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Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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Paul Auster

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Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Image102

Quel dommage que ce livre fasse 1 000 pages, qu'il pèse 1 tonne, cela va décourager tant de lecteurs ! Quel plaisir que ce roman de la démesure, qu'il fasse 1000 pages, qu' on s'y vautre, qu'on s'y traîne, qu'on s'y love, qu'on y tremble et qu'on y pleure, qu'on y rie, qu'on s'y attache, qu'on y retrouve tant  de souvenirs propres , qu'on y apprenne tant…

Bien sûr, certains aimeront, d'autres pas, mais comment ne pas reconnaître à Paul Auster, cet homme courtois, lumineux, intelligent, d'être en plus un auteur hors-pair, hors normes, qui nous livre ici son Grand Roman Américain, typique d'un lieu et d'une époque, tentaculaire et omniscient et qui ne ressemble à aucun autre? Comment ne pas lui reconnaître un talent extraordinaire de conteur, tant dans la structure narrative, profondément originale et parfaitement maîtrisée, que dans l'écriture d'une richesse, d'une vivacité, une inventivité qui n'est que le reflet de celle de la vie de son (ses) héros, "mes quatre garçons" les appelle-t'il, tellement jeunes et tellement mûrs, tellement heureux et tellement désespérés, tellement attachants?

On l'a dit partout, Archibald Isaac Ferguson est un jeune juif new-yorkais des banlieues dans l'après-guerre, de cette classe moyenne qui, Dieu merci, recherche son émancipation non dans la consommation et la frivolité, mais dans la création, (l'écriture en l'occurrence ), la réflexion, la remise en question, la recherche d'une justice et des libertés. Et comme Ferguson est un enfant puis un jeune homme réfléchi, si souvent "adulte", qui s'interroge en permanence sur la destinée, le rôle du hasard et des choix, Paul Auster, par des glissements dans son environnement, lui offre quatre destins, tout en préservant sa personnalité centrale, qui va évoluer, certes, varier selon les versions, mais rester là comme un noyau fondateur.

Tour de force, Paul Auster déplace sur une vingtaine d'années les personnages (Ferguson et tout son complexe environnement familial et amical)  avec malice, sur son échiquier élaboré, sans jamais perdre le lecteur, en tout cas jusque ce qu'il faut pour que cela soit délicieux de se laisser porter, d'essayer de venir vérifier un détail en arrière et finalement y renoncer, car finalement, on s'en fout, l'instant est là qui nous emporte: il y a cet humour, cette clairvoyance, cette tendresse pour les personnages quels qu'ils soient,  cette générosité sans limites de l'auteur et c'est ce qui importe..  Il y a ce souffle époustouflant à décrire l'intimité d'un jeune homme en formation, son incroyable relation avec une mère toujours ouverte, toujours accueillante, toujours encourageante, jamais envahissante, qui est la clé de sa personnalité, de son aptitude à de devenir un explorateur et un conquérant (un conquérant sympathique) dans tous les domaines : les études, l'écriture, le positionnement politique, le sport, la culture, l'amour, le sexe… L'existence des quatre histoires enrichit formidablement cette façon d'aborder  l'élaboration d'une personnalité, lui donne une puissance, une profondeur.

Les quatre Ferguson ont tous  une relation à l'écrit, qui n'est pas la même, poète, journaliste, prosateur… à succès ou sans succès, tous dans une recherche absolue de sincérité, dans un désir d'inventer de nouvelles voies, et ceux qui cherchent à savoir ce qu'est la littérature ne manqueront pas de trouver ici de nombreuses pistes.
Mais Auster élargit son discours à tous les arts, rend un hommage à un nombre incalculable d' œuvres qui ont marqué son propre apprentissage culturel, les livres, les films, les pièces musicales, le sport qui en même temps qu'un épanouissement physique est un art. Il raconte le plaisir des premières fois,  ces innombarables premières fois qu'il faut connaître, les unes après les autres, pour se construire en tant qu'homme vivant.
Il rend hommage aux médiateurs, parents, adultes bienveillants, amis, petites amies et petits amis, professeurs, tous sources d'inspiration, donneurs de conseils, tuteurs attentionnés, guides à travers le monde, tous  ces gens qui nous aiment, et qui font que nous devenons qui nous sommes.

Il raconte comment la jeunesse née après guerre, dans cette euphorie du jamais-plus et de la quête du bonheur enfin aboutie, sa jeunesse à lui, a grandi au contraire dans  une Amérique violente, autoritaire, imbue d'elle-même, violant les libertés individuelles, méprisant les individus (l'assassinat de Kennedy, de King, la lutte pour les droits civiques, la guerre du Vietnam, les émeutes raciales). Comment elle a fait fleurir en son sein  la révolte et parfois l'engagement.

Il y a enfin New-York, ville tentaculaire, détestable et magnifique, ses rues numérotées où déambuler nuit et jour, ses cafés, ses odeurs, ses taudis, ses habitants, ses universités, ses banlieues d'où chacun rêve de s'échapper...

Et puis, on tourne la 1015ème page... et c'est fini.
Déjà.... pale
Tant pis, il nous reste Paul Auster, il parait qu'il a déjà commencé à écrire son prochain livre!



mots-clés : #amitié #amour #communautejuive #creationartistique #identitesexuelle #insurrection #lieu #relationenfantparent #sports
par topocl
le Sam 3 Mar - 10:58
 
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Sujet: Paul Auster
Réponses: 142
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Vassili Grossman

"Pour une juste cause"

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Pour-u11

Deuxième guerre mondiale, Hitler ne tenant aucun compte du pacte germano/soviétique ( traité de non-agression entre l'Allemagne et l'Union soviétique)  prend  la décision unilatérale  d'attaquer l'URSS en déclenchant l'opération Barbarossa (le 22 juin 1941).

C'est cette invasion sur le sol soviétique et notamment la bataille de Stalingrad que l'auteur choisit de raconter.

Le lecteur fait la connaissance, au tout début de la guerre, d'une famille et de quelques personnages qui gravitent autour d'elle. Evidemment les chefs militaires impliqués dans cette guerre, qu'ils soient soviétiques ou allemands sont évoqués et intégrés à cette petite histoire dans la grande Histoire.

Les membres de cette famille, les personnages de fiction représentent toutes les classes (cf révolution d'Octobre ) de la population, les ouvriers, les kolkhoziens, les médecins, infirmières, les instructeurs politiques...

Certains personnages qualifient d'autres  ou se qualifient de "communistes" ; sous-entendant  que d'autres ne l'étaient pas. A plusieurs reprises il est fait état  de personnes âgées qui se signent.

Evidemment les valeurs, de courage, de travail, de force, d'humanisme sont mis en avant ; c'est le Peuple, le peuple qui vaincra parce que "la cause est juste", la barbarie nazie sera balayée du sol soviétique, de l'Europe, du Monde.

Tous les personnages sont intéressants, attachants dans leur façon de vivre comme dans celle de mourir.

Cette bataille de Stalingrad coûta des millions de vies, les secteurs les plus touchés furent : la gare et le tertre de Mamaïev, là le lecteur voit mourir plusieurs des personnages connus.

