Des Choses à lire
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Après tout une communauté en ligne est faite de vraies personnes, avec peut-être un peu plus de liberté dans les manières. Et plus on est de fous...


Je te prie de trouver entre mes mots le meilleur de mon âme.

Georges Brassens, Lettre à Toussenot

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La date/heure actuelle est Sam 27 Juil - 5:18

331 résultats trouvés pour historique

Thomas Vinau

Le camp des autres

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 31fc2l10

C'est une découverte, mais une semi-découverte.

Gaspard, garçon a l'âge indéfini, se réfugie dans les bois, après s'être débarrasse d'un père qu'on devine infâme, coup de surin  dans le ventre, fuit, halète, portant un amical bâtard blessé dans l'aventure. Un homme brut et sauvage, braconnier mi-sorcier mi-herboriste l'accueille, le réconforte, l'initie à la survie dans les bois, à l’écoute et l'observation du milieu forestier qui, d'hostile se transforme ainsi en bienveillant. La peur cède la place à la confiance. L'enfant suit des visiteurs étranges qui s'avèrent des membres de la cararavane à pépère, une bande cosmopolite d'exclus, déserteuse, bohémiens, hors-la-loi libertaires auxquels l'auteur voue une sympathie certaine. A la foire de la Tremblade, le garçon observe leurs rapines, mais aussi leurs déboires puisque c’est là qu' a lieu le premier exploit des fameuses Brigades du Tigres.

Il y a là une prose exigeante, sauvage, haletante à l'image de cette vie sauvage, frôlant le danger en permanence, par  petits chapitres d’une à deux pages qui sont autant de poèmes en prose, hommages à la nature et à la liberté. Le lecteur ou la lectrice  trouvent là une large place pour  l'imaginaire et le rêve.

Malheureusement ce récit proche de la volupté s'interrompt d'un coup pour des  pages plus didactiques : on sort du conte pour l'information historique, et celle-ci est trop allusive pour être vraiment instructive. C'est une rupture assez bizarre, assez frustrante pour l'imaginaire qu'avait vivement attisé le souffle envoûtant de la première partie. Celle-ci, ainsi que l'attachement de l’auteur à la forêt, aux marginaux et aux déclassés, impressionnent cependant suffisamment l'émotion et  la curiosité pour donner envie de mieux rencontrer cet écrivain.

Ici  , le début pour voir l'écriture.


mots-clés : #enfance #historique #initiatique #nature
par topocl
le Mar 4 Déc - 16:19
 
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Sujet: Thomas Vinau
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Yaa Gyasi

No Home

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 51yivg10

C'est un vaste tableau qui   présente huit générations sur deux continents : la descendance de deux sœurs ghanéennes du XVIIIème siècle, l'une vendue comme esclave aux négriers et partie en Amérique, l'autre vendue comme femme à un soldat britannique et restée sur place. C'est donc l'occasion d'embrasser l'entièreté des problèmes liés à la condition noire, africaine ou américaine, au fil des siècles, les liens qui persistent et essaient de se renouer.

Yaa Gyasi s'attache à un personnage à chaque génération, auquel elle consacre un chapitre, alternant Afrique et Amérique. Si l'écriture est assez basique, la construction  permet d'appréhender le « problème noir » dans une dimension d'évolution historique. C'est assez audacieux et si ce qui se passe aux USA nous a déjà souvent été rapporté dans d'autres romans, le côté africain avec se guerres fratricides, la participation des autochtone au commerce des esclaves, et plus riche en apprentissage pour le lecteur. L'auteur a une belle intelligence narrative et beaucoup de subtilité,  Il n'en demeure pas moins que cette méthode, où chacun n'a droit qu'à une « vignette » empêche qu'on s'attache aux personnages (ou frustre cet attachement). On regrette presque qu'au lieu de 14 chapitres on n'ait pas 14 romans.


mots-clés : #conditionfeminine #esclavage #famille #historique
par topocl
le Mar 4 Déc - 14:13
 
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Sujet: Yaa Gyasi
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Thomas Mann

Les Buddenbrook

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Budden10

Tout en prenant plaisir à la lecture, je me disais tout de même que Le tournant de Klaus Mann était autrement réussi; que Musil, le contemporain de Thomas Mann, était décidément d'une autre force. Moi qui attendais de ce roman une exploration de l'âme humaine qui la transfigure, une œuvre métaphysique à valeur universelle, d'une puissance interne qui ferait de son auteur l'égal et l'héritier de Dostoïevski et de Goethe, … fi, un énième roman naturaliste ! Un théâtre mesquin, dépeint avec finesse et minutie, tout en faux-semblants, en conventions ! Sans mentionner cet attachement dégoûtant à la moindre faiblesse physiologique, au moindre symptôme morbide…
Et, juge sévère malgré les efforts fournis, j'ai déclaré attendre des rédactions ultérieures de l'élève Thomas Mann un peu plus de chaleur et d'investissement personnel.

Bien, j'ai révisé mon opinion trop tôt formulée, et je pense sincèrement qu'il s'agit d'un grand livre. Dans l'immense "galerie de personnages" qui nous est présentée, beaucoup d'entre eux n'ont qu'une valeur d'abstraction, dont le caractère est figé d'un bout à l'autre du roman. Par leur nombre et leur diversité, ces caractères, quelque figés qu'il soient, composent un bouquet riche et hétéroclite. Ce n'est pas une société caricaturale et impersonnelle, mais de réelles individualités qu'il s'agit, et c'est l'une des forces de l'œuvre que l'art du portrait qui y est déployé. Ces portraits, je l'ai dit, n'évoluent pas: les personnages sont de simples fonctions, des composantes du tableau ou de l'action, dont le motif surgit çà et là, invarié. Il en va différemment des personnages centraux. Tony, qui a d'excellentes raisons à cela, préserve vaille que vaille son identité. Christian l'hypocondriaque suit sa pente. Et Thomas, ah ! voilà le personnage le plus intéressant, le pivot du roman, dont la transformation est la plus complète. Par lui, les Buddenbrook atteignent aux plus hautes dignités, qui, en lui, porte également la ruine de cette grande famille de l'aristocratie bourgeoise. Fils et petit-fils de négociants, nouveau chef de la raison sociale Buddenbrook, plus audacieux que ses aïeux mais d'une activité plus artificielle, sa prodigieuse ardeur sera fatale à son tempérament, contrecarré par une nature double, et qui portait en lui les germes d'un artiste.

