XIXème siècle, et qui désigne désormais les Américains aux yeux des Mexicains) et la créativité littéraire d'Aura Xilonen permet de la rendre à la fois bouleversante et fascinante, tout en soulignant la fragilité d'une humanité à la recherche d'elle-même. L'exercice de la traduction était aussi redoutable et l'ouvrage se dévoile avec beaucoup de fluidité, dans un mélange de "spanglish" et d'argots divers permettant de renouveler en permanence un souffle, une inspiration.

Gabacho émeut précisément grâce à la fougue et la ferveur d'une jeunesse dépassant les souffrances, les frontières...et ce même si le roman contient quelques longueurs et semble parfois trop ambitieux dans sa structure et ses péripéties.



mots-clés : #immigration #initiatique #solitude #violence
par Avadoro
le Ven 12 Jan 2018 - 12:26
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Aura Xilonen
Réponses: 3
Vues: 711

Ivan Jablonka

Laetitia ou la fin des hommes

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Images75

Ivan Jablonka parle de Laetitia, cette jeune femme de 18 ans sauvagement assassinée et  démembrée vers Pornic en 2011, affaire qui a fait grand bruit dans la presse. Il applique ses techniques d'historien-sociologue pour une tentative d'épuisement de ce fait divers.

Il s'intéresse à Laetitia , dans un désir de lui rendre une certaine justice, à sa sœur jumelle Jessica, à leur  environnement familial défaillant(famille biologique et famille d'accueil) préparation parfaite, voire répétition générale au long cours du drame. Il s’intéresse à son assassin, issu du même milieu, avec les mêmes codes, les mêmes fatalités. Il s'intéresse aussi aux protagonistes indirects ,  magistrats, avocats, enquêteurs, politiques (Sarkozy qui en profite pour vendre sa politique compassionello-répressive), journalistes qui ont fait que cette affaire a été ce qu'elle était, qu'elle a été en quelque sorte retirée à Laetitia, sa jeunesse et sa dignité, pour en faire une histoire publique,  et non plus intime,  avec ses mensonges et ses dérives.

Jablonka ne s'exclue pas de ces intervenants extérieurs qui ont pu s'approprier des faits, une histoire, pour l'instrumentaliser, lui, l'universitaire parisien   se mêlant de "ce qui ne le regarde pas", auto-parachuté en province, dans ce lumpen-prolétariat enfermé dans la reproduction de schémas pathogènes, de comportements destructeurs, de violence faite et répétée envers les femmes et les enfants.

C'est assez réussi, dans son exhaustivité qui implique quelques redites reflétant  l'obsession du chercheur. Jablonka a un très grand respect de chaque protagoniste, une compassion bienveillante et ouverte, qui trouve bien sa place à côté de la démarche "scientifique". Cette dernière implique une recherche rigoureuse de la vérité, et Jablonka ne laisse passer aucun détail, aussi nauséabond soit -il, ce qui pourra  rebuter certains.

On est dans une histoire aussi sordide que pathétique, révélatrice car les personnalités s'éclairent peu à peu, les comportements s’individualisent et on comprend que l'extraordinaire ne cache que du très ordinaire.


mots-clés : #conditionfeminine #criminalite #justice #social #violence
par topocl
le Mer 10 Jan 2018 - 13:11
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Ivan Jablonka
Réponses: 25
Vues: 3131

Jean-Paul Dubois

Dubois et moi, ça n'a pas très bien commencé:

Hommes entre eux


Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Images71



C’est ça, des hommes entre eux ? Cette suffisance auto apitoyée vaguement bestiale sous prétexte de désenchantement ?
Et bien, je les laisse à leurs divagations sans humour sous la tempête de neige Ce livre inabouti s’appuie sur des psychologies sommaires, lance des pistes qu’il ne suit pas suffisamment, il ne se passe au demeurant pas grand chose, et si l’écriture plutôt moyenne tente quelques morceaux de bravoure , je n’ai pu me laisser emporter par ces combats d’hommes à mains nues, ces strip-teases glauques, l’amour dans une voiture ou la tempête de neige magnifiée par la fièvre. La chute, plus improbable que surprenante, ne sauve rien.
Je n’ai vraiment rien trouvé pour me retenir dans ce livre.

Commentaire récupéré


mots-clés : #pathologie #psychologique #violence
par topocl
le Lun 8 Jan 2018 - 16:50
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Jean-Paul Dubois
Réponses: 17
Vues: 1058

Laurent Mauvignier

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Dans2b10

Dans la foule

Ce livre m' a plongé dans une atmosphère lourde et j' aurai du mal à en
parler sinon en donnant quelques impressions.