« Des milliers de gens en Europe, en Chine, en Amérique ressentirent la tension de cette bataille ; elle influa sur les idées des diplomates et des politiciens à Tokyo et à Ankara, elle détermina le cours des entretiens secrets de Churchill avec ses conseillers et l’esprit des appels et des décrets publiés par la Maison Blanche et signés par Roosevelt. »

« La tension de cette bataille fut ressentie par les partisans soviétiques, polonais, yougoslaves, par les maquisards français, par les prisonniers de guerre dans les terribles camps allemands, par les Juifs dans les ghettos de Varsovie et de Bialystok : le feu de Stalingrad fut, pour des millions de gens, un feu de Prométhée.


Ce sont de petits détails qui comme souvent montrent le plus la cruauté, l' affection, tous les sentiments qui affectent l'homme.

« Dans l’un des havresacs, il trouva une tablette de chocolat enveloppée dans un torchon blanc propre ; dans la sacoche d’un lieutenant, parmi les cahiers, les papiers et les lettres, il trouva un couteau, un miroir, un rasoir en bon état. »


Après les combats il y eut des rivalités entre chefs pour s’attribuer les victoires, bien que  tous reconnaissaient la valeur des soldats, des « disciplinaires », des ouvriers, des divers régiments placés sous leurs ordres.

« Mais ceux qui avaient occupé le tertre de Mamaïev (ou le cote 102) n’avaient pas besoin de discuter pour comprendre que c’étaient eux, et personne d’autre, qui avaient pris cette cote ; d’ailleurs, en haut, ils s’étaient retrouvés tous seuls. Les morts, nombreux, se taisaient : chacun d’eux aurait pu apporter sa parole à cette dispute. Mais les ergoteurs partageaient la gloire entre les vivants. »

Cette bataille n'impliquait pas seulement les allemands, leurs alliés et les soviétiques, elle impliquait le monde.

« Il savait que le mot « Stalingrad » avait apparu, écrit au charbon et à l’ocre rouge – cette encre noire et rouge de la foule – sur les murs des immeubles et des casernes d’ouvriers, sur les baraquements des camps dans des dizaines de villes d’Europe occupées par les nazis, que ce mot était répété par les partisans et les parachutistes dans les forêts de Briansk et de Smolensk, par les soldats de l’armée révolutionnaire chinoise, qu’il faisait bouillonner les esprits et les cœurs, qu’il attisait l’espoir et poussait à la lutte dans les camps de la mort d’où l’espoir semblait pourtant à jamais banni… »

Il me faut aussi parler du rôle de la Volga, cette rivière qu'il fallait traverser, qui amenait dans son flot matériel, hommes, les allemands croyaient la soumettre :

« la Volga n’avait pas séparé les deux ailes de la grande bataille. La netteté et la profondeur de cette ligne de démarcation n’étaient qu’apparentes : Il s’agissait en fait d’une ligne de soudure. La Volga ne coupait pas, elle unissait la patience et le courage de la rive droite à la puissance de tir de la rive gauche. »

Pendant que les soldats luttaient, des scientifiques, des ouvriers faisaient rugir les usines, les mines... Les tanks sortaient des usines, le charbon, on construisait des villes pour ces travailleurs.

Les armées soviétiques ont beaucoup subi, elles ont beaucoup reculé, mais elles ont tenu, elles ont gagné. L' allemagne nazie est entrée en force, en hommes (soutenus par les Italiens) en matériel mais la réplique du peuple soviétique s'est dressée par delà le nazisme qui lui s'était levé "par delà le Bien et le Mal" (Spengler)

L'auteur a présenté quelques uns des chefs allemands les plus vindicatifs, mais il a aussi fait s'élever une voix humble qui s'interroge :

« Comment était-il arrivé que lui, le soldat Karl Schmidt, un Allemand, fils et petit-fils d’allemands, qui aimait sa patrie, était épouvanté par les victoires de l’Allemagne au lieu de s’en réjouir ? »

Le livre se termine avant la victoire de Stalingrad ; nous n'entendons pas les cris de joie, mais l'espoir est là dans les champs, dans les récoltes.

c'était une bonne lecture, l'écriture de l'auteur juste dans le ton.

Extraits :

hommage à l'infanterie :  « Sans le courage de l’infanterie, la force monstrueuse de l’artillerie aurait été vaine. Celle-ci ne put déployer toute la puissance et la rapidité de concentration de son tir que parce que l’infanterie réussit à tenir dans la ville. »

du côté allemand :

« Pour dire la vérité, à présent que la guerre est finie, eh bien, toutes ces discussions sur l’unité du peuple ne sont que des balivernes. Les bourgeois boufferont à n’en plus pouvoir, ce sont eux qui tireront profit de la victoire : les nazis et les SS comme Stumpfe et son frère s’en mettront plein la panse, eux aussi, et s’il y en a qui se font égorger, ce seront des imbéciles d’ouvriers comme moi ou des paysans comme mon père. Nous, on fera les frais de cette fameuse unité ! Allez tous au diable, nos chemins se séparent après la guerre. »


mots-clés : #deuxiemeguerre #lieu
par Bédoulène
le Ven 2 Mar - 17:03
 
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Sujet: Vassili Grossman
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Yasunari KAWABATA

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 51zwwn10

Chronique d’Asakusa

Premier roman et premier feuilleton de Kawabata, c’est sans doute une œuvre mineure, mais plaisante. Evocation de ce vieux quartier populaire de Tôkyô en 1930, de sa faune de cour des miracles, de son histoire marquée par le tremblement de terre de 1923 et son occidentalisation, l’auteur s’adresse débonnairement au lecteur pour l’emmener dans une ballade pittoresque et poétique où l’incompréhension de certains propos ajoute au charme. Guide décousu, au gré de l’actualité (récession), suivant la trame lâche de la Société des ceintures rouges (ou de la Bande du même nom), de séduisantes jeunes délinquantes entre danse, musique, spectacles et prostitution, et tout particulièrement Yumiko, qui s’avère être le personnage principal de son roman inachevé.

« Soudain, j’aperçois ces gros titres dans les journaux sur l’étalage : "Par suite des extrêmes difficultés de l’existence, on se trouve enfermé dans la cité des fous." "Tous les hôpitaux sont pleins, les malades légers doivent se retirer et laisser leur place." […]
La plupart des vagabonds d’Asakusa sont légèrement fous. Asakusa est un grand asile. Mais tous ceux qui couchent dehors ne sont pas que des mendiants ou des clochards. Cet été-là, il y avait aussi une foule de chômeurs qui naturellement venaient augmenter le nombre des mendiants et des vagabonds. »


A signaler aussi une très belle (et longue) liste-catalogue de brocante surréaliste page 326 du Quarto.


mots-clés : #lieu #viequotidienne
par Tristram
le Sam 20 Jan - 15:50
 
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Sujet: Yasunari KAWABATA
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Philippe Sands

Retour à Lemberg

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Images78

Lemberg, ville aujourd'hui ukrainienne, qui fut aussi Lwow, Lviv selon  la souveraineté  autrichienne ou polonaise,  l'occupation allemande ou soviétique, au fil du XXème siècle.

Lemberg, villle d'origine de Leon , grand-père de l'auteur, qui a fui d'abord à Vienne, puis à Paris l'oppression nazi, survivant muet sur son passé, comme tant d'autres, et dont Philippe Sands va, tel une fourmi obstinée et besogneuse, décrypter le passé à partir de quelques lettres, photos, recueillant des témoignages auprès de survivants éparpillés dans la diaspora.