Ce déclin d'une famille, annoncé dans le sous-titre, se manifeste sous la forme d'une dégénérescence physique et morale, que l'on peut observer au cours des quatre générations. Lorsque le noyau de la famille éclate à la suite des mariages successifs, tout commence : les biens sont progressivement dispersés (et plus que l'argent, les meubles et demeures parentales), les liens distendus, et chaque foyer fait face à son lot de catastrophes.

En sa qualité de grande fresque familiale, les Buddenbrook voient se rejouer, de loin en loin, les mêmes scènes qui prennent un caractère formulaire (en particulier l'enterrement et la demande en mariage, ainsi que les repas de fêtes). Ces scènes infatigablement rejouées, sont l'occasion de descriptions variées et virtuoses de renouvellement, ainsi que la succession de portrait qui y prend place. Elles constituent les jalons visibles de l'histoire de la famille telle qu'elle est consignée dans le fameux "grand livre", dont la trace se perd dans le récit en même temps qu'il est devenu obsolète.

Je commençais à me lasser de ce patient et fastueux tableau. Cependant, avec la naissance de Hanno, représentant de la quatrième génération, le récit se déploie soudainement. Le fils de Thomas, délicat avorton continuellement angoissé, cancre que n'intéresse que la musique, est un être taciturne, inadapté semble-t-il, dont l'intériorité nous est interdite (ainsi qu'à son père qu'il exaspère quotidiennement). Les apparences le blessent; toute chose lui est un effort, tout effort une souffrance. La vie est une immense contrainte qui le brise; son existence oscille entre trois pôles : l'obligation de subir de lourds traitements médicaux, qui nous semblent bien plutôt de la maltraitance; celle de devenir négociant, dont le moindre devoir social le terrorise et dont le travail ne semble pas en rapport avec ses propres forces; et enfin, les obligations scolaires qui nous sont données à voir comme une absurdité inutile et aliénante.

Les deux lignes les plus intéressantes sont les rapports qu'il entretient, d'une part pénibles avec son père, d'autre part, tendres et ambigus avec son seul ami Caïus; et son expérience de la musique qui fournit quelques unes des pages les plus belles des Buddenbrook.
Son intériorité, qui nous est refusée comme elle nous l'est accordée pour les autres personnages, se révèle dans une scène magistrale de la fin du roman. Elle s'offre à nous par la médiation de son harmonium, sur lequel il improvise une pièce musicale d'une saisissante complexité qui révèle, cryptés, ses tourments les plus intimes. (cryptés et en partie décryptés puisque l'on ne perçoit en fait de musique que sa transposition en mots)

***

Enfin, en lien avec la discussion sur fil de Marie Darrieussecq : Thomas Mann, à 25 ans, n'avait probablement pas éprouvé toutes les figures de la souffrance qui parcourent son livre. - L'agonie, pour n'en mentionner qu'une. Dans ce cas, lui était-il possible d'en faire une évocation de quelque valeur, qui concernât intimement chacun d'entre nous ? Eh bien… ce livre vaut la peine d'aller s'en assurer !


mots-clés : #famille #historique #musique #traditions
par Quasimodo
le Sam 24 Nov - 15:16
 
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Sujet: Thomas Mann
Réponses: 31
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Fernando Aramburu

Patria

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Patria10

On est au pays basque espagnol. Au village, beaucoup sont convaincus de la justesse du combat de l'ETA. Convaincus ?  Peut-être , peut-être faut-il séparer l'idée et les moyens, en tout cas il ne fait pas bon exprimer une opinion contraire, s'abstenir de manifester son approbation ou de payer l’impôt révolutionnaire. Cette loi de la terreur va séparer deux familles amies, l'une dont le père est assassiné, l'autre dont le fils a rejoint les rangs de la lutte armée. Le temps passe, les gens changent et l'ETA aussi et finit par déposer les armes. Ce n’est pas la fin de 'l’aventure ; chacun va devoir gérer l'empreinte du passé.

Aramburu réalise le tour de force d'être à la hauteur de son ambition, réaliser une vaste fresque historique,  croisée d'un roman familial, pour donner une image honnête, tout à la fois réfléchie et  et compassionnelle des drames qui ont parcouru le pays basque espagnol pendant 40 ans. Il en sort un riche récit romanesque, plein d'intelligence et de nuances, à la hauteur de la complexité d e la situation, avec des les personnages d'une belle présence, dans leurs petitesses comme dans leurs grandeurs, Malgré le choix d'un récit éclaté au niveau chronologique, relaté en 125 chapitres très courts mais d’une garde vivacité, il y a une belle cohérence tant qu niveau historique qu’individuel. Aramburu adopte un style plutôt amusé, malin, qui allège le tragique sans l'effacer.

C'est une intéressante réflexion sur le terrorisme, et le pardon possible, qui ne manquera pas d'enrichir la réflexion de la lectrice ou du lecteur en  nos temps tourmentés.


mots-clés : #culpabilité #famille #historique #terrorisme
par topocl
le Ven 23 Nov - 12:48
 
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Sujet: Fernando Aramburu
Réponses: 10
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Javier Cercas

Le monarque des ombres

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 51bt-t10

Longtemps Javier Cercas a voulu ne pas écrire sur Manuel Mena, ce grand-oncle phalangiste mort à 19 ans dans la bataille de l'Ebre, resté le héros d'une famille dont Cercas ne partage pas les idées. C'était pour lui une honte, cet héritage familiale. Mais il s'est cependant attaché à réunir des témoignages, a compulsé des archives et peu à peu l'oncle a pris chair, et mené Cercas à une réflexion nouvelle sur sa famille et sur l'Espagne en général, sur les héros morts pour des idées, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, et sur la nécessité d'écrire dessus.

Cercas rapporte donc finalement l'histoire de cet oncle, alternativement historien objectif et écrivain en quête de sens. Et il se montre à l’œuvre dans sa démarche jouant avec un humour, parfois lourdingue sur opposition, historien/littérateur.