Il m' a fallu du temps pour le lire. Il m' est arrivé de le lacher, mais lui, ne m' a jamais laché...

Les deux tiers du livre sont une sorte de lamento à plusieurs voix.
Mauvignier nous plonge dans le mal etre de ses personnages...
Jusqu' à la suffocation.
De quoi s' agit il, on a du vous le dire, d' un moment où le destin de chacun des personnages bascule dans un drame collectif.
Sur un stade de football à Bruxelles en 1985.
Des morts, des blesssés. Un drame public qui provoque des blessures intimes, des felures imprévues, des changements radicaux chez tous les personnages. qui de spectateurs sont devenus acteurs.
Ce livre avance comme un torrent ou plutot un magma de mots, dits ou non, de pensées, d' images, de souffrances infinies, d 'interrogations, de supplications, de colère, de confusion,...
Sous la forme de monologues intérieurs.
Je pourrais dire que le sujet de Mauvignier et surtout la façon de le traiter
est difficile.
Mais chaque livre est un exercice périlleux de voltige et d' équilibre.

De rythme. De mots justement agencés ou qui nous le semblent.
Et celui-là est habité et meme hanté jusqu' au délire.

Pour moi ce fut une effort, une leçon de patience, mais au bilan, une lecture forte,
anxiogène et tellurique.

Récupéré


mots-clés : #faitdivers #sports #violence
par bix_229
le Mer 3 Jan 2018 - 11:35
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Laurent Mauvignier
Réponses: 17
Vues: 1418

Laurent Mauvignier

Ce que j'appelle oubli

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 B_1_q_11

Un livre basé sur un fait réel, un homme de 25 ans résidant dans un foyer de jeunes travailleurs, précaire est surpris par des vigiles d'un "supermarché qui positive" en train de voler des bières. il sera amené de force dans une réserve et frappé jusqu'à la mort.

On peut retrouver des articles sur Internet. Le livre s'en inspire librement créant les pensées de personnages et extrapolant leur psychologie.
C'est une lecture douloureuse comme souvent avec Mauvigner. C'est court, mais violent dans l'expression des émotions.
C'est magnifiquement écrit comme toujours.

On en ressort indignés, blessés, tristes. on en ressort aimant la victime, méprisant la justice et haïssant les vigiles.

Un ouvrage à lire quand on est solides.


mots-clés : #faitdivers #justice #social #violence
par Hanta
le Mer 3 Jan 2018 - 7:27
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Laurent Mauvignier
Réponses: 17
Vues: 1418

Anatole France

Les Dieux ont soif

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Les-di10

L’action se passe à Paris en 1793 – 1794, au moment de la Terreur. Evariste Gamelin est un jeune peintre, admirateur de David mais surtout de l’Antiquité gréco-romaine. Peut-on le qualifier de raté ? Du moins, il ne travaille pas beaucoup à ses œuvres qui demeurent à l’état d’esquisses. Aussi vit-il  chichement avec sa mère. Il est attentionné, Evariste, c’est sans conteste une âme sensible, délicate et droite. Un modèle de vertu en somme.
Il n’en est pas de même de son voisin Brotteaux, noble réduit à la misère, amateur de belles choses, de belles femmes, féru de Lucrèce dont les œuvres ne quittent pas la poche de sa redingote, c’est probablement cet auteur qui l’aide à jeter un regard critique sur l’humanité dont il comprend les faiblesses.

Autour de ces deux personnages, gravitent des femmes, la mère de Gamelin, la voluptueuse Elodie, fille d’un marchand d’estampes et amoureuse d’Evariste, la non moins voluptueuse femme Rochemaure - j’ai l’impression que beaucoup de femmes sont voluptueuses chez France  Very Happy  - qui a eu une aventure avec Brotteaux au temps de sa splendeur. C’est d’ailleurs grâce à elle que Evariste va obtenir une place de juré au Tribunal révolutionnaire. Dans ce rôle, il va appliquer une loi sans complaisance pour faire régner la Vertu. Le Bonheur de l’humanité passe inévitablement par des ruisseaux de sang. Vive le sainte Guillotine…

« Les Dieux ont soif » montre comment une idéologie absolutiste peut mener aux pires atrocités. La Révolution s’emballe et dévore ses propres enfants. En ce sens, l’ouvrage est toujours d’actualité. Pensons, entre autres, au Kampuchéa démocratique.