Mais à Lemberg sont aussi nés Lauterpacht et Lemkin, deux éminents juristes de renommée internationale, qui eux aussi ont fui les discriminations , eux aussi laissé derrière eux des familles destinées à l'assassinat de groupe. Chacun à sa façon, a travaillé à analyser ces actes d'infamie, à leur donner une tournure, un nom afin de permettre au Droit International, dont la première étape fut le procès de Nuremberg, de se positionner et de porter sereinement son verdict. Le droit international est en train de naître, Philippe Sands, là encore gorgé de lectures et d'archives, interlocuteur de descendants,  nous en livre les balbutiements et les subtilités. Il décortique pour le lecteur profane l'opposition des deux écoles : Lauterpacht décrit la notion de crimes contre l'humanité, perpétrés sur des individus, fussent-ils multiples. Lemkin introduit celle de  génocide (et crée le mot) , qui s'adresse à des groupes, raciaux, religieux ou nationaux

Et c'est sur Lemberg encore qu'a régné Franck,  Gouverneur Général de la Pologne occupée, opprimant, humiliant, exilant, spoliant, assassinant les juifs par milliers. Franck condamné à la pendaison par le Tribunal de Nuremberg, fustigé par son fils Niklas, contrairement à l’attitude de la plupart des enfants de responsables nazis.

Ce récit historique, parcouru tout au fil des  pages d'un puissant souffle romanesque, s’attache à ces quatre figures pour raconter, une fois de plus, le destin tragique des Juifs sous le nazisme. Une fois de plus, oui, c'est cette histoire si connue, sa montée en puissance, son écrasante dévastation. Et une fois de plus les destins individuels au milieu de cette destinée universelle émergent avec toute leur  singularité. Les histoires racontées sont un miroir tendu à la réflexion des deux juristes: destins individuels, destin du groupe, indissociables et complémentaires.

Philippe Sands est impressionnant d'érudition, il fournit un travail de titan,  traque l'information, aiguille dans le tas de foin des archives et souvenirs, ne lâche pas une piste si infime soit-elle, : le résultat est époustouflant. On pense aux Disparus de Daniel Mendelsohn, où la littérature et la mythologie, mise en abîme de l'Histoire,  sont remplacées par le droit. C'est sans doute un peu plus sec, un peu moins habité. Mais c'est une contribution indispensable, une invitation à la réflexion, à l'heure où nationalismes et antisémitisme sont, encore et toujours, à nos portes.

Ah, j’oubliais il y a a plein de photos, de gens et de documents. c'est passionnant, terriblement émouvant évidemment, instructif et plein de pistes, on en croirait que le droit international, c'est simple.

Chaude recommandation.



mots-clés : #communautejuive #deuxiemeguerre #genocide #historique #justice #lieu #minoriteethnique
par topocl
le Sam 13 Jan - 20:32
 
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Sujet: Philippe Sands
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Orhan Pamuk

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Cette chose étrange en moi

Dans son dernier roman, Orhan Pamuk dévoile patiemment la vie de Mevlut, vendeur de boza, ainsi que son attachement à la ville d'Istanbul qui se transforme et se renouvelle en permanence depuis l'enfance du personnage dans les années 1960...où l'on apprend également assez vite la signification de la boza, boisson fermentée faiblement alcoolisée, pour la société turque.

Cette chose étrange en moi séduit peu à peu par des allers-retours narratifs et des boucles temporelles. Pamuk s'attarde sur des détails, sur des rebondissements apparemment anodins et pourtant décisifs, pour mieux plonger le lecteur dans une atmosphère remplie de mélancolie et d'une forme de sérénité. Les tensions politiques et sociales sont une toile de fond omniprésente, mais il reste avant tout la perception de la fragilité du quotidien, qui révèle des promesses et autant de perspectives.

mots-clés : #lieu #viequotidienne
par Avadoro
le Dim 31 Déc - 18:33
 
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Sujet: Orhan Pamuk
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Kristopher Jansma

New York Odyssée

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Tous les quatre, Georges, Irene, Sara et jakob, à peine leurs études finies, sont venus à l'assaut de New York (cinquième personnage)  pour y vivre à fond le bonheur qui leur est dû, déambuler dans les rues, boire dans les bars branchés, s'amuser du temps qui passe et de la vie qui s'annonce; mais leur élan est brisé quand Irene apprend qu'elle a un cancer, qu'ils l'accompagnent avec fidélité et folie, puis quand elle meurt,  laissant ses jeunes amis désemparés, comme prématurément vieillis.

Kristopher Jansma traite avec un certain brio ce sujet casse-gueule, avec ce qu'il faut de tristesse sans tomber dans le larmoyant, et une belle intelligence émotionnelle. Cependant malgré des portraits épatants, et des scènes parfaitement réussies, il y a aussi de bonnes longueurs qui font que je n'ai pas adhéré pleinement à ce roman d'une génération, parfois déchirant, parfois joyeux, parfois inspiré.

Mots-clés : #amitié #lieu #mort #pathologie
par topocl
le Mer 27 Déc - 21:14
 
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Sujet: Kristopher Jansma
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Michela Murgia

Accabadora

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On est en Sardaigne de l’après guerre. L'île à donné ses hommes à la puissance souveraine, mais garde son identité singulière.
Maria, quatrième fille non désirée d'une veuve de guerre miséreuse, est adoptée contre rétribution par une vielle femme, Bonaria : son  fiancé n'est pas revenu de la guerre, la vie n'a pas été ce qui était prévu. Maria devient sa "fille de l'âme", elle peut étudier, elle héritera.
Dans ses ruelles tortueuses,  le village reste accroché à la religion et aux superstitions, à ses rites obscurs, aux cancanages. Mais cette tradition  n'exclue pas les transgressions, en matière de filiation, de transmission et de mort. Bonaria en est l'un des instruments, secret de polichinelle soigneusement occulté aux yeux de l'enfant.
Il va lui falloir des années pour comprendre a noire mission de sa mère adoptive, quelques secondes pour la comprendre, l'exécrer et la fuir, et tout un cheminement pour revenir et l’accepter.

C'est un très beau roman plein de sagesses ancestrales autour des mystères de la vie, une initiation à comprendre que la vie et la mort sont complexes, que le bien et le mal sont étroitement enchevêtrés. La phrase de Michela Murgia est ample et mélodieuse, elle donne son poids à la tragédie universelle comme à l'humble paix du quotidien.

mots-clés : #lieu #mort #relationenfantparent
par topocl
le Dim 3 Déc - 14:22
 
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Sujet: Michela Murgia
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Michela Murgia

"Quand s'achève le deuil, Tzia?"
La vieille femme n'avait même pas pris la peine de détourner les yeux du tablier auquel elle mettait la dernière main.
"Quelle question... le deuil s'achève quand s'achève le chagrin.
- Alors on prend le deuil pour montrer son chagrin... avait commenté Maria, croyant avoir compris, tandis que la conversation s'estompait déjà dans le lent silence du fil et de l'aiguille.
- Non, Maria. Le chagrin est nu. Le noir sert à le couvrir, non à l'exhiber."