Tout cela est a priori bien intéressant, Mais Cercas caricature ici sa propension à s'interroger et tourner en rond, tergiverser, y revenir et encore . Sans compter  les fastidieux rapports de bataille, je me suis embourbée  dans la prose  pesante de Cercas, qui prend plaisir à se rouler dans les méandres complexes de ses interrogations, gavant le lecteur d'un propos répétitif et redondant, dont églantine 'n’avait pas manqué de nous faire part.

églantine a écrit:J'ai abandonné le dernier de Javier Cercas à la moitié , Le monarque des ombres .
Euh .
Bon son écriture journalistique  un peu" brouillonnée "redondante de L'imposteur m'avait quand même un peu ennuyée malgré le vif intérêt que j'ai eu pour le sujet , mais là ça ne passe plus .
Le sujet était aussi très pertinent cette fois : enquêter dans sa propre famille pour comprendre comment un être "normal " a pu basculer du mauvais côté de l'histoire . Soucieux de rester neutre et factuel dans son rapport d'enquête , il n'a de cesse de scander sa position . Une remontée historique au sein de la montée du franquisme à travers un exemple parmi tant d'autres mais le touchant personnellement  afin de proposer une forme de résilience au peuple espagnol , c'est louable mais Javier Cercas complique les choses , se vautre dans son écriture reconnaissable ...à son besoin d'alourdir , dans une absence de style , dans une forme hybride , ni fiction ni essai , indigeste .


C'est à regret  car la réflexion, quoique tortueuse,   pourrait être passionnante, et le personnage est, on s'en rend compte en même temps que l'auteur, plus complexe qu'il n'y paraît.

Mots-clés : #autofiction #culpabilité #guerredespagne #historique
par topocl
le Lun 12 Nov - 20:30
 
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Sujet: Javier Cercas
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Nicolas Cavaillès

Vie de monsieur Leguat

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Vie-de10

Originale : Français, 2013

Monsieur Leguat, voyageur et aventurier malgré lui.

France, dix-septième siècle. La révocation de l'Édit de Nantes pousse certains à l'exil, tel François Leguat (1638-1735), huguenot forcé de quitter ses terres à l'âge de cinquante ans. Le destin de cet homme croise dès lors des contrées opposées et éloignées : Hollande, Mascareignes, île Maurice, Indes néerlandaises, Angleterre... Tour à tour gentilhomme des plaines de Bresse, aventurier de l'océan Indien et patriarche des bas-fonds de Londres, Leguat passera de l'Éden originel à la cité de l'Apocalypse.
Nicolas Cavaillès s'empare littérairement de la vie de ce personnage hors-norme, y entremêlant quête spirituelle, découverte d'un monde inexploré et violence de l'être humain.
Goncourt de la nouvelle 2014


REMARQUES :
Il s’agit alors d’un vrai personnâge historique (voir aussi : https://fr.wikipedia.org/wiki/Francois_Leguat ), justement de la petite ville bressane où est né aussi l’auteur. C’est un nom qu’on retrouve au moins dans ce pays-là, donc Cavaillès a dû en entendre parler très tôt. Si on recherchait purement le récit de son voyage maritime entre le Pays-Bas (lieu de réfuge après la fuite de France) et son retour presque une dizaine d’années après, on trouverait éventuellement le récit détaillé de l’année 1707 «Voyage et aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles désertes des Indes orientales ».

Mais dans ses 18 chapitres et sur une soixantaine de pages l’auteur retrace pas seulement les arrêts et stations extérieurs de ce cheminement « aventureux », mais démontre justement à sa manière comment ces étapes étaient non-voulues. L’homme est « poussé » par des événements, des données historiques comme justement l’interdiction du culte réformé et la fuite massive de ces chrétiens-là vers un ailleurs. L’homme si bien établi en Bresse va se retrouver au Pays-Bas, et sera « poussé » à prendre un bateau (pour la première fois!) par la force des circonstances.

L’homme qui avait tout, regagnera une paix éphèmère sur une île isolée en Océan Indien, avant de ne perdre tout à vnouveau, et se retrouver même prisonnier. Etc…

Qu’est-ce qui décide vraiment dans les croisements de nos vies , quel concours de circonstances ? Et quand même… : la liberté là-dedans ?

Intéressant malgré l’impression de quelques interprétations hatives de l’auteur.


Mots-clés : #biographie #exil #historique
par tom léo
le Jeu 1 Nov - 16:30
 
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Sujet: Nicolas Cavaillès
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Arturo Pérez-Reverte

La Peau du tambour

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 La_pea10


Polar historique, et même ecclésiastique, comme L’Énigme du Vatican de Frédérick Tristan (ici), le Roman de la Rose d’Umberto Eco (), ou encore le Da Vinci Code de Dan Brown.
Ce roman m’a moins impressionné que Le tableau du maître flamand ou Le Club Dumas, qui l’ont précédé, ou même Le Cimetière des bateaux sans nom, qui l’a suivi.
L'action se passe essentiellement à Séville, et aussi à Rome, fin XXe.
« Ce que je crois, c’est que nous passons toute notre vie à errer autour de notre tombe. » (VII)

« Nous [les curés] sommes les vieilles peaux de tambour jaunie sur laquelle sonne encore la gloire de Dieu. » (VIII)

« Défendre la mémoire, c’est défendre la liberté. » (X)

« Il n’y a peut-être rien de plus tragique dans la vie que de découvrir quelque chose trop tard ou trop tôt. » (X)



Mots-clés : #historique #lieu
par Tristram
le Sam 27 Oct - 23:49
 
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Louis-Philippe Dalembert

Avant que les ombres ne s’effacent

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Proxy_67

J’ai appris dans ce livre que Haïti avait déclaré la guerre au « petit caporal » allemand, ouvert sa porte aux Juifs qui le fuyaient, offert la nationalité haïtienne aux apatrides et hébergé ainsi 300 familles fuyant le nazisme à l’heure où toutes les nations leur fermaient leurs portes.

C’est donc une histoire du XXème siècle, une de plus : Ruben , futur médecin fuyant enfant les pogroms polonais, installé à Berlin avec sa famille pour une adolescence heureuse, fuyant après la nuit des longs couteaux : diaspora familiale classique, l’une en Palestine et les autres aux Etats-Unis. Quant à Ruben, après avoir tâté des camps allemands et français, il fait le « choix » de Haïti.