Ce beau roman historique est servi par une écriture très claire qui se lit avec plaisir. Anatole France a le don de dresser par petites touches imagées et légères un tableau vraisemblable de Paris en ces années sanglantes, les métiers, les sentiments, le bruit de la ville, des passions, des prisons...

Quelques petits regrets : les personnages ont parfois tendance à être stéréotypés. Ainsi l’opposition entre Gamelin et Brotteaux est presque caricaturale. J’aurais aimé aussi entrer plus profondément dans la personnalité de Gamelin lorsqu’il envoie des fournées de condamnés à la mort. Le sujet est abordé mais discrètement. De même, l’auteur ne s’attarde pas sur cette fascination érotico morbide qu’éprouve Elodie  pour son amant.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Voici un excellent roman historique, qui se dévore (sans jeu de mots) et qui  amène à la réflexion.

Merci à Animal qui m'a incité à relire cet ouvrage dont je me rappelais le sens mais non l'intrigue Smile


mots-clés : #historique #justice #revolution #violence
par ArenSor
le Mar 26 Déc 2017 - 12:26
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Anatole France
Réponses: 15
Vues: 1247

Elena Ferrante

L'Amie prodigieuse

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 L-amie10

« Je ne suis pas nostalgique de notre enfance : elle était pleine de violence. Il nous arrivait toutes sortes d’histoires, chez nous et à l’extérieur, jour après jour ; mais je ne crois pas avoir jamais pensé que la vie qui nous était échue fût particulièrement mauvaise. C'était la vie, un point c'est tout : et nous grandissions avec l'obligation de la rendre difficile aux autres avant que les autres ne nous la rendent difficile. »
Prologue, 5


La misère, avec ce qu’elle fait ignorer, supporter et commettre : violences familiales et dans la rue, jusqu'au gâchis des dons. Au fil chronologique d'une narration à résonance autobiographique, Elena Greco nous rapporte sans misérabilisme ses enfance et adolescence dans un quartier populaire du Naples des années cinquante, notamment marquées par l’ascendant de son amie du même âge, Rafaella Cerullo, dite Lila, surdouée dont les parents ne peuvent payer les études, « méchante » dure et déterminée, perspicace et intransigeante, qui l’influence, ou plutôt la tire en remorque. Le motif dominant du récit, c’est cet écrasement de la narratrice, toujours effacée par l’ascendant de son amie qu’elle ne peut au mieux que suivre (sans que celle-ci en ait voulu ainsi, uniquement acharnée à apprendre, comprendre). Une sorte d’émulation, voire de rivalité sourde, unit les deux jeunes filles : toujours en avance lui semble-t-il, Lila demeure cependant la référence indispensable d’Elena, seule à aller au lycée.
Le meurtre d’un voisin enrichi sans scrupule, Don Achille, constitue un fil d’intrigue. Machisme foncier et susceptible ; espoirs de réussite sociale ‒ l’argent, qui généralement manque : la plèbe, qui contamine et enferme.

« Quels signes pouvais-je donc porter ? Et quel était mon destin ? Je pensai au quartier comme à un gouffre d’où il était illusoire d’essayer de sortir. […]
"J’emploierai toute ma vie, me dit-il comme s’il s’agissait d’une mission, à m’efforcer de ne pas lui ressembler [à son père]." »
Adolescence, 32

« C’est partout la misère qui nous rend tous méchants. »
Adolescence, 43


Tome premier d’une saga de quatre romans, il se termine sur une amorce de la suite.


mots-clés : #enfance #famille #jeunesse #social #violence
par Tristram
le Dim 24 Déc 2017 - 11:53
 
Rechercher dans: Écrivains Italiens et Grecs
Sujet: Elena Ferrante
Réponses: 32
Vues: 2648

Omar El Akkad

American war

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Images48

On est dans le Sud, tout au long de  la deuxième Guerre de Sécession  américaine (2074-2093). La montée des eaux et le dérèglement climatique ont déplacé des populations entières. Le Sud refuse la loi des nordistes qui interdit l'énergie fossile. Ses habitants subissent les ravages de cette guerre (guerre bactériologique, drônes...), et soutiennent les valeurs des combattants rebelles. Le père de Sarat meurt dans un attentat, sa famille est déplacée dans un camp de réfugiés où, devenue adolescente,  elle est approchée par des recruteurs, en collaboration avec les service secrets de l'Empire Bouazizi (qui regroupe tous les  anciens pays du Moyen Orient). On l'incarcère et la torture des années dans une île qui ressemble fort à Guantánamo, dont elle ressort détruite, définitivement transformée en un être de haine et de vengeance.