Ainsi s' exprime Maria enfant à Tzia Bonaria Urrai.
"Fillus de anima. C'est ainsi qu' on appelle les enfants doublement engendré, de la pauvreté d'une femme de la stérilité d'une autre. De ce second accouchement était née Maria Listru, fruit tardif de l' ame de Bonaria Urrai."

C'est ainsi, en toute connaissance de cause que Tzia Bonaria Urrai adoptera Maria, six ans, une file en surnombre dans une famille très pauvre et déjà amplement pourvue d'enfants.
On est dans les années 50 dans un pauvre village de Sardaigne, où subsistent encore des coutumes et des rites qui ont force de lois. Plus que la religion et beaucoup plus anciens qu'elle.

Tzia Urrai est couturière de son métier et quand elle prend la mesure d'un client, elle sait tout de suite à qui elle a affaire.
Elle a aussi une autre tache, qu'elle tait à Maria par crainte d'être incomprise.
De fait, Maria apprendra la vérité trop tôt dans sa vie, et se séparera d elle pendant quelques années. Soupçonnant sa mère adoptive d' une faute qu'elle lui cache.

Cruelle séparation pour toutes deux puisqu'elles s'aiment profondément, se respectent, se comprennent avec ou sans mots.

Un jour, elle est prévenue par une amie du village que sa mère adoptive est en train de mourir.
Elle revient immédiatement  s'occupe de Bonaria avec le soin et l' affection d' une fille pour sa mère.
Bonaria s'affaiblit de plus en plus. Bientôt, elle n'a plus que la peau sur les os. Mais elle ne meurt pas.

Maria essaie de savoir ce qui la retient ainsi en vie.
Mais Bonaria est à moitié paralysée et ne peut plus s'exprimer.
Maria pense que c'est parce qu'elle a contractée une dette dont elle ne s'est pas acquittée si elle ne meurt pas.
Mais un jour, un ami d'enfance qu'elle connait et apprécie lui dit durement "qu'elle est devenue arrogante avec les péchés des autres", lui demandant s'il lui était seulement venu à l'idée qu'il n'y avait rien à pardonner...
En un instant, Maria comprend tout, et c est avec sérénité et douceur qu'elle rend à Bonaria l'ultime service qu' elle pouvait attendre.

Tel est ce récit, âpre et sans concession, mais où domine la tendresse. Et qui touche à une question fondamentale et éternelle sur le passage de la vie à la mort.
Dans ces moments ultimes où le corps est abandonné à la souffrance au point de n'être plus que souffrance seule.

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mots-clés : #lieu #mort #relationenfantparent #traditions
par bix_229
le Lun 27 Nov - 16:00
 
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Sujet: Michela Murgia
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Chantal Thomas

Souvenirs de la marée basse

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Souven10

« Il n'y a jamais rien de neuf dans mes journées », se plaint-elle. Je ne sais comment la convaincre du contraire. Je sens bien que la nouveauté n'arrive pas mécaniquement du dehors. Il faut y mettre, pour qu'elle se manifeste et brise une monotonie apparente, un sens du détail, un goût de la nuance, une passion de l'instant. Les journées de bord de mer se succèdent comme autant de variations, parfois si subtiles qu'un observateur étranger, un voyageur pressé ou un esprit chagrin ne saisit pas les nuances. Pourtant rien ne se répéte identique. Ni l'écart des marées, ni la couleur de l'eau, ni la forme des nuages - ni le frisson qui, lorsque je plonge, me traverse. La richesse de mes frissons, me dis-je dans mes accès de lyrisme, est aussi complexe et ouverte à des développements imprévus qu'un lever de soleil.


Chantal Thomas écrit un "roman" sur sa mère, et à travers elle sur l'eau, la nage, la baignade, élément premier dans al vie de celle-ci. Ou un roman sur l'eau, et à travers elle sur sa mère. Difficile à dire. Sur la mère et la mer, en somme, avec ce que cela implique de poésie, de jouissance, et, je laisserai cela aux spécialistes,  de psychanalyse.

La mère de Chantal Thomas est un petit bout de femme fantasque, éternellement infantile et désemparée face à la vie, que seule l'eau amène à quelque chose qui ressemble au bonheur. Chantal Thomas est une petite fille qui grandit dans son entourage, à une certaine distance, toute emportée par la magie de la plage, univers nourricier et  intime, lieu de plaisirs sensuels et de rencontres passagères, source d'imaginaire qui l'ont tout autant construite que cette mère présente-absente. Partager ce lieu est déjà partager un lien.

C'est un livre de plus sur une mère, personnage unique, fragile, tout à la fois familière et inconnue, avec laquelle elle établit une relation  tendre et lointaine, où on sent Chantal Thomas endosser très jeune le rôle de l'adulte protecteur.

Au passage, la fille,  face à cette absence singulière, cette inadaptation, réfléchit,  à la place  d'une femme dans la vie, avec de très beau passage sur l'effacement. C'est souvent plein de charme et de finesse, parfois un peu ennuyeux: Chantal Thomas aussi fait le choix d'une certaine distance, pour traduire cette relation primitive atypique, loin des modèles traditionnels.

mots-clés : #autofiction #famille #lieu
par topocl
le Lun 13 Nov - 16:48
 
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Sujet: Chantal Thomas
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Patrick Modiano

Dans le café de la jeunesse perdue

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Quatre narrateurs, un étudiant fréquentant Le Condé (quartier de l’Odéon, donc rive gauche) ‒ ambiance d’un café avec ses habitués, d’une époque qui semble révolue ‒, un détective ‒ atmosphère de polar avec activistes, inspecteurs de police et des renseignements, indicateurs, trafiquants ‒, l'héroïne elle-même et Roland son amant, parlent de Louki, une discrète fugueuse errant rêveusement, arpentant Paris.

« Mais on était sur la rive gauche et la plupart d’entre eux vivaient à l’ombre de la littérature et des arts. Moi-même, je faisais des études. »


La ville est la vraie héroïne, avec ses zones neutres et sa matière sombre, la disparition des repères de ceux qui y vécurent.

« Ou plutôt, je sentais sa présence sur ce boulevard dont les lumières brillaient comme des signaux, sans que je puisse très bien les déchiffrer et sans savoir du fond de quelles années ils m’étaient adressés. »


L’œuvre de Modiano est la recréation nostalgique du Paris de l’après-guerre dans un récit surfacique, simple, vague : c’est en effet surtout un climat (caduc). On pense à la Trilogie new-yorkaise, à Simenon, et à bien d’autres… Et on pense aux cafés (quand on pouvait y vivre, cafetiers comme clients), à Paris, au passé…

« Si tout était écrit noir sur blanc, cela voulait dire que c’était fini, comme sur les tombes où sont gravés des noms et des dates. »


Mots-clés : #contemporain #lieu
par Tristram
le Lun 23 Oct - 23:56
 
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Sujet: Patrick Modiano
Réponses: 28
Vues: 2127

Ricardas Gavelis

Merci Eglantine !  I love you

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Vilnius Poker

Un autre roman qui se dresse comme une ville-livre, où les rues sombres forment ensemble un labyrinthe. Une question se maintient avec une force obsédante et donne au titre tout son sens ; Qui croire ou que croire ? Vilnius prend corps de la même façon que Petersbourg chez Gogol ou Bucarest dans la trilogie Orbitor de Mircea Cartarescu (Il y aurait beaucoup d’autres exemples à évoquer). Mais alors que Bucarest prenait une forme franchement délirante, franchement fantastique, c’est plus ambigu pour Vilnius.