J’ai beaucoup aimé toute la partie européenne qui est très réussi dans un secteur déjà souvent raconté, les personnages et les relations intrafamiliales sont touchants, l’humour toujours présent en  filigrane. Il y a une une légèreté dans la façon de raconter ces drames qui m’a parfois rappelé le Tabac Triezneck.

Curieusement, la partie haïtienne, qui commence à Paris dans la communauté haïtienne puis se poursuit dans l’île, voit apparaître quelques longueurs alors qu’elle devrait constituer  l’ "originalité" du livre. Celui-ci  perd en épaisseur, devient plus descriptif d’un mode de vie, le personnage se perd un peu.

Cela reste une bonne lecture, la découverte d’un fait historique que je ne connaissais pas, et d’une réelle verve littéraire.


Mots-clés : #communautejuive #exil #famille #historique #insularite #lieu
par topocl
le Ven 19 Oct - 11:22
 
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Sujet: Louis-Philippe Dalembert
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Christian Dedet

Le Secret du Dr Bougrat ‒ Marseille-Cayenne-Caracas L’aventure d’un proscrit

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Le_sec10

Première partie, le Dr Bougrat est accusé du meurtre de Rumèbe, mort dans son cabinet ; l’histoire est vraie, mais on a bien sûr la version de l’auteur, farouchement convaincu que son héros soit innocent (ce qui semble être le cas). Et il serait rassurant que l’erreur judiciaire soit toujours aussi grotesque. Le spectacle est toujours aussi stupéfiant des avocats (dé)passant de l’éloquence à l’outrance jusque l’enflure. Ici l’avocat général :
« Ombre de Rumèbe, apparais dans cette enceinte ! Dresse-toi devant cet individu ! Fantôme pitoyable dont les restes mortels, par les faits de ce lâche, demeurent sans sépulture, pardonne à la justice qui fut obligée d’envoyer de Marseille à Lyon tes viscères putréfiés ! »

Deuxième partie, le bagne de Saint-Laurent-du-Maroni, et l’évasion dans la malédiction de « l’enfer vert », reconstitution assez juste quoique entachée d’exagération, avec quelques approximations et beaucoup de poncifs.

Troisième et dernière partie, le Venezuela où le fuyard se signale comme médecin des pauvres et notable qui fonde une famille dans ce beau pays, autrement victime de la malédiction du pétrole et des dictatures...

Une certaine grandiloquence tendant vers l’invraisemblable (lors du procès, des experts sont catégoriques), un ton mélodramatique style Dumas père, Maurice Leblanc (cités) ou Eugène Sue, mais sans maestria ni surtout originalité, desservent ce livre.
L’impression de rebattu qui m’a ennuyé peut être due à tant de livres lus sur l’histoire et la géographie de la région, mais j’ai nettement plus apprécié La Mémoire du fleuve (qui se passe en Afrique équatoriale, que je connais moins).
« Plus tard, j’ai compris ce qui différencie un cauchemar de l’horreur de vivre. Du cauchemar, l’homme se réveille sauf. Pour moi, il n’y eu pas de réveil. »



mots-clés : #aventure #biographie #criminalite #historique #justice
par Tristram
le Jeu 4 Oct - 0:14
 
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Sujet: Christian Dedet
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Toni Morrison

L'origine des autres

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 97822610

"l’auteur se replonge dans ses propres souvenirs mais également dans l’histoire, la politique, et surtout la littérature qui joue un rôle important – notamment la littérature de William Faulkner, Flannery O’Connor et Joseph Conrad – dans la notion de « race » aux États-Unis, que ce soit de manière positive ou négative. L’auteur s’intéresse à ce que signifie être noir, à la notion de pureté des « races » et à la façon dont la littérature utilise la couleur de peau pour décrire un personnage ou faire avancer un récit. Élargissant la portée de son discours, Toni Morrison étudie également la mondialisation et le déplacement des populations à notre époque. " Babelio
« Toni Morrison retrace, à travers la littérature américaine, les modes de pensée et de comportement qui désignent, de manière subtile, qui trouve sa place et qui ne la trouve pas… L’Origine des autres associe l’éloquence caractéristique de Toni Morrison à la signification que revêt, de nos jours, l’expression citoyen de monde. " The New Republic


Je copie les commentaires ci-dessus parce qu'ils synthétisent bien l'objet de cet essai.
Morrisson décortique les mouvements culturels et les postures identitaires, et c'est passionnant. Sa langue reste très accessible, i vous êtes intéressés par l'auteur et son engagement, à travers son écriture, mais que vous hésiteriez pourtant à lire un texte plus directement analytique, essayez tout de même, ce n'est pas du blabla, Morrisson donne beaucoup d'éléments d'analyse, des extraits littéraires, elle explique et met à jour des traits fondamentaux, son analyse historique et sociologique sont très pertinentes, neuves sans doute, mais surtout elle transmet cela d'une manière très intéressante et accessible, je le redis.

Elle n'hésite pas non plus à parler de son propre travail d'écriture, et cet aspect est aussi passionnant : comment choisir l'énonciation , la faire politique.

En somme, un très court mais très dense livre qui nous donne des clefs fondamentales pour mettre en question nos postures face à nos identités construites, et qui nous invite à devenir créateurs d'un monde meilleur. J'ai été très impressionnée notamment par l'analyse qu'elle fait de la société américaine, difficile à appréhender pour un occidental avec une réelle pertinence, pertinence qu'elle nous offre, nous descillant sur de subtils oublis de fondamentaux.

"La romancière montre aussi  comment l'obsession de la couleur n'a cessé de s'exprimer en littérature, par exemple chez Faulkner et Hemingway, participant à la perpétuation de tropes racistes. Elle revient sur les raisons qui l'ont poussée, pour sa part, à "effacer les indices raciaux" dans plusieurs romans et nouvelles, notamment Beloved et Paradise. Laissant longuement parler la littérature, elle invite à une transformation des regards, par l'éthique et par les livres. La langue comme champ de bataille, et comme lieu de résistance. " Lenartowicz pour l'Express

mots-clés : #creationartistique #esclavage #essai #historique #identite #mondialisation #politique #racisme
par Nadine
le Mar 2 Oct - 11:02
 
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Sujet: Toni Morrison
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Léon Bonneff

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Bonnef11

Aubervilliers

Ah les petits éditeurs aux petits livres qui présentent bien... Alors on se laisse tenter, avec un titre comme ça et un œil rapide jeté à l'intérieur. La ou les préfaces (dont celle de Henri Poulaille) en disent plus long sur l'auteur et son frère. De la campagne vers Paris et ce choix d'écrire passant de la poésie à l'engagement. Ce destin, double avec ces deux vies volées par la guerre, est déjà par lui-même ce qu'on peut appeler une tranche d'histoire. Le travail et le témoignage que représente un livre comme Aubervilliers nous fait aller plus loin.