On accompagne tout au long du livre Sarat, cette petite fille qui, enfant, était heureuse et qui se transforme en quelques années en un monstre génocidaire.  C'est un beau (quoique terrible) portrait de femme, qu'on découvre, assez horrifié de cette nouvelle démonstration du fait que la violence n’entraîne que souffrance et violence.

Assez jouissive est cette image des Etats-Unis dévastés, pays qui n'a plus les manettes, livré à l'aide humanitaire internationale, subissant toutes les exactions qu'elle a imposé jusque-là aux autres sur la planète . Il y a des longueurs , certes, mais la guerre est longue; et le scénario se  déroule implacable, rendu totalement crédible par des personnages qui nous ressemblent, pris dans le monde que nous leur préparons.  Ce livre est terriblement angoissant, il montre dans un récit habile tout ce que nous redoutons, et même un peu plus. Plus moyen de croire que nous l'éviterons.


mots-clés :
mots-clés : #ecologie #guerre #romananticipation #terrorisme #violence
par topocl
le Lun 27 Nov 2017 - 17:23
 
Rechercher dans: Écrivains du Canada
Sujet: Omar El Akkad
Réponses: 2
Vues: 839

John Williams

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 515hxf10

Butcher's Crossing


Originale : Anglais (E-U), 1960

CONTENU :
C'est vers 1870 que Will Andrews quitte Harvard après trois ans d'études pour pouvoir suivre une idée : rechercher un contact plus originel avec la nature. Muni d'une adresse, il tombe à Butcher's Crossing sur une ville au carrefour de la chasse vers les derniers grands troupeaux de buffles. Il y va se joindre à un groupe d'hommes, guidé par un certain Miller, qui lui, parle d'une vallée cachée avec un troupeau pas encore découvert. L'excursion se prépare et les quatre hommes partent. Le voyage et ensuite l'arrivée dans cette vallée reculée, la chasse aux buffles et la (sur)vie des hommes vont être racontés : on deviendra insatiable...

REMARQUES :
Après l'incroyable « Stoner » de John Williams, je ne pouvais que continuer à explorer cet auteur. J'ai donc pris ce roman antérieur de plusieurs années à Stoner, écrit en 1960. Et à notre grand étonnement nous découvrons que ce roman se situe complètement ailleurs : dans la deuxième moitié du XIXème siècle, dans le cadre du Far Ouest, d'abord avec les clichés y associés : cow-boys, filles légères, salon, coiffeur, chevaux dans un village de croisement, de départ et de retour d'expéditions pour chasser les derniers grands troupeaux de buffles. Mais déjà faut-il de plus en plus loin pour des troupeaux de moins en moins grands.

Assez rapidement, et sur la recommandation d'une vague connaissance, Will Andrews contacte un aventurier qui parle de ce qu'il avait découvert des années auparavant : une vallée isolée, cachée, ignorée, avec un énorme troupeau de buffles. C'est vraiment rapidement que le projet prend forme, qu'on se munit du nécessaire et qu'on partira à quatre. Le voyage, inclus une période sans eau et une perte d'orientation, puis l'arrivée dans la vallée (comme une arrivée à la terre promise…) ouvre vers la partie centrale, qui se déroule alors dans cette vallée : chasse, campement, surpris par l'hiver… Se déroule alors dans ces grandes espaces une sorte de huis-clos entre quatre hommes de trempes différentes.


Disons en passant que ce cadre bien différent de Stoner peut convaincre plus d'un sur la maîtrise, la flexibilité de Williams dans son écriture… Ayant souligné alors cette diversité on pourrait explorer cette curiosité que l'auteur donne au protagoniste Andrews son nom de famille comme prénom : William/Will. Donc de là la vague idée d'une forme de souvenirs autobiographiques. Pas du Far Ouest, mais peut-être de la confrontation avec la violence que constituaient probablement pour lui sa participation à la guerre mondiale. Car il faut bien souligner que notre héros Will est peut-être pas mal intentionné, mais qu'il est certainement pas entièrement préparé : les durétés de l'expédition vont le changer à jamais, lui qui était arrivé à Butcher's Crossing comme un garçon innocent.