L’ambiance est si sombre qu’elle paraît presque irréelle, invraisemblable, mais ne peut pas être complètement noire pour cette raison : La réalité survit autant que la perception de personnages patibulaires, déprimés ou alcoolique le permet. Pourtant on sent bien que cette Vilnius fantomatique est un portrait lucide pour ne pas dire désillusionné de l’homo lithuanicus et à plus forte raison de l’homo sovieticus, de toute l’humanité réduite à un silence stupide. Une musique grisante se dégage de ce roman habilement construit, va directement au cœur d’une certaine manière. Même s’il peut en prendre plein la gueule, parce que le récit est quand même dégoûtant. Mais étrangement pas rebutant, à deux ou trois épisodes près. La troisième partie est peut-être un peu décevante par rapport au reste.

Ricardas Gavelis a écrit:Je n'ai jamais aimé les mathématiques et pourtant j'étais topologue, principalement parce que c'était pratique et sécurisant. C'est aussi la raison pour laquelle je revenais sans cesse à cette macabre et bien-aimée Vilnius. J'avais peur qu'en m'installant ailleurs, je découvre soudain que j'aurais pu, que j'aurais dû, devenir quelqu'un d'autre, mais que c'était trop tard. J'avais peur de me retourner et d'apercevoir mes vies possibles, celles que j'ai dilapidées. Alors je revenais toujours ici où je ne pouvais être rien d'autre qu'un mathématicien. Seulement, une peur encore plus terrible s'emparait de moi à chaque retour : je me rendais compte que j'étais en train de gâcher, irrémédiablement, toutes mes autres vives. J'avais si peur de quitter ces murs, ces rues... n'importe où ailleurs, j'aurais immédiatement découvert une quantité de mes avenirs déjà morts et enterrés, une multitude de possibles avortés.


Mots-clés : #contemporain #fantastique #lieu #regimeautoritaire
par Dreep
le Mer 27 Sep - 19:31
 
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Sujet: Ricardas Gavelis
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Henry David Thoreau

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 19177410

Walden ou la vie dans les bois (1854)

L'heure du commentaire est venue pour cette lecture étrange... il y a des traces sur le fil alors je ne vais pas trop insister : le début est lourd (au sens un rien ch...), une leçon de morale (décroissante) par un petit gars de bonne famille qui part vivre "dans les bois". Même en tentant d'imaginer un contexte mi XIXème états-unien... Difficile de ne pas sentir une forme de morale écrasante (dont il conserve néanmoins des traits) et une machine d'exploitation qui se met en marche avec beaucoup de gens, de pauvres gens qui prennent ce train à la destination incertaine en marche.

Alors la vie dans les bois aux bords de l'étang de Walden pourquoi ? pour écrire, pour réfléchir, pour faire un break peut-être aussi comme on dirait de façon floue... pour chercher, peut-être trouver, esquisse-t-on après lecture.

Des chapitres à thèmes : économie, chauffage l'hiver,... une structure assez carrée avec la volonté d'instruire à travers le récit d'expérience(s) qui se permet des écarts avec un certain 'humour et un trop plein d'amour pour la langue et la culture. Motivation palpable.

Ce carré a un côté de rejet d'une forme de vie, ça apparaît très fermement au début et c'est par reflet fermé. Intéressant peut être ses chiffres du premier chapitre mais partiel. Il y a forcément des manques et on a le droit je crois d'avoir l'impression de subir un genre de littérature d'une mode très éloignée des nôtres (mode XVIIIè ?)... et puis ça se transforme, on entrevoit une longue méditation quelque peu hébétée mais pointilleuse teintée de tradition morale, du pays (le lieu géographique) et de pensées lointaines, indiennes, chinoises et par les courants du moment (transcendantalisme).

Dans cette méditation "l'épreuve" a un rôle non négligeable bien que le zozo avoue apprécier de ne pas travailler toute la journée et trouve aussi de l'aide à l'occasion. et sans doute dans ses réponses plus de doutes qu'il n'a l'air de l'affirmer car l'expérience est conclue comme une parenthèse (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y avait rien dedans).

Le lecteur agacé du premier chapitre (le plus long d'ailleurs) ? aura à traverser d'autres moment d'intérêt moindre surtout dans les accumulations de références et les dérives vers le catalogue documentaire. Ceci ne l'empêchera heureusement pas de suivre avec intérêt les observations sur la formation et la fonte de la glace sur l'étang ou les animaux... et les gens... qui sont eux comme des ombres dans cet univers. Ombres bien vivantes cependant qui rejoignent cette impression de passage, qui se mue aussi presque imperceptiblement en impression de pardon (pour rester dans les références).

Ce qui n'est pas exclusivement un très humain miracle. C'est un des propos de l'auteur à travers la réinvention (ou révélation ?) d'une manière d'attention. une observation soigneuse, curieuse et ouverte... qui cherche la beauté sans masquer certaines taches (intéressant rapport à la prédation et à la nutrition, réflexion autour du végétarisme). Et la beauté de son coin, de son "endroit" qu'il arpente par tous les temps le jour et parfois la nuit, il fait un bel effort pour la partager !

Un résultat étrange, qui tire sur le bancal, dont on a envie de dire si ça devait être nécessaire qu'on doit y réfléchir à deux fois mais beau, motivant, revigorant... et moins certain que la somme de ses affirmations. Une distance à prendre avec le contenu du livre et avec son image devenue quasi-intouchable, iconique, presque impérative. Une approche, un moment de vraie recherche d'une espèce de constante résurrection. Recueillir ou épuiser toute la saveur de l'instant pour qu'il existe pleinement en soi, tenter de le connaître ou de savoir pour... (vivre mieux ?).

Je me suis usé sur les premières pages mais je ne regrette pas et je crois que je lirai volontiers Civil Disobedience qui suit dans le livre. Petit plus personnel dans cette lecture en VO (désolé pour les extraits) ? Livre sorti de la bibliothèque familiale et petites annotations qui vont avec, passage soulignés ou points de vocabulaires.  

(récup certes mais remaniée).

mots-clés : #autobiographie #essai #lieu #nature #xixesiecle
par animal
le Sam 9 Sep - 6:37
 
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Sujet: Henry David Thoreau
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Zoé Valdés

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 51mm8510

La Douleur du Dollar

Note de l'éditeur:
Voici l’histoire d’une femme, la Môme Cuca, abandonnée par l’homme de sa vie qui, pour tout souvenir, lui a laissé une fille et… un dollar. Mais c’est aussi — et surtout —, des années prérévolutionnaires à nos jours, de la nonchalance à l’exubérance, de l’espérance à l’incertitude puis à la résistance d’un peuple, l’histoire de La Havane — ville peinte ici dans toutes ses contradictions, sa violence et sa sensualité.
Composée dans l'exil, l'oeuvre de Zoé Valdès est sans doute le plus bel hommage que la romancière puisse rendre à son île, son pays perdu, tragique et tant aimé.


Résumé:

La jeune Cuca Martínez (surnommée Cuquita, « cocotte », Caruquita, ou la Niña, « la Môme »), issue d'un milieu très modeste, quitte à seize ans sa ville natale de Santa Clara et se rend, avec toute sa pudeur et ses principes, à  la Havane chez une amie de sa marraine où elle travaillera comme femme de ménage. Elle partage sa chambre avec la Mechunga et la Puchunga, deux bisexuelles qui deviennent ses amies. Un jour qu'elles s’apprêtent à sortir au cabaret le Montmarte, elles habillent la timide Môme et l'emmènent avec elles; Cuca y fera la rencontre de Juan Pérez, dit le Ouane, avec qui elle échangera son premier baiser. Premier baiser qui va tellement l'ébranler qu'elle va se sauver en courant. Convaincue qu'il est l'homme de sa vie, Cuca va l'attendre fidèlement (alors qu'il ne connait même pas son adresse...) durant huit ans, jusqu'à ce que le hasard leurs permette de se retrouver de nouveau au Montmartre. Ils vivent un amour fulgurant mais la Révolution change les choses : Juan, qui travaille pour la mafia, doit quitter brusquement Cuca et Cuba pour rejoindre les USA. Avant son départ, il donne à la jeune femme, alors enceinte, un billet d'un dollar et lui demande de le conserver précieusement dans l'attente de son retour.
Cuca accouche d'une fille, María Regla, sans jamais perdre l'espoir d'un retour du Ouane. María Regla est une enfant de la révolution, nourrie à l'école de message de propagande : elle hait son père, devient journaliste pour le pouvoir castriste, et communique peu avec sa mère. Cuca, de son côté, vieillit tout en tentant de survivre dans sa misère à La Havane.
Dans les années 1990, Juan Pérez, devenu riche et ayant fondé une famille à Miami, est sommé par son chef mafieux de rendre le billet d'un dollar sous peine de voir sa famille américaine avoir de sérieux ennuis. Il revient donc à Cuba où il va retrouver Cuca toujours aussi amoureuse de lui et faire la connaissance de sa fille Maria Regla. Ensemble ils chercheront le billet….

Ce que j'en dis:

Le style de Zoé Valdès risque d'en déranger certains qui la targueront d'être vulgaire. C'est une erreur. Le langage est cru, réaliste, familier,c'est celui de la rue: c'est tranché, direct et sensuel. Il y a le sexe, les larmes et le rire. C'est le cri dans le tréfonds, c'est un amour avec toutes ses contradictions.Ce sont les yeux ouverts face au désespoir. Aucune niaiserie ni mièvrerie, on mord dans sa lèvre jusqu'au sang.

Par rapport à la structure du roman, dès le départ on sait que le narrateur est le cadavre
1ère phrase du roman: “Ce n'est pas moi qui ait écrit ce roman. Moi, c'est le cadavre.”


dont la “petite voix”, la Geminette Criquette vient parfois confirmer ou infirmer ce qui est écrit et ainsi caricaturer le politiquement correct.

La peinture est vive, au couteau pour dépeindre avec intransigeance les incompétences et la corruption des politiques, la misère, le délabrement.

Le rythme est soutenu, L'écriture agile, incisive et aussi terriblement poétique, car Zoé Valdès est aussi poète. De nombreux jeux de mots avec les sobriquets viennent agrémenter le côté sarcastique et ironique de certaines situations.

Je suis d'accord avec l'éditeur: c'est un bel hommage à Cuba.

Lisez Zoé !

Mon prochain roman sera le Néant Quotidien


mots-clés : #conditionfeminine #lieu #revolution #sexualité #violence
par Cliniou
le Lun 4 Sep - 14:42
 
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Sujet: Zoé Valdés
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Walker Percy

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 7f96d810

Le cinéphile

Aïe. Comment parler de ce livre qui frôle le journal intime tout en se révélant élusif ou évasif. Binx, comme les gens l'appellent, ça marche pour lui avec son bon petit boulot, une famille qui a des sous, ses routines et la ville de la Nouvelle Orléans qu'il habite de façon à conserver de la distance, de ne pas se retrouver contraint à vivre au cœur obligatoire des choses. Il est en quelque sorte très décidé et en quête (pour reprendre le vocabulaire même du livre) ou en attente d'un événement ou d'une compréhension particulière.

On comprend vite qu'il a fait la guerre (2ème ou Corée ?) et a été blessé. Et l'évidence est que dans la famille nombreux sont ceux à avoir fait la guerre. Le drame, la blessure à l'origine de sa possible rupture d'avec le monde se trouve aussi comme l'a dit tom leo chez sa cousine qui a perdu son futur mari dans un accident de voiture.

Autre personnage important la tante qui régente la vie de la famille et guide les uns et les autres en entretenant l'élévation d'une vie 'typée Vieux Sud' dans laquelle langueur et tradition ne vont pas sans action.

Une forme de conformité qui n'est pas sans avoir son poids et qui se parallélise avec le cinéma présent par intermittence. Par intermittence seulement pour des ressemblances de personnes croisées avec des acteurs ou pour des situations ou des attitudes. J'ai vu dans cette cinéphilie la réponse partielle à l'attente, un rituel réconfortant délivrant des images qui éclairent sur la façon de de devoir se comporter. Même si ça n'était que pour des détails ce serait déjà important.

Il y aussi des passages plus étranges encore avec la virée en MG avec la secrétaire, le court séjour dans le bayou ou l'aller-retour à Chicago, en variation de la personnalité très sensorielle du livre.

Tout ça pour dire ou arriver aux questions spirituelles effectivement présentes. Je ne m'aventurerai pas aussi loin que la chute et la rédemption mais il y a bien un sentiment de libération dans le geste conscient et volontaire puisse-t-il aller dans le bon sens et surtout s'intéresser à l'essentiel plutôt qu'être intéressé.

Mais vous ne trouverez pas de paroles définitives ou de recettes, pas plus pour ça que pour la science d'ailleurs ou que pour les fractures de puzzles familiaux. Il faut accepter ces zones d'ombres et ses attentes irrésolues (de lecteur) de même que tous les manques de repères cinématographique (je me pose la question de passage qui seraient des échos de scènes de cinéma ?) et culturels de "mentalité" américaine.

Un roman riche et prenant, particulier, qui m'a surpris par la place laissée à l'environnement, à la ville, au ressenti de la vie dans le lieu.

Belle découverte grâce à tom léo (une de plus). Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 1252659054

mots-clés : #lieu #spiritualité #viequotidienne
par animal
le Dim 27 Aoû - 13:51
 
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Sujet: Walker Percy
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Sylvie Germain

La pleurante des rues de Prague

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Sm_cvt10

Alors comment dire sans paraître excessif ? Allez au diable l'excès Sylvie Germain est devenue ma romancière française préférée avec Boris Vian. Ce n'est certes pas le même style mais ils ont deux points en commun selon moi : l'amour de la langue française, et le génie de raconter une histoire.
En fait Sylvie Germain nous narre des photographies, des instants poétiques où se mêlent le lyrisme et mysticisme d'un côté et histoire et psychologie de l'autre.
Grâce à son talent, son écriture met davantage en exergue la beauté des paysages et des situations que si nous en étions directement spectateurs. C'est exceptionnel chez un écrivain de parvenir à nous faire souhaiter d'être loin d'une scène décrite pour en comprendre toute la beauté. Nous suivons donc les manifestations de la Géante sorte d'alter égo du Golem de Prague qui s'oppose à lui par La réception de toutes les émotions de la ville mais également parce qu'elle incarne le monde tchèque dans toute sa complexité au contraire du Golem créature sans poésie ni sentiments. La Géante est une allégorie de la souffrance qui passe et qui revient. Nous ne pouvons la lier qu'au réel personnage principal, la ville, Prague dont je suis éperdument amoureux et donc extrêmement exigeant lorsqu'il s'agit de la conter. Merci donc Madame Germain j'ai revu les places, les trottoirs, les pavés, les bâtiments, l'atmosphère, les émotions, j'ai tout revu grâce à vous sans pouvoir voyager autrement que par vos lignes. En un instant j'étais à nouveau chez moi et cela fait beaucoup de bien.