Plus brut que Zola, plus cru qu'Upton Sinclair, en laissant peut-être les faits imposer les conclusions plutôt que de les livrer précuites, Léon Bonneff nous emmène à travers Aubervilliers au début du siècle précédent. Dans sa fresque il ne semble oublier ni mépriser personne. Des vies dures, laborieuses que l'on découvre au fil des pages mais aussi des familles, des amitiés et le temps qui, simplement, passe.

La débrouillardise, la solidarité, la chaleur humaine, celle trouver par le jeune Breton auprès de la famille du Roussi, tout ça n'a pas l'air enjolivé, pas surestimé non plus. Autant de galère que de pittoresque probablement mais beaucoup de fragilité, et de force par là-même, par ces diffuses qualités humaines.

Le livre est beaucoup moins elliptique, il est même choquant. Les conditions de vie, la précarité, les conditions de travail de cette banlieue de laquelle se nourrit la grande ville. On ne sait plus vraiment où donner de la tête et l’enchaînement des scénettes documentaires est grisant mais l'objet est clair. Le progrès social, moral, est appelé avec la plus grande sincérité. Ce qui est troublant d'ailleurs c'est que l'on sent la portée historique du geste documentaire.

A la fois écœurante (industrie de la viande mais pas seulement, loin de là !) et vertigineuse expérience qui peut laisser plié en deux comme par quelques coups de poings à l'estomac, c'est quelque chose. A tel point que je suis surpris que ça puisse être si oublié. En tout cas je n'en avais jamais entendu parler...


mots-clés : #documentaire #historique #mondedutravail #social #viequotidienne
par animal
le Dim 30 Sep - 14:37
 
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Pascale Fautrier

Pascale Fautrier et son livre : Hildegarde de Bingen, un secret de naissance

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 97822210

L'ouvrage de Pascale Fautrier a bénéficié d'une documentation abondante de la part de cette universitaire mais aussi comme dit précédemment des travaux poussés de l'historien Franz Staab, ce dernier ayant débroussaillé le terrain en établissant l'origine d'une lignée noble d'Hildegarde. Pascale Fautrier précise le lignage de haute volée de cette future sainte établie Docteure de l'Eglise par le Pape  (Allemand, ce qui n'est pas anodin) Benoît XVI en 2012.
Elle se livre dans cet ouvrage à une veritable enquête historique sur les origines de la future abbesse, dénonçant les erreurs commises jusque là par les historiens qui l'ont précédée dans ces recherches, notamment Florence Pernoud qui s'était attachée à en faire une "petite abbesse" inconnue une grande partie de sa vie, faisant de son couvent des bords du rhin un lieu "obscur", Fautrier démontre  que l'abaissement de la condition sociale d'Hildegarde de Bingen par Florence Pernoud relève d'une intention hagiographique et d'héroïsation féministe, en minorant le rôle et la place d'Hildegarde elle déguise la vérité pour lui attribuer une "grandeur miraculeuse".
Ainsi de cette phrase de Florence Pernoud : "Le Pape lisant devant cette immense assemblée l'oeuvre de la petite religieuse (sic) jusqu'alors inconnue (sis), sauf de son entourage proche, c'est un spectacle surprenant". Elle démontre que le comportement de Pernoud relève d'une lutte contre l'historiographie misogyne des XIX et XX° siècles niant le fait que de grandes figures de femmes puissantes aient existé dans l'histoire. Mais cette attitude tend à minorer socialement et psychologiquement l'existence de ces femmes, on combattrait la subalternité des femmes en les transformant en des subalternes..? Rétablir la vérité, la réalité de l'oeuvre, de la vie, de la naissance, des origines de Hildegarde de Bingen tel est le principal but de ce livre.
L'oeuvre elle même d'Hildegarde est abordée, mais pour la relier à ce qui a fait d'elle ce personnage, ainsi une hypothèse : le penchant d'Hildegarde pour l'étude, la connaissance des plantes viendrait de la branche familiale d'origine Souabe (les Souabes ont été un peuple barbare animiste des IV et V° siècles, lorsque Hildegarde vivait quatre ou cinq siècles ce n'était pas grand choses, changer de mentalités à ces époques ne se faisait pas en quelques générations. Hildegarde apparentée au carolingiens, aux capétiens, aux familles du Saint Empire Romain Germanique n'avait rien à voir avec une petite inconnue de basse condition.
Ce livre nous livre une foultitude de renseignements sur cette époque contemporaine des croisades, des batailles au sein de l'église, de la naissance d'un empire germanique (dont le folklore nazi s'est par la suite inspiré)
On pourrait disserter des heures sur ce bouquin que je vous recommande de lire, surtout aux férus d'Histoire, vous ne serez pas déçus, c'est de l'histoire documentée et non romancée comme de nombreux "historiens" de notre époque se font les chantres abusifs...


mots-clés : #biographie #conditionfeminine #historique #moyenage
par Chamaco
le Jeu 27 Sep - 18:15
 
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Sujet: Pascale Fautrier
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Sebastian Barry

Des jours sans fin

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Cvt_de11

Thomas McNulty a fui la famine de son Irlande natale tout juste adolescent. Avec la terre nouvelle de l'Amérique, incarnation de son espoir de renouveau,   il va découvrir, en compagnie de John Cole, son "galant", un mode de vie qu'il va servir avec une constante loyauté -qui n'empêche pas les remises en question. Ce monde naissant, où il s'engage en tant que Tunique Bleue,  s'appuie sur la conquête de la frontière, l'extermination des bisons et des Indiens, mais aussi  la guerre de Sécession au nom de la liberté de tous. Au fil des années, des épreuves et des moments de bonheur, il cerne mieux cette Amérique, en perpétuelle évolution, ses combats ignobles ou généreux, ses habitants contrastés et ambivalents. il apprend aussi à se connaître lui-même, à prendre soin de la part féminine qui est en lui, qui ne l'empêche en aucun cas de se montrer "viril" au combat.