Donc, le lien avec la vie de l'auteur sont bien sûr juste des idées personnelles possibles, mais ce qui est sûr c'est que des expressions, des réalités très différentes (Stoner ; Butcher'sCrossing) peuvent rendre dans leur complémentarité une idée d'une personne.

Le lieu (« Croisement des bouchers ») me fait penser à un carrefour de décision de vie ce qui est probablement le cas pour Will.

On pourrait (âmes sensibles) retenir le massacre des buffles dans la deuxième partie du roman, mais cette chasse ne constitue qu'une partie du récit. Donc, la comparaison avec le roman légendaire de McCarthy « Méridien de sang ou le rougeoiment du soir dans l'Ouest » n'est pas justifié coté sang, massacre, violence inouie. S'il y a parenté, éventuellement par le fait que l'Ouest américain se créa sa propre fin ? Le massacre aux buffles, presque anéantis entièrement, sont un parabole nous invitant à la réflexion.

Un centre d'intérêt de ce roman serait certainement la vie en univers clos : quatre hommes, liés pour une période prolongée les uns aux autres. Presque un huis clos donc.

Un très bon roman qui n’atteint peut-être pas encore la qualité de Stoner mais laisse présager le meilleur ! Invitation à la lecture !

mots-clés : #aventure #initiatique #nature #violence
par tom léo
le Mar 26 Sep 2017 - 13:20
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: John Williams
Réponses: 23
Vues: 1342

Zoé Valdés

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 51mm8510

La Douleur du Dollar

Note de l'éditeur:
Voici l’histoire d’une femme, la Môme Cuca, abandonnée par l’homme de sa vie qui, pour tout souvenir, lui a laissé une fille et… un dollar. Mais c’est aussi — et surtout —, des années prérévolutionnaires à nos jours, de la nonchalance à l’exubérance, de l’espérance à l’incertitude puis à la résistance d’un peuple, l’histoire de La Havane — ville peinte ici dans toutes ses contradictions, sa violence et sa sensualité.
Composée dans l'exil, l'oeuvre de Zoé Valdès est sans doute le plus bel hommage que la romancière puisse rendre à son île, son pays perdu, tragique et tant aimé.


Résumé:

La jeune Cuca Martínez (surnommée Cuquita, « cocotte », Caruquita, ou la Niña, « la Môme »), issue d'un milieu très modeste, quitte à seize ans sa ville natale de Santa Clara et se rend, avec toute sa pudeur et ses principes, à  la Havane chez une amie de sa marraine où elle travaillera comme femme de ménage. Elle partage sa chambre avec la Mechunga et la Puchunga, deux bisexuelles qui deviennent ses amies. Un jour qu'elles s’apprêtent à sortir au cabaret le Montmarte, elles habillent la timide Môme et l'emmènent avec elles; Cuca y fera la rencontre de Juan Pérez, dit le Ouane, avec qui elle échangera son premier baiser. Premier baiser qui va tellement l'ébranler qu'elle va se sauver en courant. Convaincue qu'il est l'homme de sa vie, Cuca va l'attendre fidèlement (alors qu'il ne connait même pas son adresse...) durant huit ans, jusqu'à ce que le hasard leurs permette de se retrouver de nouveau au Montmartre. Ils vivent un amour fulgurant mais la Révolution change les choses : Juan, qui travaille pour la mafia, doit quitter brusquement Cuca et Cuba pour rejoindre les USA. Avant son départ, il donne à la jeune femme, alors enceinte, un billet d'un dollar et lui demande de le conserver précieusement dans l'attente de son retour.
Cuca accouche d'une fille, María Regla, sans jamais perdre l'espoir d'un retour du Ouane. María Regla est une enfant de la révolution, nourrie à l'école de message de propagande : elle hait son père, devient journaliste pour le pouvoir castriste, et communique peu avec sa mère. Cuca, de son côté, vieillit tout en tentant de survivre dans sa misère à La Havane.
Dans les années 1990, Juan Pérez, devenu riche et ayant fondé une famille à Miami, est sommé par son chef mafieux de rendre le billet d'un dollar sous peine de voir sa famille américaine avoir de sérieux ennuis. Il revient donc à Cuba où il va retrouver Cuca toujours aussi amoureuse de lui et faire la connaissance de sa fille Maria Regla. Ensemble ils chercheront le billet….