Je reviens sur la qualité de l'écriture qui est remarquable avec un vocabulaire riche mais pas précieux, une construction de phrases musicales mais pas académique, et une construction narrative rigoureuse mais pas rigide. Que de chaleur dans ce semblant d'austérité qui finalement ne trompe pas. C'est un livre français qui pourrait très bien être écrit par un tchèque et c'est bien là le plus bel éloge que l'on puisse faire à Sylvie Germain. Car s'aventurer dans Prague est un exercice périlleux pour n'importe quel écrivain étranger.

Mots-clés : #contemporain #lieu
par Hanta
le Jeu 17 Aoû - 15:19
 
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Sujet: Sylvie Germain
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Artur Klinau

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 54001-10

Minsk cité de rêve

quatrième de couverture a écrit:“Je suis né dans la Cité du Soleil. Y ai-je été heureux ? Oui, certainement. Chaque être humain a sa propre Cité du Soleil – son enfance, pour laquelle le lieu de naissance importe peu. Ai-je été heureux au Pays du Bonheur ? Oui, certainement. Aussi longtemps que j’ai cru en lui. Nous croyions en cette scénographie merveilleuse dressée à la frontière entre utopie et réalité.?
Artur Klinau n’avait pas 25 ans lorsque le mur de Berlin est tombé. Son enfance, il l’a passée dans ce qui était alors le Pays du Bonheur – l’Union soviétique – avec les défilés sur la place du Kremlin conduits par le Métaphysicien et ses ministres Amour, Sagesse et Droiture.
Il se souvient de Minsk, la ville où il a grandi, la Cité du Bonheur, à l’époque où les habitants imaginaient qu’elle était l’utopie réalisée. Aujourd’hui il sait que l’utopie n’existe pas, mais sa tendresse pour sa ville est intacte et il nous la fait partager.


Un souvenir de la ville agrémenté de photos de l'auteur (qui est aussi photographe) pour ce livre d'abord publié en allemand en 2006. On pense souvenir forcément car c'est le point de vue de l'enfance qui est choisi et sa tonalité candide qui perdure assez longtemps dans l'ouvrage. C'est un peu déroutant car on sent bien que tout n'est pas si simple mais justement. C'est ce qui lui permet de petit à petit nous emmener plus profondément dans la ville, ses histoires et celle de son pays au voisin très encombrant. C'est aussi le ton qui permet de résoudre une partie du problème et de témoigner de chaleur et de nostalgie pour une ville presque neuve qui devait elle faire vivre une utopie. Un voyage forcément dépaysant qui conserve des masques sur certaines de ses figures mais lève un coin du voile pour le voyageur étranger.

Minsk cité de rêve, Cité du Soleil bâtie sur la rivière Nemiga aux portes du Pays du Bonheur. La tendresse n'empêche pas les années et la maturité d'arriver, ni même le dégel mais ce monde, excessif, factice, dur, complexe n'est pas rejeté. On sent qu'Artur Klinau à sa manière l'intègre à sa personnalité et à ses espoirs d'un pays différent et meilleur. Il y a une brume dans cette exploration, un mystère, une incertitude qui doit perdurer en longeant les palais et en traversant les places immenses de Minsk ou si l'on doit s'arrêter un instant dans une arrière cour ou laisser vagabonder une pensée jusqu'aux faubourgs.

Le vocabulaire et la tournure faussement enfantine peuvent gêner, dérouter mais le texte est bien construit et dans cette mouvance des livres qui parlent d'une ville il choisit non pas le catalogue documenté (on a l'impression que les informations distillées au fil des pages coulent de source pour l'homme du cru) mais l'affectif. Un affectif apaisé pour une histoire douce mais pas si simple. Ça m'a bien plu, ça travaille beaucoup la curiosité, ça raconte un peu au gamin de la fin de la guerre froide que je suis de cette énigme de l'Est. Une énigme qui perdure et une énigme qui est aussi la nôtre, la «forme de la ville» qui voudrait être celle de la pensée ?  Pas mal du tout et beau petit livre. J'ai bien fait de céder au traducteur et à l'éditrice lors de mon dernier passage au salon de l'autre livre !Et c'est volontiers que je lirai autre chose de leur répertoire : signesetbalises.fr


mots-clés : #autobiographie #initiatique #lieu #regimeautoritaire
par animal
le Dim 15 Jan - 20:10
 
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Sujet: Artur Klinau
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Marie-Hélène Lafon

Gordana

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Couvgo10

D'abord, c'est un livre dont on tire une belle jouissance avant même de l'avoir lu, un bel objet éditorial, le rabat, e choix des couleurs, les tableaux de Nihal Marth qui alternent avec le texte.

Ensuite, c'est une nouvelle, donc, avec moi, assez dangereux. C'est vrai que ce qui t'est apparu un tour de force, animal, faire vivre trois personnes en si peu de pages, moi, m'a paru plutôt frustrant, comme un éparpillement inabouti.

Il n'en demeure pas moins que j'ai retrouvé avec plaisir Marie-Hélène Lafon, sa prose tirée au cordeau, son œil sans apitoiement mais pleine d'humanité sur les petits de ce monde, les obscurs qui, comme les autres, ont leur histoire, qui sont si nombreux et pourtant si inaperçus.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #lieu #psychologique
par topocl
le Sam 31 Déc - 17:03
 
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Mario Rigoni Stern

La chasse aux coqs de bruyère

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Index217

C'est un livre qui est écrit comme on se promène sur le sentier d'un lieu qu'on a aimé, où on a grandi, aimé, chassé, dont la guerre vous a éloigné et où on est revenu, comme d’autres partis aux Amériques. Un lieu resté intact malgré le temps qui passe, la guerre qui détruit et le progrès qui emporte. Un lieu où la chasse, attendue toute l'année, est une façon de vivre, de partager l'amitié et le tabac, de humer l'air et la neige, de se mesurer respectueusement à l'animal, ce malin, en intelligence avec les chiens. Quelques nouvelles racontent ce lieu dans une ambiance d'hommes tranquilles, fidèles, taiseux. C'est très simple et très beau.

(commentaire récupéré)


mots-clés : #lieu #nouvelle
par topocl
le Lun 26 Déc - 13:20
 
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Khaled Hosseini

Khaled Hosseini
Né en 1965

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 Hossei10


Khaled Hosseini (en persan : خالد حسینی), né le 4 mars 1965 à Kaboul, est un écrivain américain d'origine afghane, installé en Californie.

Cadet de cinq enfants, fils d'un diplomate et d'une professeur de farsi dans une école de filles, Khaled Hosseini suit les affectations de sa famille, d'abord en Iran (1970), revient à Kaboul en 1973, puis à Paris en 1976 où son père occupe une fonction diplomatique à l'ambassade d'Afghanistan (Khaled Hosseini effectue sa 6e, sa 5e et sa 4e dans un collège de Courbevoie ; il parle depuis couramment le français). En 1980, plutôt que de retourner dans leur pays d'origine, occupé depuis 1979 par les Soviétiques, les Hosseini obtiennent l'asile aux États-Unis1.

Ayant obtenu son bac en 1984 et rejoint en 1988 l'université de Santa Clara où il obtient une licence en biologie, l'année suivante, il entre en faculté de médecine à l'université de Californie à San Diego où il obtient son doctorat en 1993. Il complète sa formation en tant que médecin interne au Cedars-Sinai Medical Center de Los Angeles en 1996. Khaled Hosseini exerce depuis cette date la profession de médecin. Il a obtenu un succès littéraire en 2003 grâce à son premier roman, écrit en anglais,The Kite Runner, en français, Les Cerfs-volants de Kaboul, devenu culte aux États-Unis et dans de nombreux autres pays où il est déjà traduit en douze autres langues (en Italie, il en est déjà à 33e édition depuis 2004). Dreamworks a acheté les droits de ses deux romans pour en faire deux films (le premier par Marc Forster).

Il fait l'éloge de l'UNHCR dans l'épilogue de son deuxième roman, A Thousand Splendid Suns (Mille soleils splendides), en tant qu'envoyé de bonne volonté de cette organisation.

Khaled Hosseini est marié et a deux enfants. Il a été déclaré auteur de l'année 2008, selon une analyse des marchés de neuf pays.



traduits en français

2005 : Les Cerfs-volants de Kaboul
Prix des libraires du Québec
2007 : Mille soleils splendides
2013 : Ainsi résonne l'écho infini des montagnes

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Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 51iahf10


Ainsi résonne l’écho infini des montagnes

L’ auteur  est très habile à égrener  cette histoire, celle d’une famille Afghane, qui débute sur un conte  prémonitoire.  Du printemps 49 à l’hiver 2010, les différents protagonistes se racontent  et se rencontrent divulguant  les destins des uns et des autres, les autres dont la  présence aléatoire est pourtant essentielle pour la liaison et la continuité de l’histoire.

Le déroulement n’est pas chronologique et  c’est, à mon sens, l’un des intérêts du récit que de distiller la découverte au lecteur.

Bien que ces destins nous amènent en différents lieux,  USA, île Grecque, France,  l’âme de ce récit et de cette famille demeure en Afghanistan.

Les rapports  entre les personnages, notamment ceux parents/enfants sont  finement appréhendés. L’auteur  dévoile pudiquement l’homosexualité d’un des personnages ;  c’est aussi avec sensibilité que les lâchetés  acceptées sont évoquées.

C’est donc à la fois le » portait » de l’Afghanistan  à différentes époques et celui des protagonistes de l’histoire qui rendent palpable la respiration  de ce pays.

Une excellente lecture !

Extraits

« Le temps leur était compté. Il contempla ses cinq enfants d’un air abattu. Un doigt devait être coupé pour sauver la main. Il ferma les yeux et tira un caillou au sort. »

« J’ai été très gêné lorsque les gens se sont massés pour la voir. Il y avait là Baitullah, un ami d’enfance, qui l’observait depuis le bord d’un toit, accroupi à côté de ses frères. Ils formaient comme une rangée de corbeaux, mâchonnant tous du tabac naswar. »

« Il lui décrit sa blessure, le manque de moyens de l’hôpital Wazir-Khan. Il lui confie l’engagement qu’il a pris envers Amra et la fillette. En même temps qu’il prononce ces mots à voix haute, il sent sa promesse peser sur lui comme cela n’avait pas été le cas à Kaboul, quand Amra l’avait embrassé sur la joue, et il est troublé de faire le rapprochement avec les remords que peut susciter un achat inconsidéré. »

« Je n’ai pas mentionné Nila Wahdati, ni sa fuite à Paris après l’attaque de son mari, ni toutes les années que Nabi a passées à prendre soin de Suleiman. Cette histoire là. Ele comporte trop de parallèles qui appellent un retour de bâton. Ce serait comme lire à voix haute mon propre chef d’inculpation. »

« Voilà ce qui coince avec la gentillesse de Mama, ce qui ternit ses interventions en faveur des autres et ses gestes de bravoure. La dette qui les accompagne. Les exigences, les obligations qu’elle impose en contrepartie. Sa façon de monnayer ces actes, de réclamer en échange votre loyauté et votre allégeance. «



mots-clés : #famille #identitesexuelle #lieu #relationenfantparent
par Bédoulène
le Jeu 15 Déc - 18:56
 
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Sujet: Khaled Hosseini
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Marie-Hélène Lafon

églantine a écrit:
J'avais passé un sacré bon moment avec ce mec de la tombe d'à côté !

Toi??? affraid

Bon puisque tu parles de Les pays, allons-y:

Tag lieu sur Des Choses à lire - Page 9 41cko110

Les Pays

J'en suis encore toute tourneboulée.
C'est l'histoire d'une émigration réussie, le roman de nos campagnes qui se vident. À travers le personnage de Claire, Marie-Hélène Lafon nous raconte son parcours. Enfant née dans une ferme du Cantal, pensionnaire pendant 8 ans à Saint-Flour, étudiante en lettres classiques à la Sorbonne pour finir enseignante à Paris. Marie-Hélène Lafon nous présente Claire à travers trois vignettes, l'enfant de 8 ans qui accompagna son papa au salon de l'agriculture à Paris, la jeune étudiante brillante qui s’appropria peu à peu les codes parisiens, et marqua le jour de sa première réussite universitaire (qui signifiait aussi le début de son autonomie de son indépendance), par l’achat d’un pantalon rouge, La femme mûre devenue à sa façon une intellectuelle, qui reçoit chaque année la visite de son père, mi admiratif, mi effrayé par le destin de cette enfant qu’il mit au monde. Et tout au long de ce parcours, l'empreinte indéfectible laissée par cette enfance, l’éclat réconfortant des rencontres occasionnelles avec des « pays », cousins, amis, inconnus qui, tous, naquirent là-bas.

Mais il n'y a pas que cela, cette histoire de racines et de départ, il y a sensibilité de Marie-Hélène Lafon, que l'on retrouve de livre en livre, son style qui témoigne de l'amour qu'elle porte à la langue, une langue qu'elle n'a pas trouvé dans son berceau, qu'elle a appris à aimer, à dompter, où elle choisit chaque mot. sa façon de dire les choses, de bouleverser sans avoir l'air d'y toucher.
Comme ici, pour évoquer la naissance d’une amitié entre Claire et une autre étudiante :

Après le cours, elles avaient descendu ensemble la rue Soufflot vers la Seine, elles avaient eu à se dire, sans chercher(…) Le lendemain, c’était version latine et ancien français, on se retrouverait, on continuerait, ça commençait.





(commentaire rapatrié)


mots-clés : #initiatique #lieu
par topocl
le Dim 4 Déc - 20:35
 
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Sujet: Marie-Hélène Lafon
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