Thomas McNulty, dans sa naïveté, est un homme sensible et résolu, il raconte avec délicatesse les atermoiements de son âme, les interrogations de son esprit, les battements de son cœur, mais il se montre aussi, quand il est soumis à l'autorité,  dans une cruauté sans ambages, partie prenante  des massacres, des atrocités physiques et morales d'un monde en construction.

C'est un très beau western, avec ce que le western implique de nobles sentiments et de droiture. Mais il est aussi source de réflexion et plein de compassion. Contrairement aux westerns classiques, les femmes n'y sont pas que des potiches et il réfléchit sur l’identité sexuelle dans un monde pas vraiment ouvert sur ce sujet. Il ne réserve pas le beau rôle aux blancs, il dénonce implacablement la cruauté et le génocide. Il s'épanouit dans  la douceur et de la bienveillance de son personnage, plein de l'amour qui le lie à ses attachements, contraint par l'époque et le lieu à une vie de violence, qu'il s'efforce de décrypter.

Les soldats échangent quelques coups d'oeil. Personne aime voir les nombreuses armes étincelantes des Indiens. Des dagues, des pistolets. On a l'impression de rencontrer des bandits. Des types pas honnête. Leurs pères possédaient tout, et ils avaient jamais entendu parler de nous. Maintenant, cent mille Irlandais parcourent cette terre avec des Chinois qui fuient de cruels empereurs, des Hollandais et des Allemands, ainsi que des hommes de l'Est. Qui se déversent sur les chemins en hordes interminables. Chaque visage indien donne l'impression d'avoir été giflé. Plusieurs fois. Et ces têtes sombres nous observent  sous leurs mauvais chapeaux. Des vagabonds. Des hommes défaits. C'est ce que je pense.          

                                                                                                                                   

Je  suis une fois de plus extrêmement touchée par cet auteur, Sebastian Barry, sa pudeur mêlée de lyrisme, son amour de la nature et des hommes, de la part d'humanité qui est en eux, cachée derrière la violence, son respect pour la souffrance de chacun quel qu'il soit. Comment il arrive  à décrypter une certaine bonté derrière le déchaînement. Cet homme est miséricordieux, comme son héros, il parle "avec plus de chagrin que de colère". Il réussit le tour de force de  reconnaître sa valeur et sa dignité au plus obscur des personnages, se nourrissant des ambiguïtés et des ambivalences, sans pour autant pardonner l'impardonnable ou renoncer  à la dénonciation d'une extermination sauvage.

Merci Tom Léo Very Happy !                                    




mots-clés : #aventure #genocide #guerre #historique #identitesexuelle #immigration #xixesiecle
par topocl
le Mar 4 Sep - 14:46
 
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Sujet: Sebastian Barry
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James McBride

Miracle à Santa Anna

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 5546-c10

Il y avait là tous les ingrédients pour un roman de guerre passionnant, la 92ème division d'infanterie de l'armée américaine, 120 soldats noirs menés au casse pipe par leurs officiers blancs dans les derniers assauts face aux Allemands en Italie en 1944.
Quatre d'entre eux se sont perdus aux abords de Santa Anna, un village italien décimé dans l'incendie de l'église déclenché par les Allemands qui les y avaient regroupés.

Voilà donc une page historique méconnue (encore que une fois de plus, qu'est ce qui est vrai, qu'est ce qui est fiction?), avec des moments de belle douceur, d'humour candide, et de fantaisie poétique. Seulement le récit est assez chaotique, je n'ai pas toujours compris qui est qui, qui va où, quels mouvements les troupes opèrent. Ceci passerait à la rigueur, mais le parti pris de rédemption par l’innocence est une vraiment grosse ficelle tout au long du livre, innocence portée par le bon soldat noir benêt mais plein d'amour, le frêle enfant sauvé des balles ennemies et les si braves paysans italiens .

C'est au final plein de bons sentiments et pas très crédible, car malgré la guerre et les obus, l'amour triomphe, un peu trop naïvement.

Récup 2015

mots-clés : #deuxiemeguerre #historique
par topocl
le Sam 4 Aoû - 8:34
 
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Sujet: James McBride
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Emmanuel Dongala

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Sonate10

La sonate à Bridgetower

"Au début de l’année 1789 débarquent à Paris le violoniste prodige George Bridgetower, neuf ans, et son père, un Noir de la Barbade qui se fait passer pour un prince d’Abyssinie. Arrivant d’Autriche, où George a suivi l’enseignement de Haydn, ils sont venus chercher l’or et la gloire que devrait leur assurer le talent du garçon."

Emmanuel Dongala nous raconte l'arrivée d'un fils et son père, à Paris, à la veille de la révolution, puis leur départ précipité à Londres. Ces personnages auquels il redonne vie ont existé, le jeune enfant a marqué son temps par son talent, et ce roman , tout en restituant, sans doute très soigneusement, une époque, nous permet de mesurer la chance de ce destin individuel , au coeur des usages esclavagistes que l'occident pratique alors. Il nous y introduit via le regard paternel, puis dans une seconde partie, via le regard de l'enfant devenu jeune homme. Ce procédé donne la primauté à un ton doux, simple.

La langue de Dongala est  empreinte d'une sorte de fausse naïveté qui m'a rappelé les tons de lecture de mon adolescence, un roman à conseiller , donc, dés un jeune âge adulte.
Le plaisir musical accompagne la lecture, mais c'est je crois surtout l'aspect historique , bien planté, qui apportera aux lecteurs. En restant très concentré sur le parcours du duo familial, on apprend beaucoup pourtant, on imagine, en fait, très bien. Dongala sait planter l'image , en modeste manière, mais sûre. Il nous rappelle aussi que la société occidentale a su accueillir l'altérité culturelle, déjà à l'époque, et malgré l'omniprésence des à prioris, et rend hommage, aussi , au jeune Georges Bridgetower.

mots-clés : #creationartistique #esclavage #historique #revolution
par Nadine
le Dim 22 Juil - 18:29
 
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Sujet: Emmanuel Dongala
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Arthur Schnitzler

Vienne au crépuscule

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Proxy_21

Nous sommes dans les salons viennois de la fin du XIXème siècle, les salons où l'on cause, où l'on brille. Toute cette superficialité pare "agréablement" l'écrasante victoire d'une caste arrogante (je m'y suis beaucoup perdue, dans les 150 premières pages, impossible de savoir qui est qui dans cet entrecroisement mondain d'Ehrenberg, de Nurnberger, d'Oberger).

Les juifs, sourire crispé ou rictus effrayé, aveugles ou clairvoyants, mais humiliés toujours, croient encore (pour certains) pouvoir échapper à leur sort par l'assimilation ou le sionisme. Les femmes papillonnent, les jeunes filles attendent le mari, les jeunes hommes, libérés des soucis matériels, écrivent ou composent, voyagent (ah ! Le voyage en Italie !), prennent les femmes comme d'aimables êtres jetables : les utilisent, les échanges, les négligent, les abandonnent…

Bien des façons de se livrer à ce petit jeu : avec la distinction forcenée du jeune Georges von Wergenthin , Monsieur le Baron, avec l'ironie mordante et désespérée  de Nurnberger, avec le désespoir défaitiste et égocentré de Bermann. Tous se cachent derrière leur bons mots, leur haute opinion d'eux-mêmes, leurs hautes aspirations. Quel égoïsme, quelle autosatisfaction (mon dieu, que la vie leur est compliquée!). Ce sont d'infâmes mâles imbus d'eux-mêmes, persuadés de leur bon droit et de leur raffinement.

C'est assez bavard et souvent ennuyeux, et ma lecture fut laborieuse, mais il y aussi de bons moments, et peu à peu s'est dévoilée une réflexion sur la destinée au sein de cette  société infatuée qu'on voudrait agonisante.  Le décorticage méticuleux  de la nature humaine et notamment masculine finit par déclencher un certain dégoût. Ces homme sont des porcs croisés de paons : parés,  artistes et intellectuels, c'est à dire soi-disant pensants et pleins de sensibilité, ils  se délectent dans une perpétuelle introspection déculpabilisante, qu'ils croient raffinée, mais qui est  en fait bornée, condescendante  et  auto-satisfaite.


Mots-clés : #antisémitisme #conditionfeminine #culpabilité #historique #initiatique #lieu #psychologique #xixesiecle
par topocl
le Sam 30 Juin - 16:30
 
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Sujet: Arthur Schnitzler
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Charif Majdalani

L'empereur à pied

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Proxy_17

Pourtant, depuis que j'avais entendu cette histoire racontée par mon père qui la tenait de Chehab Jbeibi, je le l'avais si souvent imaginée, réélaborée, tournée  et  retournée dans ma tête, qu'elle avait acquis force de loi à mes yeux. Elle était devenue indiscutable, j'y croyais comme on croit aux légendes, aux choses lointaines dans le temps autant que dans la géographie et qui n'ont pas la même logique que ce qui nous entoure immédiatement, ce qui semble correspondre aux lois de la raison.


En un siècle et demi, le Liban, de terre ancestrale légendaire est devenu un lieu de luttes économiques, géo-politiques  et religieuses impitoyables. Au fil des décennies, chez les Jbeili, si la noblesse s'est perdue au passage, l'âpreté au gain, la vénalité et l'autoritarisme sont bien les mêmes. C'est bien ce qu’illustrent les 5 générations de cette famille , dont le patriarche, venu de nulle part avec ses trois fils, a commencé en défrichant des terres hostiles . Ses descendants devenus négociants font fructifier un pactole acquis pas toujours honnêtement, mais subissent aussi la loi dictée par l'ancêtre: seuls les aînés peuvent se marier, et enfanter. Les cadets seront donc des personnages qui vont compenser la stérilité de leur vie intime par le rêve, l'aventure, le nomadisme. Et de l'autre côté, le commerce se déploie, l'héritage fructifie, par des moyens nobles et moins nobles.

À partir de moi, le passé devient légende et pourra être défait. Et une autre histoire pourra commencer.


Cette histoire, cette tradition familiale,  est racontée par divers narrateurs de la famille, comme un conte ensorcelant, au fil de longs monologues sous d'élégantes vérandas. Ce sont des récits plaisants, des héros fascinants, des destinées hors pair. Comme dans toute légende, les versions officielles ou officieuse, peuvent varier,  et rien n'est vraiment sûr, le récit s'offre aux suppositions et à la rêverie. Ce qui est sûr c'est cette malédiction qui transfigure les générations, c'est cet appât de puissance, financière ou aventureuse qu'ils partagent tous. Ce qui est sûr c'est le désastre final d'un pays dévasté par la guerre, la corruption, l'avidité.

L'entropie est  partout, le monde se défait, la laideur gagne à toute allure.



mots-clés : #famille #historique #traditions
par topocl
le Sam 23 Juin - 14:47
 
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Sujet: Charif Majdalani
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Sebastian Barry

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Produc10

Des jours sans fin

Sebastian Barry suit la trace de Thomas McNulty, jeune adolescent irlandais parcourant une Amérique à la fois démesurée, fascinante et destructrice. Son amitié amoureuse avec son compagnon d'aventures John Cole offre une stabilité affective et les rencontres effectuées sur leur chemin, reflets d'une fragilité du roman, semble esquisser la perspective d'un apaisement.

La beauté du roman se révèle à travers ce contraste permanent entre une dimension humaniste épurée et la violence sourde, terrifiante d'une histoire en marche. Des guerres indiennes lors de l'avancée vers l'Ouest à la guerre de Sécession, la vie apparait nouée à un traumatisme existentiel invisible et pourtant omniprésent. Mais même la brutalité dévastatrice des combats ne peut effacer les promesses d'un avenir éclatant, qui se révèle dans l'écriture par une expression lyrique et passionnée, et une attention omniprésente à l'autre, jusque dans ses souffrances et ses blessures.


mots-clés : #aventure #historique #initiatique #violence
par Avadoro
le Jeu 21 Juin - 10:35
 
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Sujet: Sebastian Barry
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Samuel Aubin

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Pommie10

Le Pommier rouge d'Alma-Ata


Originale : Français, 2017

CONTENU :
4ème de couverture a écrit:"Alma-Ata, capitale de la République socialiste soviétique du Kazakhstan, se trouve ici à la croisée de plusieurs histoires. Elle berce les espoirs et nourrit les rêves du jeune Tchinguiz, soldat soviétique qui s'éprend d'une résistante française dans le maquis du Tarn. Elle fascine Nurlan, petit-neveu de Tchinguiz, qui découvre cette ville-forêt en 1991 alors qu'autour de lui l'URSS s'effondre. Il y rencontre l'attrayante Alicia qui prétend venir d'un futur où le stade suprême du communisme a été atteint. L'intrigue de ce roman fait ressurgir un épisode oublié de la seconde guerre mondiale : l'engagement de " Mongols " – soldats soviétiques d'Asie centrale – tant dans la Résistance française que dans l'armée allemande, qui donna parfois lieu à des luttes fratricides. Elle suit également l'évolution du jeune Nurlan, confronté à l'effacement de l'URSS qu'il vénère, à la disparition d'une façon de vivre et d'envisager le monde.


REMARQUES :
Alma-Ata (aujourd’hui Almaty), capitale du Kazakhstan soviètique au temps de l’effondrement inimaginable et craint en 1991. Image d’une Union soviètique « internationale », réunissant en elle diverses nationalités et une forme d’idée de progrès ! Bon à retenir pour nous comment cet effondrement était vécu de l’intérieur. Je trouve assez remarquable qu’Aubin y réussit sans se faire propagandiste !

Le jeune Nurlan de la campagne rend la première fois visite à son oncle Tchinguiz en ville, et découvre dans ce personnage vénéré son histoire à lui. Les pommes qu’il cultive, en fait sont issues d’une pomme ramenée de la France où il avait été lors de la Grande Guerre. Fait prisonnier par les Allemands quelque part sur le front de l’Est, il fût envoyé comme ouvrier de guerre dans une mine dans le Tarn. Il réussit de s’enfuir et de rejoindre la réistance (communiste) et une brigade soviètique. Cela reprend des faits historiques souvent ignorés : il y avait vraiment en France 120000 Soviétiques en 1942-44 ! Il tombera amoureux de Gabrielle, et ils vivront une histoire d’amour… La fin de la guerre voit le rappel au pays des Soviètiques. Au dernier moment il leur sera interdit que Gabrielle enceinte l’accompagne sur le bateau…

Ce roman n’est pas seulement un d’amour, mais aussi de moments historiques bouleversants, soit à la fin de la guerre, soit à la fin de l’Empire soviétique. Moments de décisions impossibles, de ruptures, de compromissions, de tensions, voir de luttes fratricides. Aubin nous rend proche un pan de l’histoire des années 40, mais aussi de l’effondrement de l’URSS, vécu dans l’incompréhension totale par une grande partie de la population ou de scissions.

Un très bon premier petit roman qui excelle sous plusieurs registres !


mots-clés : #deuxiemeguerre #historique #regimeautoritaire
par tom léo
le Ven 15 Juin - 10:02
 
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Sujet: Samuel Aubin
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Jacques Attali

Tag historique sur Des Choses à lire - Page 9 Tylych14

1492 de J. Attali

J'ai emprunté ce livre il y a quelques mois à la médiathèque, mais n'ai pas reussis à le finir, trop de boulot, une envie de le lire, avec attention , toujours frustrée : bref, je l'ai rendu à la médiathèque et le mentionne donc ici mais avec une non-exhaustivité de sa découverte.
C'est un livre non romanesque assez passionnant, qui scanne les forces en place, au XVeme siècle, en Europe, mais aussi sur les autres continents. Il a l'extrême avantage de développer une lecture macrocosmique de ce temps, et cela m'a énormément intéressée. Quelques idées retenues, lignes de forces  et thèses de l'auteur :

- que l'occident à cette époque refonde sa propre historiographie, avec la volonté du pouvoir, tenu par l'Eglise, de créer le mythe d'une civilisation ouest-europeenne, d'une histoire de la Chrétienté déplacée de l'axe Proche-Oriental vers Rome. D'oublier en somme la première partie de l'histoire chrétienne et de fonder les pilers d'une nouvelle église.
L'occasion de commenter tous les problèmes que l'église avait à cette époque, entre pouvoir d'Orient et pouvoir Romain. Aspect passionnant, j'ignorais totalement ces aspects.

- L'occasion de détailler comment les bases du libéralisme actuel se met en place dans les échanges marchands internationaux, l'état des civilisations Africaines, Américaines et asiatiques à ce moment là.(Passionnant et aussi des chapitres ou mes lacunes sont colossales) On comprend assez bien que l'Occident construit ses monopoles mais sur des bases alors loin d'être acquises. C'est la construction d'un nouvel ordre du monde qu'Attali essaie de brosser. Un monde pour la premiere fois tourné vers une économie du type de la nôtre actuelle, selon lui.

J'ai lu le livre de Matt Cohen (ICI) dans la volonté de prolonger cette lecture -ci. Et ai lu ce livre -ci suite à la lecture de Retour à Sépharad de Pierre Assouline, car il m'avait fait découvrir tout un champ du XVeme siecle , politique, religieux.(Fil à venir ce week end). Tombant sur 1492, c'était une aubaine pour approfondir une toute fraiche conscience.

Je viens de trouver à Emmaus un essai d'Attali appelé "Urgences françaises", qui veut analyser l'état du pays et les réformes à y introduire d'un point de vue géopolitique, cela m'a semblé donner écho à ce qu'il comprend du tournant de 1492, aussi je vais le lire aussi. Je pense qu'il tire parti de sa lecture des civilisations déclinantes ou prosperantes au XVeme pour poser sa critique d'aujourdhui. J'aime bien ce niveau de vision, très large, car ce n'est pas évident d'englober les mouvements societaux dans le présent. On va donc voir ce qu'il en dit.
Ses analyses sont plutôt extrèmement impartiales, dans 1492, une qualité qui m'a éblouie sur son érudition. Dans l'essai "Urgences françaises", que j'ai commencé, on sent davantage des visions personnelles, ce qui va rendre aussi passionnante la lecture, je vais sans doute découvrir davantage sa personnalité au delà de l'érudit. Je suppose qu'il a ses détracteurs, mais pour 1492 je vous assure que c'est un pur morceau de culture, sans parti pris, les analyses sont argumentées, c'est un travail d'historien à mon avis, et non un essai, finalement.




mots-clés : #economie#essai #historique
par Nadine
le Sam 2 Juin - 12:10
 
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Sujet: Jacques Attali
Réponses: 71
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