Ce que j'en dis:

Le style de Zoé Valdès risque d'en déranger certains qui la targueront d'être vulgaire. C'est une erreur. Le langage est cru, réaliste, familier,c'est celui de la rue: c'est tranché, direct et sensuel. Il y a le sexe, les larmes et le rire. C'est le cri dans le tréfonds, c'est un amour avec toutes ses contradictions.Ce sont les yeux ouverts face au désespoir. Aucune niaiserie ni mièvrerie, on mord dans sa lèvre jusqu'au sang.

Par rapport à la structure du roman, dès le départ on sait que le narrateur est le cadavre
1ère phrase du roman: “Ce n'est pas moi qui ait écrit ce roman. Moi, c'est le cadavre.”


dont la “petite voix”, la Geminette Criquette vient parfois confirmer ou infirmer ce qui est écrit et ainsi caricaturer le politiquement correct.

La peinture est vive, au couteau pour dépeindre avec intransigeance les incompétences et la corruption des politiques, la misère, le délabrement.

Le rythme est soutenu, L'écriture agile, incisive et aussi terriblement poétique, car Zoé Valdès est aussi poète. De nombreux jeux de mots avec les sobriquets viennent agrémenter le côté sarcastique et ironique de certaines situations.

Je suis d'accord avec l'éditeur: c'est un bel hommage à Cuba.

Lisez Zoé !

Mon prochain roman sera le Néant Quotidien


mots-clés : #conditionfeminine #lieu #revolution #sexualité #violence
par Cliniou
le Lun 4 Sep 2017 - 9:42
 
Rechercher dans: Écrivains d'Amérique Centrale, du Sud et des Caraïbes
Sujet: Zoé Valdés
Réponses: 9
Vues: 1152

Joseph Kessel

Les nuits de Sibérie

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 41-ujv10

J'ai adoré ! Vraiment !
C'est un court récit, celui d'une journée et d'une nuit, d'un officier français dans le port perdu de Vladivostok peu après la Révolution Bolchévique.
Narré à la première personne s'adressant au lecteur ou un personnage connu du héros, nous déambulons dans cette ville alcoolisée, sale, lugubre, aux filles faciles et au pouvoir corrompu où toutes les armées se jaugent et se soûlent.
Les russes dans tout cela vaquent à leurs crimes, leurs trafics, leur prostitution tentant de prendre l'argent qui n'est plus à personne puisqu'il serait à tout le monde.
On y comprend le désespoir et l'agonie, nous nous prenons de pitié pour cette perdition géographique et culturelle, sans aucun repère, sans aucun fondement.
Le style est fluide, riche, il contraste par sa netteté avec la souillure de la ville décrite. C'est laconique et tranchant, mélancolique et attristé.
Nous aimerions que l'histoire soit plus longue, mais la gradation de la violence, et la vacuité des destins de la ville nous laissent à penser que tout a été dit.

mots-clés : #violence #voyage
par Hanta
le Ven 18 Aoû 2017 - 10:02
 
Rechercher dans: Écrivains européens francophones
Sujet: Joseph Kessel
Réponses: 47
Vues: 5242

Iceberg Slim

Pimp : Mémoires d'un maquereau

Tag violence sur Des Choses à lire - Page 5 Fghhfg10

J'ai adoré ce roman autobiographique. Je l'ai aimé pour trois raisons principales :
- le langage est cru mais jamais salace, et il est incroyablement varié ce qui nous fait contourner les stéréotypes du rappeur-racailleux qui parle avec ses mots et tant pis si l'on ne comprend rien. Et ce langage, ce style permet de s'imprégner du paysage dans lequel l'auteur nous propulse.
- l'histoire qui est passionnante, loin des clichés, ce n'est pas une glorification ni une rédemption, c'est le constat d'une évolution heureuse et malheureuse par d'autres moments et cette distance, cette absence de jugement fait du bien.
- la richesse des personnalités qui constituent l"histoire : mi-charismatiques, mi pathétiques, ils sont complexes et cela permet des péripéties plus subtiles qu'il n'y parait.

J'ai vraiment aimé ce livre et je le conseille.


Mots-clés : #autobiographie #conditionfeminine #criminalite #prostitution #segregation #social #violence
par Hanta
le Ven 18 Aoû 2017 - 5:38
 
Rechercher dans: Écrivains des États-Unis d'Amérique
Sujet: Iceberg Slim
Réponses: 4
Vues: 1191

Revenir en haut

Page 5 sur 7 Précédent  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivant

Sauter vers: